- Caroline Perdrix / Radio1 Tahiti | Crée le 31.01.2024 à 07h00 | Mis à jour le 31.01.2024 à 07h00ImprimerLe procureur général près la cour d’appel de Papeete, Thomas Pison. Photo Caroline Perdrix / Radio1 TahitiL’audience solennelle de rentrée de la cour d’appel et du tribunal de première instance de Papeete a été l’occasion pour les magistrats de lancer un " cri d’alarme " sur les violences intrafamiliales et le trafic de stupéfiants qui ne cessent de progresser. Le procureur général a fait part de sa crainte, partagée par les renseignements américains, de voir bientôt débarquer en Polynésie le Fentanyl, un opioïde pharmaceutique extrêmement addictif responsable de plus de 100 000 morts chaque année.
Les années passent et le constat, fait ce vendredi matin (samedi en Calédonie) devant les représentants de l’État et du Pays, demeure. La Polynésie n’arrive pas à se défaire de ses démons. Les violences intrafamiliales d’abord : le fenua détient toujours le triste titre de champion de France, avec 4 faits pour 100 000 habitants contre 1,5/100 000 en Métropole. Certes, les outils de protection des victimes se multiplient ; ces dernières années, des mesures de simplification du dépôt de plainte, ou encore d’éviction du conjoint violent, ont été prises. Mais les violences se poursuivent, dit le procureur général Thomas Pison, qui martèle qu’elles " n’ont rien à voir avec une quelconque fatalité ou tradition locale ".
Ensuite, le trafic de stupéfiants, et plus particulièrement le trafic d’ice (24 kg saisis en 2023), qui est aujourd’hui une question de santé publique et même " d’avenir politique ", dit le magistrat. Un trafic qui " impacte forcément l’économie locale ", il en veut pour preuve la valeur des saisies des biens des trafiquants, 120 millions de francs. Les procédures concernant les stupéfiants, rapportées au nombre d’habitants, sont deux fois plus nombreuses qu’en métropole.
" Les discours dangereux " sur la banalisation du paka
Thomas Pison refuse la " banalisation " du cannabis, dont les saisies sur notre petit territoire représentent l’équivalent d’un tiers des saisies dans l’Hexagone. " Les discours favorables à la consommation de cannabis me paraissent dangereux ", a-t-il déclaré en regardant les représentants du Pays, qu’il a invités à " investir lourdement dans la prévention ". Et il aligne les chiffres : selon une enquête 50 % des plus de 15 ans consomment du paka, une proportion " phénoménale ", dit-il. 15 % de ces consommateurs de paka seraient aussi des consommateurs d’ice. Les trafiquants d’ice réunissent souvent les fonds nécessaires grâce au trafic de paka. Et ce n’est pas fini. Pour la Drug Enforcement Administration américaine, qui coopère avec les pays de la région, le prix toujours élevé de l’ice, environ 300 000 francs le gramme, montre bien que le marché n’est pas saturé et qu’il a donc encore une marge de progression. Le chiffre de 10 000 consommateurs d’ice au fenua devrait " probablement être revu à la hausse ".
" Il ne faut pas baisser la garde, a-t-il ajouté, d’autres produits frappent à nos portes. " D’après les renseignements américains, l’arrivée du Fentanyl, à l’origine un opioïde pharmaceutique aujourd’hui produit illégalement, responsable de plus de 100 000 morts par overdose chaque année, " c’est pour bientôt ". " J’ai envie de dire : vous avez aimé l’ice, vous allez adorer le Fentanyl ", a lugubrement conclu le procureur général.
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