fbpx
    Monde
  • Patrick FORT / AFP | Crée le 04.10.2023 à 04h50 | Mis à jour le 04.10.2023 à 13h49
    Imprimer
    Les chefs du gang Tren de Aragua, qui utilisait la prison de Tocoron comme base pour leurs opérations criminelles internationales, se sont évadés avant l’énorme intervention de la police et des soldats. Photo Yuri CORTEZ / AFP
    Une gigantesque opération de démantèlement d’un gang s’est déroulée récemment dans la prison de Tocoron, dans le centre-nord du Venezuela, dont il avait fait son quartier général. Mais quand les 11 000 policiers et soldats sont intervenus, la plupart des criminels de Ter de Aragua avaient pris la poudre d’escampette.

    "Steak house. Enjoy", peut-on lire sur les murs d’un des restaurants et bars de la prison de Tocoron, dans le centre-nord du Venezuela, dont le tentaculaire gang criminel Tren de Aragua avait fait son quartier général.

    Le "steak house" est situé à côté de la piscine, un double bassin circulaire enjambé par un petit pont à colonnes… Plus loin, une aire de jeux avec des toboggans. "La vie était plus agréable et plus sûre dans la prison qu’en dehors", affirme à l’AFP sous couvert de l’anonymat la femme d’un ancien détenu, désormais transféré.

    Une intervention musclée

    Dans le cadre d’une opération de démantèlement du gang Tren de Aragua, 11 000 membres des forces de sécurité ont investi dernièrement la prison, désormais vidée de la plupart de ses détenus. Les autorités ont organisé ensuite une visite guidée, très encadrée et très partielle du site, "désormais totalement sous contrôle".

    Les trente journalistes invités ne verront pas ainsi les tunnels bétonnés creusés par le gang dont les images circulent sur les réseaux ou le zoo avec ses flamants roses. Encore moins les cellules.

    Sur une porte en bois, on peut lire "Garde nationale bolivarienne : le Tren de Aragua, c’est fini". Un message pour les journalistes, mais sans doute destiné à être relayé à travers le pays.

    Un gang présent dans 8 pays

    Le Tren de Aragua, qui compterait quelque 5 000 criminels, est apparu en 2014, opérant dans des activités mafieuses "classiques": enlèvements, braquages, drogue, prostitution, extorsion. Il a étendu son emprise à d’autres activités, certaines légales, mais aussi à l’exploitation minière illégale. Il est présent dans huit pays d’Amérique latine, notamment la Colombie, le Pérou ou le Chili.

    Le racket de la population carcérale était une des principales activités de la bande.

    Pendant la visite, des bulldozers détruisent un petit "quartier" de maisons de briques, de bois et de tôles. Les autorités ne donnent pas d’explication, tandis que les machines broient murs literies rideaux, seaux…

    Les "Baptisés", une caste à part

    Rubeles Mejias, 25 ans, en couple depuis 7 ans avec un détenu, condamné à 13 ans de prison pour homicide, a vécu 7 mois dans la prison. Elle ne l’a quittée que quand sa fille de 4 ans a dû aller à l’école. Son "homme" avec qui elle devait se marier dans 15 jours, fait partie des "Baptisés". Dans la prison, ces chrétiens qui s’habillent en blanc étaient une caste à part que les "malandros" (bandits) n’embêtaient pas.


    Dans les rues de cette gigantesque prison, des échoppes étaient gérées par le gang et les 1 600 détenus. Photo Yuri CORTEZ /AFP

    "C’était tranquille, il y avait une piscine, un zoo. Mon mari travaille (ait) dans un petit magasin de la prison", expliquait cette jeune coiffeuse. "C’est lui qui m’aide" financièrement.

    Les quelques rues parcourues dans la prison sont désormais transformées en un cimetière de bouteilles de bière, des piles de vêtements, des restes d’appareils électroménager (mixer, télévision, appareil CD), des peluches… Sur un mur, un dessin du dessin animé "Le Tigre de Tasmanie".

    Plus de 1 600 détenus

    Dans la rue de la piscine et du terrain de basket, des échoppes aux présentoirs vides se succèdent les unes aux autres. Le jour de la visite avec les journalistes, la police évacuait climatiseurs, télévisions et autres motos.

    Trois des derniers rares détenus de la prison, habillés en tenue jaune, balayent les abords du pénitencier.

    La prison, prévue pour 750 personnes, comptait officiellement 1 600 détenus, quelque 2 500 selon des estimations indépendantes. Les autorités ont annoncé 88 arrestations de membres du gang.

    A la morgue

    Le chef de la bande "El nino Guerrero" a, lui, disparu, et a bénéficié de complicités voire négocié avec le gouvernement, selon l’ONG Observateur vénézuélien des prisons. Dans la rue, la foule de proches désirant des nouvelles de détenus a diminué par rapport à la veille et l’avant-veille mais pour ceux qui sont là, c’est toujours l’inquiétude.

    Claribel Rojas pleure. Elle n’a pas de nouvelles de son frère. Nesbelis Mavares, 32 ans, elle cherche son compagnon auteur d’un féminicide. "Le dernier message que j’ai eu est une note vocale de mercredi où il me dit 'Je t’aime. Que Dieu te bénisse'".

    "Ce sont des détenus mais pas des animaux. Un garde nous a dit 'cherche à la morgue ou un mort dans les collines'", dit-elle.

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS