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  • Baptiste Gouret | Crée le 12.09.2024 à 16h58 | Mis à jour le 12.09.2024 à 17h04
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    Sonia Backès et Gil Brial ont défendu leur décision de fermer le collège de Rivière-Salée à partir de la rentrée 2025, ce jeudi 12 septembre lors de l’assemblée de province. En cause : le coût "insoutenable" des travaux pour reconstruire l’établissement, Photo Baptiste Gouret
    Les caisses de la collectivité ne permettent pas de financer les 750 millions de francs nécessaires à la reconstruction de l’établissement, a défendu l’exécutif ce jeudi en assemblée de province. Pour les élus d’opposition et des habitants présents ce matin, ce choix est plus politique que financier et risque d’accroître les inégalités dans ce quartier déjà durement touché par la crise.

    L’annonce avait été faite il y a un mois, elle vient d’être officialisée ce jeudi 12 septembre, en assemblée de province Sud, par un vote à la majorité des élus : le collège de Rivière-Salée, incendié et vandalisé aux premiers jours de la crise, fermera ses portes à la rentrée 2025. D’ici là, les 387 élèves de l’établissement poursuivront leur scolarité dans la même configuration que ces dernières semaines : les 6e et les 5e suivront les cours dans le seul bâtiment intact du collège, tandis que les 4e et les 3e finiront l’année scolaire à l’école Arsapin voisine. Ils seront redirigés vers le collège de Portes de Fer à la rentrée 2025.

    Une décision difficile mais "inéluctable", selon l’exécutif provincial, qui s’est longuement expliqué ce jeudi matin sur cette mesure décriée. "Sur les 21 collèges que nous possédons en province Sud, on a recensé plus d’1,6 milliard de dégâts. Celui de Rivière-Salée représente, à lui seul, 738 millions de travaux", a détaillé Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud en charge de l’éducation.

    Un coût "insoutenable"

    Trois bâtiments ont été entièrement incendiés et doivent être rasés. Le quatrième, seul à avoir été épargné, aurait dû être détruit dans le cadre de la rénovation programmée de l’établissement. Dans le contexte de crise actuel, et alors que la province Sud vient d’acter une nouvelle réduction de 4 % de son budget (lire plus loin), ce coût de reconstruction est "insoutenable" pour la Maison bleue, a assuré Gil Brial. L’aspect financier n’a pas été le seul argument développé par l’exécutif pour justifier son choix. Les perturbations qu’auraient représentées ces travaux pour les professeurs et les élèves a également été mis dans la balance.

    Dernier raisonnement que la province Sud oppose à cette reconstruction : la chute continue du nombre d’élèves ces dernières années. "La province Sud a perdu 522 élèves de collège entre 2020 et 2024. Depuis le 13 mai, 1 670 ont quitté le territoire", a dévoilé le deuxième vice-président. D’une capacité de 900 places, le collège de Rivière-Salée accueillait seulement 387 élèves avant le déclenchement des violences. "On peut tous les accueillir ailleurs dans de bonnes conditions", a garanti Gil Brial.

    Demande d’ajournement rejetée

    Un ensemble d’éléments qui n’a pas véritablement convaincu dans les rangs de l’opposition. "Qu’est-ce qui nous empêche de prendre un peu plus de temps pour décider de fermer ce collège ?", a interrogé Philippe Michel (Calédonie ensemble). "La rentrée 2025 s’organise maintenant, il faut préparer le personnel, nous ne pouvons pas attendre", a répondu Gil Brial.

    "On ne peut pas fermer un collège comme on ferme la porte d’un bureau", a repris Annie Qaeze (Calédonie ensemble), avant de demander un ajournement du projet de délibération, le temps qu’une commission plénière soit constituée et se déplace sur le site pour étudier un éventuel plan de reconstruction du collège. Une requête rejetée dans la foulée par la majorité des conseillers provinciaux. Pour Calédonie ensemble, la décision de fermer le collège de Rivière-Salée est d’autant plus scandaleuse que la province Sud avait prévu, bien avant la crise, de rénover l’établissement "pour un montant de 738 millions de francs sur une durée de cinq années", a signalé Annie Qaeze. "Ces 738 millions inscrits au PPI [plan pluriannuel d’investissements NDLR] devaient servir à l’ensemble des établissements de la province, pas simplement au collège de Rivière-Salée", a rectifié Gil Brial.

    "Fragiliser tout un quartier"

    "Certains quartiers méritent de profiter de ce temple de la cohésion et du lien social que représente un collège, a dit Milakulo Tukumuli (Éveil océanien). Nous considérons que dans ces quartiers populaires, il faut maintenir ces établissements", a souligne l’élu, qualifiant la décision de l’exécutif provincial de "choix politique" et non pragmatique. Présent dans le public lors de l’assemblée, Francis Maluia, président du collectif Solidarité Rivière-Salée, a regretté une décision qu’il juge précipitée. "Sur ce genre de sujets, il faut prendre de la hauteur et trouver le temps nécessaire, a-t-il réagi après le vote des élus. C’est une décision qui semble peut-être rationnelle sur le plan financier, mais pas du tout sur le plan social."


    Francis Maluia, président du collectif Solidarité RS, regrette la décision de l’exécutif provincial de fermer le collège de Rivière-Salée. Il était présent ce jeudi matin à l’assemblée de province, avec une pétition signée par 800 habitants du quartier contre cette décision. Photo Baptiste Gouret

    Mardi 10 septembre, deux jours avant l’assemblée provinciale, lui et des membres du collectif ont été reçus par Gil Brial pour discuter de ce projet de fermeture, sans réussir à convaincre le vice-président de la province Sud de la nécessité du maintien d’un collège dans le quartier, malgré les 800 signatures collectées contre ce projet. "On ne demandait pas une reconstruction à l’identique, on aurait pu fonctionner au départ dans des constructions modulaires comme à Dumbéa-sur-Mer." La réorientation des élèves vers le collège de Portes de Fer, situé à 4 km, inquiète les habitants, persuadés que cette distance participera à l’échec scolaire de leurs enfants. "Un collège, ça fait partie du socle de notre société, note Francis Maluia. Le fermer, c’est déstructurer et fragiliser tout un quartier."

    Le budget en baisse de 2,6 milliards

    Après un premier ajustement en juillet, la province Sud continue d’adapter son budget aux conséquences de la crise déclenchée le 13 mai. Ce jeudi en assemblée, les élus ont adopté une décision modificative pour diminuer de 2,6 milliards, soit 4 %, le budget de la province pour l’exercice 2024. "Les finances de la province Sud sont dans une situation catastrophique, il nous faut gratter jusqu’à l’os pour trouver les fonds nécessaires afin de payer les employés, et nous devons faire des sacrifices partout", a exposé Philippe Blaise, premier vice-président en charge du budget.

    Licenciements à venir

    La conséquence d’une perte de recettes fiscales de 10,9 milliards, consécutive à la nouvelle répartition de l’assiette fiscale décidée par la Congrès pour faire face à la crise. Ainsi, les dépenses de fonctionnement de la province Sud seront réduites de 11 %. "Il y aura des licenciements", prévient Philippe Blaise. Des organismes publics et des associations liées à la province Sud seront touchés par ces conséquences, à l’image de l’Observatoire de l’environnement, récemment mis en sommeil faute de fonds.

    Le budget de la province Sud pour l’exercice 2024 a donc été rapporté à 77,5 milliards, dont 26,8 milliards en section d’investissement et 50,7 milliards en section de fonctionnement.

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