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    Grand Nouméa
  • Aurélia Dumté | Crée le 28.06.2024 à 14h37 | Mis à jour le 28.06.2024 à 14h38
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    Le village de Païta est quasiment réduit en cendres. Photo Aurélia Dumté
    Le village de Païta a été détruit en très grande partie, la première semaine des violences, puis au début de cette semaine. Les rares commerçants encore debout sont en état de choc, mais tentent de résister. Entre peur des représailles et sidération, ils témoignent.

    Une odeur de plastique brûlé, quelques fumées pèsent sur le centre de village. En ce vendredi matin, les gendarmes veillent à l’entrée de Païta. Les stigmates des violents heurts qui ont secoué le centre de la commune en ce début de semaine jonchent le sol ou sautent aux yeux. Arbres abattus, troncs fumants, restes de grenades de désencerclement, bris de verre, graffitis. Mardi matin, la maire de Païta, Maryline D’Arcangelo, constatait avec douleur : "je ne sais même plus si on peut parler de village. Il n’y a plus rien." L’OPT est fermé tout comme les banques, les magasins sont détruits ou pillés, mais certains services résistent comme ils peuvent. Les rares commerçants encore debout sont traversés par un sentiment de paranoïa.

    Tous les commerces ont brûlé ou ont été pillés. Quand est-ce que ce sera à notre tour ?

    Ils ne veulent pas parler, pas être pris en photo. "On a peur des représailles", soufflent-ils. "Tous les commerces ont brûlé ou ont été pillés. Quand est-ce que ce sera à notre tour ? On a eu de la casse dès la première semaine, raconte une commerçante. On devait attendre les assurances, mais on a préféré sécuriser tout de suite. Heureusement que mon mari fait les travaux lui-même." Ce dernier continue : "On dort sur place depuis le début, enfin, on ne dort pas, on sursaute dès qu’il y a un bruit. C’est très dur." Ces commerçants tentent depuis le 13 mai d’ouvrir leur boutique, de se réapprovisionner, mais "certains fournisseurs ne livrent pas ici, on doit descendre à Nouméa." C’est donc au jour le jour, en fonction de l’état de la route, de l’ambiance dans le village.


    Le village de Païta est quasiment réduit en cendres. Photo Aurélia Dumté

    Les pharmaciennes du centre médical Les Tulipiers fonctionnent aussi au jour le jour. "On fait notre travail, on ne se pose pas de question, on continue notre mission, explique Laurence. On adapte nos horaires, on avait progressivement gagné une heure par semaine, mais là, chaque matin, on regarde les infos sur les réseaux pour savoir si on peut venir. Et à 14 heures, il n’y a plus personne au village." La pharmacie tient le coup, comme celle qui est dans la rue principale, mais le centre médical des Tulipiers a été visité, en partie saccagé. "Les gens sont contents que l’on soit ouvert, les patients sont très stressés, il y a beaucoup d’explosions."

    Le village, une grande famille


    Le village de Païta est quasiment réduit en cendres. Photo Aurélia Dumté

    Les commerçants sentent tout de même une vraie "solidarité", et certains sont persuadés que si leur magasin est encore debout, c’est parce que les habitants du village veillent. Malgré tout, il est difficile de se projeter dans les jours, semaines, mois à venir. "Je vais trouver un autre local ailleurs, lance, dépité, un artisan dont l’espace a été vandalisé. J’ai pu ouvrir un peu, travailler un peu…" Pour ce jeune artisan, cette destruction systématique du village est d’autant plus effarante qu’"on se connaît tous au village, on a grandi ensemble. Ce sont des jeunes des nouveaux quartiers que l’on ne connaît pas qui ont foutu le bordel", estime-t-il.

    "Quand on est arrivé au village cette semaine, on ne pouvait pas imaginer un tel champ de bataille, c’est tellement triste. Nous sommes une famille !" raconte cet autre commerçant qui tente lui aussi d’ouvrir les portes de sa boutique. "J’ai le sentiment que mon commerce n’est pas en sécurité, malgré la surveillance des gens du village. L’État n’est pas en mesure de veiller à ce que je ne perde pas tout."

    "Je suis découragé de voir ça"

    Entre deux conversations sérieuses, les rires résonnent, on se tape sur l’épaule, comme pour tenter de retrouver cette vie d’avant, cette vie où le village ne faisait qu’un. Mais aujourd’hui, le centre de Païta est détruit. "Il ne reste plus rien, il n’y a plus que trois épiceries, deux boucheries… Il n’y a plus de banque, l’OPT est fermé, il n’y a plus de distributeur…" liste le gérant de la boutique. Un client acquiesce : "Je suis découragé de voir ça, moi je suis de Bangou, avec les gens de N’Dé, de Naniouni, on est obligé d’aller à Tontouta pour tirer des pièces", raconte ce client. Après la quasi-totalité des commerces du centre du village, des maisons, des locaux associatifs, des établissements scolaires et bien d’autres structures, c’est le centre d’intervention et de secours de Tontouta qui a été détruit la nuit dernière. Païta n’en finit plus de brûler, et ses habitants de pleurer.


    Le village de Païta est quasiment réduit en cendres. Photo Aurélia Dumté

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