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    Grand Nouméa
  • Anthony Tejero | Crée le 04.10.2024 à 15h28 | Mis à jour le 04.10.2024 à 15h43
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    Le dichromate de potassium est un puissant oxydant utilisé pour réduire la vitesse de corrosion des pièces en aluminum. Photo DR
    Un ancien mécanicien d’Hélicocéan, à Magenta, a été condamné à un an de prison ferme pour avoir glissé dans la cafetière de la société du dichromate de potassium, un produit hautement toxique utilisé pour limiter la corrosion de pièces en aluminium. Un geste qui a conduit deux collègues, dont un pilote, au Médipôle. La défense a plaidé la "mauvaise blague", le prévenu assurant avoir confondu cette substance "potentiellement mortelle" avec du piment d’Espelette.

    La pilule était un peu trop grosse à avaler pour le tribunal. Comment peut-on confondre du dichromate de potassium, cristaux orange phosphorescents hautement toxiques, avec une épice de type piment d’Espelette ? À la barre, c’est pourtant la version du prévenu, qui n’en démord pas. Ce mécanicien est poursuivi pour avoir, en octobre 2020, glissé 200 grammes de ce puissant agent oxydant destiné au nettoyage de pièces en aluminium des hélicoptères, dans la cafetière de l’entreprise. Résultat : deux employés, une agent commerciale et un pilote, ont rapidement été pris de violents maux de ventre et vomissements, ce qui leur a valu une hospitalisation au Médipôle.

    L'un des pilotes sauvé grâce à son retard

    Tout l’enjeu de ce procès était donc de déterminer s’il s’agit en effet d’une farce qui a mal tourné ou bien d’une tentative d’assassinat par empoisonnement avec préméditation. Une hypothèse largement privilégiée par l’avocat des parties civiles et par le parquet, d’autant que le sexagénaire a d’abord "nié en bloc" les faits avant de reconnaître une "version édulcorée", mettant son geste sur le compte de la "mauvaise blague". Un acte dont les conséquences auraient pu être gravissimes.

    "Ce matin-là, le pilote qui s’envolait pour l’île des Pins, n’a pas eu le temps de boire son café habituel uniquement car il était en retard", tance la présidente du tribunal. Estelle Lassaussois juge d’ailleurs bon d’insister sur le caractère "potentiellement mortel" du dichromate de potassium et rappelle que le prévenu, qui assure que ce produit "traînait" sur l’évier à proximité de la cafetière, a jeté la fameuse "boîte sans étiquette" contenant ce produit après l’intoxication de ces deux collègues. "On a changé votre travail quand vous avez perdu votre place de chef d’atelier et des collègues disent que vous étiez en permanence insatisfait. Il semblerait que vous aviez des raisons d’en vouloir à votre employeur", poursuit la présidente du tribunal, qui juge "difficile de croire" la version du prévenu.

    "En 30 ans de carrière, il connaissait forcément ce produit"

    Même son de cloche pour l’avocat des victimes, qui pointe de "nombreuses incohérences et mensonges" dans la défense de l’ancien mécanicien. "En plus de trente ans de carrière dans la société, il connaissait forcément ce produit, cette couleur et cette substance pour savoir la différencier du piment", ironise Maître Thomas Gruet, qui précise que le dichromate de potassium était interdit pour l’entretien des hélicoptères depuis 2019, date à laquelle il aurait dû être détruit et disparaître de la société. Ce jour-là, il aurait pu tuer ces collègues qui, au-delà du préjudice corporel, ont dû attendre cinq mois pour être certains qu’ils n’ont pas été surexposés avec des effets secondaires sur leur santé à long terme."

    Pour le Parquet, la thèse de l’humour ne tient pas une minute, convaincu qu’il y a eu préméditation dans ce geste et requiert 14 mois de prison intégralement assortis de sursis, le prévenu ayant un casier judiciaire vierge.

    "Sens de l'humour tordu"

    Brandissant des pots de piment d’Espelette devant le tribunal, l’avocat de la défense a, quant à lui, plaidé le simple "accident domestique", lié à une "impulsion stupide" de son client mais surtout à une "faille de sécurité majeure de la société" où ce produit toxique n’aurait pas dû se trouver à portée de main. "Il n’avait aucune intention de faire du mal. Ce n’est pas un empoisonneur, mais un mécanicien au sens de l’humour tordu", insiste Maître Frédéric De Greslan.

    Un plaidoyer qui n’a pas convaincu le tribunal, condamnant le sexagénaire à deux ans de prison, dont un ferme. Une peine à purger sous le régime du bracelet électronique. Le mécanicien devra également verser au total un million de francs de dédommagement à ses collègues.

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