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    Justice
  • Charlie Réné / Radio 1 Tahiti | Crée le 02.02.2024 à 07h00 | Mis à jour le 02.02.2024 à 07h00
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    Le fonctionnaire révoqué est l’ancien responsable informatique de la Maison de la culture à Papeete. Photo Léa Faradon
    L’ancien responsable informatique de la Maison de la culture de Papeete a été révoqué l’année dernière pour avoir espionné, sans autorisation ni justification, l’activité et les conversations de ses collègues, notamment l’une d’entre elles, à l’aide d’un logiciel payant. Il demandait au tribunal sa réintégration et une indemnisation. Sans succès. Compte rendu d’audience de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

    " Spyrix Personnal Monitor ". C’est le nom du logiciel espion qu’un fonctionnaire territorial de Polynésie, alors responsable informatique de la Maison de la culture, a été accusé, en juin 2022, d’avoir installé sur le poste d’au moins une de ses collègues. Une application payante de " surveillance à distance invisible " d’après son distributeur, et qui permet d’enregistrer les frappes de clavier, d’observer discrètement les échanges Facebook, Skype, Ee-mail, de faire des captures d’écran, d’afficher et d’enregistrer en direct tout ce qui se passe sur l’écran ou la webcam de l’ordinateur visé.

    Accusations " corroborés " par un expert

    Alerté par une " dénonciation ", le directeur de l’établissement avait commandé un audit à un professionnel extérieur sur les activités de cet ancien chef de service de la logistique de Tarahoi, détaché depuis 2018 à Te Fare Tauhiti Nui. Un audit qui avait conclu, sur la base de fichiers retrouvés sur l’ordinateur du responsable, à une surveillance informatique et téléphonique orientée notamment vers une des agents de TFTN. Des constatations niées en bloc par l’intéressé, mais qui avaient abouti à un dépôt de plainte – jusqu’à présent resté sans suite – de la part du directeur de TFTN, et d’une remise à disposition de l’intéressé à son administration d’origine pour " faute grave ". Le président de l’assemblée avait pris le relais en suspendant de manière conservatoire le fonctionnaire en juillet 2022 avant de réunir un conseil de discipline, et de prononcer sa révocation en avril 2023. Une révocation que l’intéressé contestait au tribunal administratif.

    Le fonctionnaire avançait que cette double procédure d’éviction avait été entachée de multiples irrégularités, que l’informaticien choisi n’était pas compétent pour un tel audit et que ses conclusions lui avaient été dictées " à l’avance ". Que les preuves manquaient, aussi, pour le lier formellement à l’installation de ce logiciel espion. La collègue espionnée aurait même pu l’installer elle-même " par inadvertance ", avançait-il. L’argumentation n’a pas convaincu les juges qui relèvent que les constatations du premier audit avaient " au moins en partie été corroborées par des constatations également opérées par un expert en informatique saisi à la demande du conseil de discipline ". Des audits qui avaient d’ailleurs révélé, au passage, l’utilisation par l’administrateur de son poste de travail de la Maison de la culture à des fins personnelles, notamment le téléchargement de films et de jeux vidéos.

    Des données personnelles récoltées

    Surtout, le fonctionnaire, qui au cours de sa procédure de révocation a prétendu mener des investigations sur l’activité professionnelle de sa collègue, n’a jamais " jugé utile de prévenir sa hiérarchie ", note le tribunal. Et a " récupéré des informations d’ordre privé " sur le poste espionné. Qu’importe, donc, si la plainte au pénal du directeur de la Maison de la culture n’a pas abouti : le " détournement des moyens du service à des fins d’intrusion dans la vie privée de ses collègues " constitue en soi des " manquements graves et répétés " à ses obligations professionnelles. Et justifient donc la révocation, estiment les juges, qui n’évoquent pas, dans leur argumentaire, les accusations contestées d’espionnage téléphoniques de certains cadres de TFTN. L’ancien fonctionnaire, qui peut encore faire appel de la décision, est au passage condamné à verser 150 000 francs à l’assemblée au titre des frais de justice.

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