- AFP | Crée le 13.09.2024 à 09h43 | Mis à jour le 13.09.2024 à 09h43ImprimerThéo Clerc, graffeur, est incarcéré en Azerbaïdjan depuis le mois de mars pour avoir réalisé un graffiti dans le métro. Il a été condamné à trois ans de prison. Photo DRUn français a été condamné le 10 septembre par un tribunal d’Azerbaïdjan à trois ans de prison. La France a protesté, dénonçant un "traitement arbitraire et ouvertement discriminatoire".
La France a protesté jeudi contre la condamnation à trois ans de prison de l’un de ses ressortissants par un tribunal azerbaïdjanais "pour un graffiti dans le métro", dénonçant un "traitement arbitraire et ouvertement discriminatoire".
L’Azerbaïdjan a immédiatement rejeté des critiques "inacceptables" et "infondées" de la France, alors que les tensions entre les deux pays sont au plus haut depuis plusieurs mois.
"Théo Clerc a été condamné le 10 septembre par un tribunal azerbaïdjanais à trois ans de détention pour un graffiti dans le métro alors que ses deux co-accusés, exactement pour les mêmes faits, titulaires d’une autre nationalité, ont été condamnés à une simple amende", a déploré le porte-parole du ministère.
La porte-parole du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Aïkhan Hajizad, a répondu dans un communiqué en critiquant "la politique néocoloniale, les activités racistes, discriminatoires et islamophobes et les restrictions des droits humains de la France".
"Le verdict rendu par le tribunal est illégitime et excessivement sévère, particulièrement à l’encontre du citoyen français, et fera l’objet d’un appel", a déclaré de son côté à l’AFP leur avocat Eltchin Sadigov, qui s’exprimait en russe.
Théo Clerc, le Néo-Zélandais Ismael De-Saint Quentin et l’Australien Paul Han, qui avaient été arrêtés en mars, ont été reconnus coupables de hooliganisme en groupe et de dégradation intentionnelle de biens ayant entraîné de lourdes conséquences, selon M. Sadigov.
Mais seul le Français a été condamné à de la prison. Les deux autres ont écopé d’une amende équivalente à 4 000 dollars (431 000 Fcfp).
Un autre français accusé d’espionnage
"Conformément à une décision antérieure de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) concernant l’Azerbaïdjan, l’expression artistique ne peut être considérée comme du hooliganisme", fait valoir l’avocat.
Selon lui, "aucune caractéristique personnelle autre que la nationalité des accusés n’a été prise en compte dans cette affaire". Le Français était ainsi déjà le seul en détention provisoire, les deux autres étaient restés en liberté durant l’enquête.
Un autre Français, Martin Ryan, est actuellement détenu en Azerbaïdjan, accusé lui d’espionnage. En avril, le ministère des Affaires étrangères avait "catégoriquement" réitéré son "rejet des allégations présentées par l’Azerbaïdjan pour justifier ses agissements hostiles à notre égard".
La semaine dernière, le Quai d’Orsay avait rendu publiques de nouvelles recommandations aux ressortissants français, leur déconseillant de se rendre en Azerbaïdjan, "sauf raison impérative". Il avait pointé du doigt "un risque d’arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable".
Bakou avait condamné cet avertissement, dénonçant là encore "des allégations infondées", jugeant que la France exprimait ainsi son intention de "détériorer davantage ses relations avec l’Azerbaïdjan".
Ce pays du Caucase reproche à la France son rapprochement avec l’Arménie, son rival historique contre lequel l’Azerbaïdjan s’est opposé au cours de deux guerres. Bakou a aussi combattu lors d’un troisième conflit les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh, territoire reconquis en septembre 2023.
Paris, pour sa part, a accusé Bakou de chercher à s’ingérer dans la politique intérieure française, en particulier pendant la crise en Nouvelle-Calédonie.
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