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    France
  • Alexandra LESIEUR / AFP | Crée le 09.06.2024 à 14h00 | Mis à jour le 09.06.2024 à 13h59
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    À marée basse, apparaît un bloc de béton à Arromanches-les-Bains, une des plages du débarquement. Il s’agit d’un vestige du port de Mulberry, composé de routes flottantes et de têtes de jetée qui montaient et descendaient avec la marée. Photo Joël SAGET / AFP
    La France a célébré pendant trois jours les 80 ans du débarquement des forces alliés en Normandie. A cette occasion, les Nouvelles vous proposent une série d’articles qui retracent les événements qui se sont produits autour du 6 juin 1944. Aujourd’hui, les quelque 150 bateaux et autres chars qui reposent au fond de l’eau font le bonheur des plongeurs.

    Le Courbet, Centurion, Grief… Ces bateaux de guerre français, anglais ou allemand reposent depuis 80 ans au large de la Normandie. Paradis des plongeurs, quelque 150 épaves méconnues du grand public sont aujourd’hui protégées et répertoriées en vue de leur inscription à l’Unesco avec les plages du Débarquement.

    "De par le nombre de sites concernés et leur variété, il n’y a pas d’évènement historique aussi bien représenté par ces vestiges sous-marins", souligne Cécile Sauvage du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines du ministère de la Culture (Drassm).

    "Ils ne sont pas tous bien conservés mais très variés et très représentatifs des moyens utilisés pendant le Débarquement", détaille cette archéologue en charge de leur inventaire ces dix dernières années.

    Un musée des épaves

    Sur 2 000 km2, environ 120 destroyers, dragueurs de mines, remorqueurs, caissons des ports artificiels, barges et passerelles pour débarquer troupes et matériel sur les plages… ainsi qu’une trentaine de chars amphibies font aujourd’hui le bonheur des plongeurs.

    Ils peuvent ainsi explorer les restes de l’Empire Broadsword. Ce cargo britannique pour le transport des soldats et des barges a heurté en juillet 1944 deux mines au large d’Omaha Beach, faisant sept morts et 170 blessés.

    Au fond de la Manche s’ajoutent les bateaux torpillés et ceux, hors d’usage, coulés pour servir de brise-lames. Ces protections artificielles, appelées "blockships", permettaient de débarquer le matériel plus facilement.


    De nombreux navires de guerre français, britanniques et allemands jonchent les fonds marins depuis 80 ans au large des côtes normandes. Photo Imperial War Museum / AFP

    Dès l’hiver 1944, le nettoyage des cinq plages du Débarquement débutent. Des entreprises anglaises, belges ou autres s’installent de Sainte-Mère-Eglise à Ouistreham pour prélever cuivre, laiton ou bronze dans les chaudières et les condenseurs de navires.

    Ils sont renfloués et détruits sur la plage ou envoyés à l’étranger, les plus grosses pièces restent au fond de l’eau où elles sont découpées. Des millions de tonnes de ferraille finissent dans les hauts fourneaux de Caen, mais aussi de Belgique et d’Angleterre.

    Une fois les plages rendues aux estivants qui peuvent encore trouver aujourd’hui un obus rouillé ou le reste d’une barge dans le sable, les ferrailleurs s’éloignent de la côte pour démanteler d’autres épaves.

    Quelques-uns comme Gabriel Serra commencent à conserver des pièces. Pris au jeu, ils deviennent de véritables collectionneurs à tel point que Jacques Lemonchois finit par ouvrir un musée des épaves sous-marines du Débarquement à Commes, près de Bayeux.

    Chars, torpilles, baignoire…

    Il a remonté, couverts de vase, remorque de char, torpilles allemandes, mitraillettes, sextant, antenne de réception de radar… mais aussi de nombreux objets de la vie quotidienne comme des bouteilles de bière, vêtements, brosse à dents ou baignoire.

    Dans un char étaient conservés les chaussures et autres objets appartenant au pilote John Glass. Le ferrailleur le retrouve aux Etats-Unis et ce dernier viendra revoir son char au musée à qui il léguera divers effets personnels.

    En s’intéressant à ces navires, "les ferrailleurs ont permis d’identifier les épaves. Ce qui n’était pas évident car une fois ferraillées, elles ne ressemblent plus à grand-chose, alors que celles de 14-18, plus au large, sont belles à visiter", explique Jean-Luc Marchais à Courseulles-sur-Mer. Cet ancien scaphandrier a travaillé avec Jacques Lemonchois jusqu’à la fin du ferraillage au début des années 1990.

    Bientôt disparues

    Le club Caen Plongée s’intéresse ensuite aux épaves, avant de poursuivre cet inventaire avec la Drassm. Sur cette base, la France candidate en 2018 pour l’inscription des épaves et des plages attenantes sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

    Elle déposera en janvier un dossier plus complet, réalisé par la région Normandie, en valorisant ces vestiges : des fiches descriptives de 21 épaves (https://archeologie.culture.gouv.fr/epaves-debarquement/fr/fiches-epaves...), des vidéos de certains sites (https://www.youtube.com/@ProjetAMI)…

    Car le temps presse. Affaiblies après avoir été découpées par les ferrailleurs, ces épaves finissent par s’effondrer, emprisonnant obus, munitions et divers objets qu’il est interdit de prélever, ainsi que des restes humains.

    "C’est important d’étudier ce patrimoine maintenant, prévient l’archéologue Cécile Sauvage. Les épaves métalliques subissent la corrosion et ne seront plus là dans quelques décennies."

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