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  • AFP | Crée le 20.12.2024 à 08h39 | Mis à jour le 20.12.2024 à 08h39
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    Emmanuel Macron, arrivé jeudi à Mayotte, y restera finalement jusqu’à vendredi. Le chef de l’État a promis une "loi spéciale" pour reconstruire le département sinistré au plus vite. Photo Ludovic MARIN / AFP
    Interpellé, pris à partie et même hué par des Mahorais désespérés cinq jours après le passage dévastateur du cyclone Chido, Emmanuel Macron a promis jeudi de "rebâtir" Mayotte grâce à une "loi spéciale", mais aussi de "renforcer la lutte contre l’immigration clandestine".

    Face à l’ampleur des dégâts, le chef de l’État, attendu initialement pour quelques heures, a annoncé jeudi qu’il resterait jusqu’à vendredi à Mayotte afin de visiter un bidonville et des zones plus reculées. Et a fixé à lundi 23 décembre la journée de "deuil national", avec drapeaux en berne et minute de silence partout en France à la mi-journée.

    Dès son arrivée dans la matinée de jeudi, et tout au long de la journée, il a été confronté à la détresse des habitants. Et aux urgences, nombreuses. "Donnez des aides", "des solutions qui aboutissent", le supplie d’emblée, en larmes, Assane Halo, employée à la sûreté de l’aéroport, qui l’exhorte à ne pas "partir trop vite". "Nos maisons sont détruites. Nos enfants sont traumatisés", soupire-t-elle.

    Eau, nourriture et électricité

    A Cavani, quartier du chef-lieu Mamoudzou, une mère de trois enfants lui dit ensuite que la "mobilisation" de l’État et des secours vantée par le président, "elle ne vient pas". "On est complètement démunis, on ne sait pas pleurer, on ne sait pas sourire", lâche-t-elle, avant de fondre en larmes dans les bras d’Emmanuel Macron, qui l’enlace longuement. La tension est aussi palpable, par moments, lors d’un long échange avec les élus locaux dans la salle aux murs de briques noires du conseil départemental. Houdjati Hairati, conseillère municipale, se lève pour tancer le président. "J’ai pas envie de vous dire merci d’être là parce que c’est votre devoir", explique-t-elle. "On ne fait pas de l’humanitaire, on n’est pas en Palestine", ajoute-t-elle, chaudement applaudie par l’assistance.

    A la nuit tombée, une foule remontée l’attend à Pamandzi, sur l’île de Petite-Terre face à Mamoudzou. "Macron démission !", "tu racontes des salades", lancent des jeunes et des mères de famille en colère à un chef de l’État qui n’arrive pas à s’exprimer et finit par lâcher : "C’est pas moi le cyclone ! Je ne suis pas responsable !"

    Face à ces interpellations, Emmanuel Macron apporte aussi de premières réponses. "La téléphonie va être rétablie dans les prochains jours", rassure-t-il. Quant aux distributions d’eau et de nourriture pour pallier aux pénuries, elle vont atteindre "toutes les communes" du département le plus pauvre de France "d’ici dimanche soir". "Il y aura 50 % de l’électricité qui sera rétablie d’ici à demain, à peu près pareil pour l’eau", promet aussi le président, avant de reconnaître que pour les communes les plus "isolées", il faudra "plusieurs semaines".

    Pillages

    Autre urgence, la sécurité alors que des pillages ont été signalés et qu’un couvre-feu est en vigueur depuis mardi. "Monsieur le président on a peur que ce soit Haïti !", s’alarme une personne face aux risques de débordements. "Vous aurez dimanche 1 200 forces de sécurité intérieure qui seront déployées", répond-il.

    Quant aux élèves, l’objectif reste bien de "préparer la rentrée au 13 janvier". Emmanuel Macron a aussi annoncé un "fonds d’indemnisation" pour les non-assurés, dont il n’a pas encore dévoilé le montant. Les coûts des dégâts pris en charge par les assurances ont été estimés entre 650 et 800 millions d’euros (de 78 à 95 milliards de francs) par la Caisse centrale de réassurance, qui souligne toutefois que seuls 6 % des particuliers à Mayotte disposent d’une assurance habitation.

    "Deux ans" pour reconstruire, espère Bayrou

    Au-delà des besoins immédiats, le président de la République tente de projeter l’archipel vers la reconstruction, promettant de "rebâtir" Mayotte. Il annonce une "loi spéciale" pour accélérer les délais, "déroger aux règles" et faciliter les chantiers, à l’instar de ce qui a été fait pour organiser les Jeux olympiques et reconstruire en cinq ans Notre-Dame de Paris. "On a été capables de rebâtir notre cathédrale en cinq ans. Ce serait quand même un drame qu’on n’arrive pas à rebâtir Mayotte", glisse-t-il. Alors que le chef de l’État n’a pas évoqué de calendrier à ce stade, son Premier ministre François Bayrou, depuis Paris, s’est voulu ambitieux, évoquant un délai potentiel de "deux ans". "J’espère qu’on y arrivera. C’est une tâche surhumaine, immense", a-t-il dit jeudi soir sur France 2.

    L’objectif est de "mettre fin" aux bidonvilles et "supprimer les habitats qui sont à la fois indignes, dangereux", a expliqué sur place Emmanuel Macron. Environ un tiers de la population, soit plus de 100 000 habitants, notamment les personnes en situation irrégulière venant des Comores voisines, vivent dans des logements précaires, dont la plupart ont été pulvérisés. Emmanuel Macron dit d’ailleurs vouloir "renforcer la lutte contre l’immigration clandestine", qui pèse selon lui sur les multiples crises auxquelles est confronté l’archipel. Il veut notamment augmenter les reconduites à la frontière pour atteindre 35 000 ou 40 000 par an contre 22 000 en 2023.

    Morts non recensés

    A l’hôpital de Mamoudzou, où les vitres ont été soufflées, des services inondés et du matériel détruit, la discussion a porté sur le recensement très compliqué du nombre de morts, alors que de nombreuses localités restent injoignables. Et que dans la tradition musulmane, les défunts sont enterrés au plus vite. "On est face à des charniers à ciel ouvert. Il n’y a pas de sauveteurs. Personne n’est venu récupérer les corps ensevelis", affirme la députée (Liot) Estelle Youssouffa. Selon des chiffres provisoires du ministère de l’Intérieur, 31 morts et quelque 2 500 blessés ont été officiellement recensés, alors que 70 % des habitants ont été gravement touchés. "Il est vraisemblable qu’il y ait beaucoup plus de victimes", a reconnu Emmanuel Macron.

    Au Mozambique le cyclone Chibo qui a frappé dimanche ce pays africain a fait au moins 73 morts.

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