La 46e édition du Salon mondial du tourisme va surfer sur la reprise

Katell Prigent/AFP | Crée le 14.03.2023 à 07h07 | Mis à jour le 15.03.2023 à 08h37

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Une queue de visiteurs au château de Chambord, le 23 mai 2021. AFP

Le Salon mondial du tourisme ouvre ses portes au public, jeudi, à Paris, dans un contexte de forte reprise des voyages malgré l'inflation et les hausses de prix.

Après les années de pandémie, "le tourisme mondial est en bonne voie pour retrouver, d'ici la fin de l'année, ses niveaux d'avant la pandémie", assure sur le site de l'organisation mondiale du tourisme (OMT), Zurab Pololikashvili, son secrétaire général.

D'après l'OMT, le tourisme international pourrait retrouver d'ici la fin de l'année de 80 % à 95 % de son niveau d'avant la pandémie, "sachant que l'on a enregistré 70 millions d'arrivées internationales pour le seul mois de janvier, soit plus du double des chiffres de janvier 2022."

En France, "tous les voyants sont au vert", confirme Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme, "on a une appétence grandissante, l'importance des vacances et des loisirs prend de l'ampleur." Près de 52 % des Français envisagent de partir en vacances cet été, selon lui.

L'inflation, la guerre en Ukraine, le climat social ne semblent jusqu'à présent pas freiner l'envie de tourisme des Français comme l'ont prouvé les vacances de février. "Les Français ont continué de partir durant les vacances de février", se félicitait auprès de la presse mi-février la ministre du Tourisme Olivia Grégoire, avec des taux de réservation en hausse de 11,5 % en février. "Pour les mois de mars-avril, qui intègrent les vacances de Pâques, les prévisions de réservations sont en hausse de 7 % par rapport à 2022", a-t-elle précisé. "Plus il y a une incertitude géopolitique, économique, environnementale, plus les Français ont besoin de cette parenthèse", souligne Didier Arino. Cet été, le budget prévu par les voyageurs pour les voyages à l'étranger a même augmenté de 400 euros par rapport à 2022, selon lui.

400 destinations

C'est dans cette atmosphère que le salon mondial du tourisme va ouvrir ses portes jeudi pour trois jours à Paris Expo Porte de Versailles. Offices de tourisme français et étrangers, agences de voyages, tour-opérateurs, ou spécialistes des loisirs, de l'hébergement ou du transport représenteront près de 400 destinations.

Les visiteurs pourront assister à des conférences aux thèmes aussi divers que le tourisme des savoir-faire, comment choisir sa croisière, des étapes de charme comme Vichy, Montbéliard et Poitiers, ou encore voyager en van aménagé.

Quelques villes seront mises à l'honneur comme Eleusis (Grèce), Veszprém (Hongrie) et Timisoara (Roumanie) qui bénéficieront en 2023 du titre de Capitale européenne de la Culture. Tallinn (Estonie) sera nommée Capitale verte européenne et Vilnius, capitale de la Lituanie, célébrera les 700 ans de sa fondation.

Destinations nature

Comme chaque année, un espace formation sera dédié aux différents métiers du tourisme à l'heure où le secteur fait face à une grave pénurie avec, selon le ministère du Tourisme, la disparition de 230 000 emplois entre 2020 et 2021.

Accessible avec le même billet d'entrée, le salon Destinations nature, salon de la randonnée et des activités en extérieur, tiendra sa 38^e édition juste à côté.

REPÈRES

Le retour des Chinois

La Chine va reprendre à compter de ce mercredi la délivrance de tous types de visas, y compris ceux à des fins touristiques, après trois ans de restrictions draconiennes en raison de la Covid-19. Avant de se fermer au reste du monde, la Chine avait accueilli en 2019 quelque 65,7 millions de visiteurs internationaux, selon les données de l'Organisation mondiale du tourisme des Nations unies. Avant la pandémie, chaque année plus de 2 millions de Chinois visitaient la France, leur destination européenne privilégiée. Ils représentaient alors 7 % de la recette touristique, injectant 3,5 milliards dans l'économie française.

Passeport

Les ressortissants français n'auront bientôt plus besoin de passeport pour se rendre en visite d'une journée à Jersey, une décision prise pour enrayer la chute du tourisme sur l'île anglo-normande depuis le Brexit. Plus grande île anglo-normande, Jersey est un territoire de la couronne britannique et ses ressortissants ont la nationalité britannique, mais elle reste une entité indépendante dotée de son propre gouvernement.

À Cannes, la réouverture du Carlton

Une des 332 chambres de l'établissement 5 étoiles, qui dispose aussi de 52 suites et de 37 résidences.

L'hôtel Carlton de Cannes, établissement emblématique de la Croisette, inauguré en 1913, a rouvert ses portes lundi après presque trois ans de travaux. L'investissement n'a pas été communiqué mais il atteindrait, selon différentes sources, plusieurs centaines de millions de d'euros. Le journal Nice-Matin évoque une somme supérieure à 350 millions d'euros.

L'établissement luxueux, classé 5 étoiles, qui a vu défiler le réalisateur Alfred Hitchcock et son actrice fétiche Grace Kelly ou plus récemment l'ex-président américain Barack Obama, avait fermé ses portes en décembre 2020, pour entamer des travaux d'agrandissement et de rénovation.

L'hôtel qui s'étendait alors sur 32 000 m² et sept étages, face à la Méditerranée, a ajouté 20 000 m² pour offrir au total 332 chambres dont 52 suites et 37 résidences.

Dans la nouvelle aile, il est possible de louer un penthouse de 500 m² doté d'une terrasse de 500 m². Dans le bâtiment d'origine, classé bâtiment historique et de style "Belle époque", les plus belles suites se situent au 7^e étage avec notamment celles baptisées Grace Kelly ou Cary Grant. Les travaux ont été conduits par Vinci Construction, supervisés par l'architecte Richard Lavelle et le décorateur d'intérieur Tristan Auer.

L'hôtel appartient au groupe qatari Katara Hospitality, propriétaire également du Royal Monceau et du Peninsula à Paris, et est exploité sous la bannière Regent, marque du groupe InterContinental Hotels Group.

David Lisnard, le maire LR de Cannes, qui a participé à l'inauguration, en présence de l'ambassadeur du Qatar Ali Bin Jassim Al Thani, a salué un "investissement hôtelier colossal", selon lui "le plus gros des dernières années en Europe".

Construit à partir de 1911 et inauguré en 1913, l'hôtel avait accueilli en 1922 la première grande réunion de la Société des nations, ancêtre de l'Organisation des nations unies (ONU), avant de recevoir de nombreuses étoiles du cinéma dès 1946, avec la première édition du Festival international de Cannes.