[MàJ 17 heures] La cour d'assises de Nouvelle-Calédonie vient de rendre son verdict.

Olivier Pérès a été reconnu coupable d'assassinat. La cour a rejeté la légitime défense soulevée par l'accusé. Les jurés ont en revanche retenu l'altération du discernement.

Le docteur a été condamné, à la majorité absolue des voix, à une peine de vingt ans de réclusion.

Olivier Pérès et ses avocats ont à présent dix jours pour faire appel de cette décision.

[MàJ 15 heures] 

C’est toujours ainsi dans notre système judiciaire. La défense a la parole en dernier.

Après que l’avocat général Christian Pasta a requis dix-huit ans de réclusion criminelle à l’encontre d’Olivier Pérès pour l’assassinat d’Éric Martinez, en septembre 2018 sur le golf de Tina, l’avocat de la défense a rejeté en bloc la théorie de la préméditation.

Le conseil M^e Loïc Henriot a d’abord demandé à la cour et aux jurés de juger "à hauteur d’homme, les pieds dans la réalité" avant de reconnaître que l’ancien chirurgien du Médipôle était "énervant", "pénible mais il veut vous convaincre de ce qu’il a vécu, de ses moments de vie. Je lui ai dit, j’ai failli ne pas venir à cause de ce livre".

L’avocat a demandé à ceux qui vont délibérer sur le sort de son client "de ne pas coller l’étiquette d’assassin sur son front. On l’appelle le diable, on vous dit qu’il a tout manigancé, qu’il a délibérément trompé tout le monde pendant quinze jours. Lui, le mari jaloux au point d’organiser l’assassinat d’Éric Martinez ?".

Tout le contraire pour la défense car l’accusé était "intoxiqué" par la victime. "La personnalité d’Éric Martinez, ce qu’il a créé comme personnage auprès d’Olivier Pérès, est au cœur du dossier", a insisté M^e Henriot, insistant sur "la relation de domination et d’emprise malsaine d’Éric Martinez sur Olivier Pérès". Une relation qui a fini par provoquer "un effondrement narcissique" chez le médecin qui n’a "pas eu de haine ou de colère" mais la sensation d’être "confronté à un ogre, à un colonel des forces spéciales".

Au cours de sa plaidoirie, la défense a écarté la préméditation en prenant de nombreux exemples. "Olivier Pérès sentait la peur, il se sentait menacé, il n’a pas pu feindre la terreur. Vous imaginez le diabolique de cet homme qui aurait tout monté depuis le début ? Il appelle ses proches mais ce n’est pas un stratagème pour se préconstituer des preuves de menaces après le passage à l’acte. Il suit les instructions de sa famille, de ses amis, il écrit au procureur de la République. Vous pensez qu’il fait cette lettre en se disant 'voilà un nouvel élément' en ma faveur. Il n’ourdit pas une vengeance. Ce n’est pas un cheminement criminel mais un appel à l’aide. Et si c’était le tireur implacable qui a tout orchestré pendant des semaines, comment m’expliquez-vous qu’il dise devant la police qu’il a tiré quinze jours avant dans la mangrove, qu’il va attendre dix minutes chez lui. Autant d’éléments qu’il aurait pu taire car ils peuvent être perçus comme une préparation".

M^e Henriot a une certitude, "Olivier Pérès a fondu psychologiquement. Il y a cru à fond au personnage d’Éric Martinez et cette croyance a entraîné la peur qui l’a fait déraisonner", appelant ensuite la cour à retenir la légitime défense et l’altération du discernement et à juger Olivier Pérès "comme si c’était un frère, comme si c’était sa propre chair".

Invité à s’exprimer une dernière fois avant la clôture des débats, Olivier Pérès a préféré garder le silence.