- A.F.P avec A.T. | Crée le 03.12.2024 à 07h38 | Mis à jour le 03.12.2024 à 07h42ImprimerLe Premier ministre Michel Barnier a été nommé le 5 septembre dernier par Emmanuel Macron. Photo AFP / Alain JocardLe fragile gouvernement de Michel Barnier n’a probablement plus que quelques jours à vivre. Le Premier ministre a été contraint, ce lundi, d’engager sa responsabilité sur le budget de la Sécurité sociale, un premier 49.3 synonyme de motion de censure et sans doute de chute, puisque la gauche et le RN ont annoncé qu’ils la voteraient à l’unisson. Un scénario qui pourrait avoir de lourdes conséquences jusqu’en Nouvelle-Calédonie.
L’adoption par l’Assemblée nationale d’une telle motion de censure serait une première depuis le renversement du gouvernement de Georges Pompidou en 1962. Le gouvernement Barnier deviendrait alors le plus court de l’histoire de la Ve République.
"Nous sommes parvenus désormais à un moment de vérité qui met chacun devant ses responsabilités. C’est maintenant à vous […] de décider si notre pays se dote de textes financiers responsables, indispensables et utiles à nos concitoyens. Ou alors si nous entrons en territoire inconnu", a déclaré Michel Barnier devant l’Assemblée nationale.
"Déshonneur et censure"
Le Premier ministre de 73 ans, nommé par Emmanuel Macron le 5 septembre, venait devant la chambre pour dégainer le fameux article 49.3 de la Constitution qui permet l’adoption d’un texte sans vote. Il expose aussi le gouvernement au risque d’une motion de censure.
Celle-ci n’a pas tardé, à l’initiative de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire.
"Il aura à la fois le déshonneur et la censure", a fustigé Mathilde Panot, la cheffe des députés de La France insoumise, pointant les concessions du gouvernement au Rassemblement national.
Cette motion de censure, qui sera débattue mercredi au plus tôt, sera défendue par le président de la commission des Finances, l’Insoumis Eric Coquerel. Le groupe RN a déjà fait savoir qu’il la voterait, mais aussi qu’il déposerait sa propre motion.
"M. Barnier n’a pas souhaité répondre à la demande des 11 millions d’électeurs du Rassemblement national", "il a dit que chacun assume ses responsabilités, nous assumerons donc les nôtres", a déclaré Marine Le Pen à la presse.
Concessions à l’extrême droite
Dépourvu de majorité à l’Assemblée, le gouvernement a multiplié au cours de la dernière semaine les concessions au parti d’extrême droite, que ce soit sur les taxes sur l’électricité, ou sur l’Aide médicale d’État – insuffisamment toutefois sur ce sujet selon Marine Le Pen.
Dans la matinée, Michel Barnier s’était entretenu au téléphone avec la députée du Pas-de-Calais, puis avait annoncé dans un communiqué un nouveau geste dans sa direction, en s’engageant "à ce qu’il n’y ait pas de déremboursement des médicaments" en 2025, alors que le gouvernement avait prévu une baisse de 5 %.
Mais pour Marine Le Pen, le compte n’y était toujours pas. En arrivant à l’Assemblée dans l’après-midi, juste avant une séance cruciale, elle a réaffirmé qu’elle demandait au chef du gouvernement de renoncer à la désindexation partielle des retraites s’il voulait échapper à la censure.
"Au bout du dialogue"
Le Premier ministre a fermé la porte à de nouvelles concessions dans son discours : "J’ai été au bout du dialogue avec l’ensemble des groupes politiques".
L’Assemblée était appelée à voter sur un texte qui prévoit désormais 18,3 milliards d’euros de déficit en 2025, soit 2,3 milliards de plus que l’objectif de 16 milliards fixé au début de l’automne.
Si le gouvernement Barnier tombait, la France s’enfoncerait encore plus dans la crise politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron en juin, avec en outre le risque d’une crise financière liée la capacité de la France à emprunter sur les marchés à de faibles taux.
"Sans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale que nous examinons aujourd’hui, le déficit des comptes sociaux atteindrait près de 30 milliards d’euros l’an prochain", a mis en garde dans l’hémicycle le ministre du Budget Laurent Saint-Martin.
L’écart entre les taux d’intérêt d’emprunt de la France et de l’Allemagne (le "spread") a fortement augmenté après l’annonce de Michel Barnier, signe de l’inquiétude des investisseurs.
L’Élysée n’a fait aucun commentaire sur la nouvelle donne politique, mais c’est bien Emmanuel Macron qui aura rapidement la main car, si le scénario d’une censure se confirme, il devra nommer un Premier ministre.
Quels effets d'une censure pour la Nouvelle-Calédonie ?
Alors que les élus calédoniens, à commencer par le gouvernement, enchaînent les rencontres et les déplacements à Paris pour obtenir des aides financières de l’État, en échange de réformes prévues notamment par le PS2R, c’est essentiellement avec les membres du gouvernement de Michel Barnier que des discussions et accords ont eu lieu. Si l’exécutif national tombait, quelles en seraient les conséquences pour le Caillou ?
"Tout ce dont nous avons parlé ne sera plus d’actualité", croit savoir le chef de la Nouvelle-Calédonie Louis Mapou, au sujet des engagements de l’État dont le nouveau rehaussement du prêt garanti par l’État, qui passera à un total de 120 milliards de francs et qui a été inscrit au programme de loi de finances 2025.
Également interrogé sur le sujet à l’issue de son déplacement, le délégué interministériel en charge d’accompagner la Nouvelle-Calédonie dans sa reconstruction, Emmanuel Moulin, s’est montré moins catégorique, avançant des leviers qui pourraient tout de même être levés : "Il n’y aura pas un problème seulement pour la Nouvelle-Calédonie s’il n’y a pas de budget au Parlement, mais pour toutes les composantes de notre pays. Néanmoins, on peut faire voter une loi de mobilisation de ressources, de levée des impôts, qui peut comprendre aussi des éléments notamment pour continuer le fonctionnement de certains dispositifs."
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