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    Environnement
  • Anthony Tejero | Crée le 11.01.2024 à 05h00 | Mis à jour le 11.01.2024 à 05h00
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    Fin décembre, l’ANCB a entamé une nouvelle campagne d’élimination des acajous amers au Mont-Algoué. Photo ANCB
    Stopper la progression de l'acajou amer tant qu'il en est encore temps. C'est tout l'enjeu des récents chantiers d'élimination de cet arbre exotique envahissant qui menace la biodiversité locale et plus particulièrement les forêts sèches. Des campagnes qui ont pour but de cantonner la présence de cet arbre à l'agglomération du Grand Nouméa. 

    Connaissez-vous le point commun entre l’acajou amer et les cerfs ? Ces espèces ont toutes deux été introduites à la fin du 19e siècle par le même homme : Adolphe Boutan, ingénieur agronome à la ferme modèle de Yahoué, dont la vocation était d’expérimenter différentes cultures sur le Caillou. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que tous deux ont proliféré dans le pays.

    Si l’invasion des cervidés est rapidement devenue incontrôlable, celle des acajous amers peut encore être enrayée. C’est pourquoi les institutions, province Sud et Agence néo-Calédonienne de la biodiversité (ANCB) en tête, ont décidé d’unir leurs efforts pour prendre ce sujet à bras-le-corps. Mais pourquoi cet arbre tropical originaire d’Amérique, également appelé cedrela odorata, est-il jugé indésirable en Nouvelle-Calédonie ?

    Un ennemi de la forêt sèche

    L’acajou amer figure aujourd’hui sur la liste des 68 espèces exotiques envahissantes prioritaires, notamment à cause de sa capacité à disséminer ses graines.

    "Cet arbre prend vite place dans les zones perturbées, notamment sur les bords de route et dans les lieux où il y a suffisamment de soleil. Le problème, c’est qu’il est également présent dans les reliques de forêt sèche, explique Patrick Barrière, le coordinateur du pôle menaces de l’ANCB. Au sein de ces espaces à forte valeur environnementale, c’est une espèce assez compétitive qui se développe rapidement et qui va remplacer les espèces natives et endémiques, ce qui va bloquer également la régénération naturelle des forêts sèches."

    Or cet écosystème unique au monde est également l’un des plus menacés de la planète. Ces forêts, qui jouent un rôle primordial pour la ressource en eau ainsi que contre l’érosion, se sont réduites comme peau de chagrin. Alors qu’elles recouvraient un quart du pays avant le peuplement du Caillou, soit 4 500 km2, il ne subsiste aujourd’hui que quelques fragments, représentant 2 à 3 % des surfaces originelles (soit un total de 175 km2).

    "Il ne reste que des patchs, c’est-à-dire des îlots de forêt de petite taille, isolés les uns des autres, qui sont donc beaucoup plus vulnérables aux invasions biologiques comme celle de l’acajou amer, poursuit Patrick Barrière, exemples à l’appui. Le cedrela odorata a plusieurs particularités. Tout d’abord, cet arbre produit des substances dans ses racines qui empêchent certaines autres essences de germer dans un périmètre donné tout autour du tronc. Son autre caractéristique remarquable, c’est que l’espèce est réputée pour être très inflammable et pour faciliter ainsi la propagation des incendies."

    Autant d’arguments qui ont donc poussé les autorités à se lancer depuis deux ans dans des chantiers de recensement des populations existantes, puis d’éradication de l’arbre afin d’en stopper sa progression. Actuellement, l’acajou amer, qui peut atteindre jusqu'à 40 mètres de hauteur, est majoritairement présent dans une zone de 1 000 hectares autour de Yahoué, où ont été plantés les premiers arbres.


    250 spécimens ont été recensés dans les zones "dites satellites", en dehors du foyer principal. Source ANCB

    Sauf que l’espèce gagne de plus en plus de terrains dans le Grand

    Nouméa, avec quelques spécimens implantés jusqu’au col de la Pirogue (le plus au nord) ainsi qu’à Tina et dans le secteur de Boulari (le plus au sud), soit une surface totale de 7 000 hectares.

    Cantonner sa présence au Grand Nouméa

    C’est pourquoi, l’ANCB vient de mener un nouveau chantier au Mont-Algoué, au Mont-Dore, l’un des onze sites jugés prioritaires où éliminer ces populations "dites satellites" afin de cantonner cette espèce indésirable à son secteur initial d’implantation aux alentours de Yahoué, faute de pouvoir le rayer définitivement de la carte.

    "Aujourd’hui, compte tenu du nombre d’individus présents, il est assez peu réaliste de parvenir à une éradication totale, juge bon de préciser Patrick Barrière. En revanche, il est encore temps de limiter son implantation pour empêcher qu’il ne gagne les autres régions de la Grande Terre." Un travail à l’image des récentes campagnes d’élimination des bulbuls à ventre rouge menées à Boulouparis et dans le Grand Sud, qui ont (pour l’heure du moins) réussi à empêcher l’invasion de cet oiseau exotique en Brousse.

    Comment reconnaître l'acajou amer ? 


    Écorçage et produits phytosanitaires


    Les agents écorcent une partie de l’arbre avant d’utiliser du colorant pour marquer les arbres en cours de traitement.

    Lors de la dernière campagne d’élimination menée au Col de Tonghoué, à Dumbéa, le bilan de l’abattage des arbres s’est révélé peu probant, puisque les agents ont constaté quelques mois après "une reprise importante de la croissance et de rejets".

    C’est pourquoi, l’ANCB s’est résignée à utiliser un produit phytosanitaire, "dilué à 20 %" sur les spécimens présents au Mont-Algoué pour augmenter les chances de réussite de l’opération.

    "L’objectif est de tuer l’arbre progressivement avec ses branches qui vont tomber petit à petit et sans que l’arbre ne s’abatte d’un coup sur le sol. Cette méthode permet également d’éviter de détruire les espèces natives présentes tout autour, assure Patrick Barrière. La prochaine étape sera de revenir sur place afin de s’assurer que l’ensemble des spécimens sont morts. Si ce n’est pas le cas pour certains arbres, nous ferons un nouveau traitement."

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