Des voitures qui pénètrent dans la tribu de Saint-Louis : ce n’était plus arrivé depuis le 20 juillet, jour de la mise en place des verrous de la gendarmerie, au Thabor d’un côté et à La Coulée de l’autre, empêchant la circulation sur une portion de 6 km de la RP1 devenue trop dangereuse à emprunter. Mercredi 2 octobre, les gendarmes, conformément à un accord entre le haut-commissariat et les autorités coutumières, ont ouvert pendant plusieurs heures le verrou nord. Depuis, les habitants de Saint-Louis peuvent entrer et sortir de la tribu en voiture chaque jour entre 6 heures et 8 heures et entre 16 heures et 18 heures. L’occasion de se ravitailler. "On a pu ramener les bouteilles de gaz et de l’essence pour alimenter le groupe électrogène", rapporte Francis, de retour de sa journée de travail.

"J’ai la flemme d’attendre 16 heures", lâche Nicolas, qui a garé son pick-up devant le verrou et se rend au point de contrôle à pied pour rentrer chez lui. Il reviendra chercher sa voiture "avec mes parents" en fin de journée. Difficile, en effet, de faire coïncider ses allers-retours avec les horaires d’ouverture instaurés par la gendarmerie. "Et il faut faire attention à ressortir la voiture à temps, sinon on se retrouve bloqués."

La fin des contrôles ?

Reste que cet assouplissement du dispositif de sécurité offre la perspective d’une levée définitive des verrous qui encerclent Saint-Louis. "On a entendu dire que ça allait ouvrir ce week-end, au plus tard lundi", croit savoir Nicolas. Ce vendredi, le haut-commissariat a annoncé sur ses réseaux sociaux la réouverture imminente de la route. Une opération de déblaiement s’est déroulée dans la matinée, et une communication sera faite "très prochainement pour annoncer les modalités de réouverture de la route".

Outre la possibilité de rentrer chez eux en voiture, les habitants de Saint-Louis attendent impatiemment la fin des contrôles systématiques des forces de l’ordre à chaque entrée et sortie de la tribu. "Les contrôles d’identité et la fouille des sacs, ça devient vraiment lassant", confirme Francis, dont les paroles sont couvertes par le bruit d’un drone qui survole la zone. "Ça aussi c’est fatigant, on les entend du matin au soir", déplore ce dernier. Nicolas, lui, constate déjà un changement de pratiques chez les gendarmes. "Ils ont arrêté les contrôles, assure le jeune homme. Tant mieux, parce que ça devenait dur de supporter la fouille des sacs, surtout quand c’est fait sur des enfants."

Quant au verrou sud, mis en place à La Coulée, il n’a toujours pas été libéré. Mais le déblocage progressif à Thabor et les redditions successives des derniers insurgés de Saint-Louis alimentent l’espoir d’une réouverture totale dans les prochains jours et du retour à une vie normale pour des milliers d’habitants, dernières victimes d’une crise qui s’éternise.