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    Nord
  • Anthony Tejero | Crée le 24.10.2024 à 05h00 | Mis à jour le 24.10.2024 à 05h00
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    Germaine Thy, Marie Teriinohopuaiterai et Suzanne, toutes habitantes de Voh, se sont retrouvées à une réunion de l’Adie au centre culturel de la commune pour se renseigner sur une éventuelle reconversion professionnelle. Photo Anthony Tejero
    Des milliers de salariés et de sous-traitants ont perdu tout ou partie de leur activité depuis la mise en sommeil de KNS. Une usine sur laquelle beaucoup d’habitants de la zone avaient misé et bâti leur "vie professionnelle". Privés de ressources du jour au lendemain, l’angoisse est palpable chez certains de ces anciens employés qui, faute de projet de reconversion, se raccrochent encore à un maigre espoir : une reprise du site industriel. Témoignages.

    "On est choquées, comme sonnées". Trois mois après l’annonce de la fermeture de l’usine du Nord, Marie Teriinohopuaiterai et Germaine Thy ont encore du mal à réaliser, ou du moins à accepter cette décision qui laisse sur le carreau près de 1 200 salariés. Sans oublier les 600 entreprises sous-traitantes qui travaillaient quotidiennement sur site. C’était le cas de Marie et Germaine, qui ont sué ensemble pendant plus de dix ans dans une société de ménage pour laquelle la mine constituait "99 %" de l’activité.

    Aujourd’hui, à 49 ans et 56 ans, ces habitantes de Voh se disent "perdues". En ce jeudi matin, elles ont décidé de se retrouver pour assister à une réunion d’information de l’Adie, qui finance, conseille et accompagne les entrepreneurs dans la création et le développement de leur activité. Mais encore faudrait-il savoir comment rebondir et éventuellement se reconvertir. Trop tôt pour ces deux collègues.

    "Ici, on est tous dépendants de KNS"

    "Nous avions tout misé sur l’usine en lançant cette société en 2011. C’était notre projet de vie professionnelle, notre seule perspective, mais aujourd’hui c’est fini. On n’a pas encore d’autre d’idée de ce que nous pourrions faire. De nombreuses personnes sont dans la même situation mais à notre âge, on sait qu’on n’est malheureusement pas sur la bonne pente."

    Pour autant, Marie et Germaine, qui se retrouvent désormais "seules et sans ressources" doivent continuer de payer leurs traites : les crédits automobiles, le loyer, etc. Une source permanente de stress qu’elles ont bien du mal à évacuer, se raccrochant, comme beaucoup, au maigre espoir d’une reprise de l’usine. "Ici, on est tous dépendants de KNS alors on se dit qu’on a encore quelques mois pour y croire et qu’il y a toujours plus malheureux que nous ailleurs. En attendant, on fait attention à la moindre dépense. Avant, on remplissait le frigo, maintenant on le vide."

    "Un budget maximal à ne pas dépasser"

    Des paroles auxquelles acquiesce Suzanne, elle-même secrétaire au sein de l’usine jusqu’à la rupture de son contrat en 2019, et dont le compagnon vient, à son tour, d’être licencié de KNS. "Les salariés ont l’avantage, par rapport aux sous-traitants, d’avoir touché des indemnités de départ mais on ne tiendra que quelques mois avec. Ça part très vite, donc on se fixe un budget maximal à ne surtout pas dépasser chaque mois, confie cette mère de famille. Nous avons deux enfants scolarisés, dont un qui fait ses études en France, et encore un crédit à rembourser. Je suis de plus en plus inquiète."

    C’est pourquoi cette quadragénaire est également venue s’informer sur les aides que propose l’Adie pour tenter de rebondir. "J’essaie de voir comment je pourrais me reconvertir. Je pense notamment à la pêche, mais je ferai en fonction de ce qui nous permettra d’avoir un peu de pièces, même si c’est moins qu’avant, on fera avec. On n’a pas le choix. On essaie de rester positifs, mais si on ne trouve pas de travail, on se dit que ça va être catastrophique."

    "Notre activité ne commence à redécoller que depuis le mois de septembre"


    Gabriella Oujanou, directrice territoriale adjointe de l’Adie en province Nord, participe notamment aux réunions d’information dans la zone VKP où de nombreux salariés ont perdu leur emploi.

    Entretien avec Gabriella Oujanou, directrice territoriale adjointe de l’Adie en province Nord, qui accompagne notamment les projets de reconversion et de création d’activité.

    Qu’observez-vous au sein de l’Adie depuis l’annonce de la fermeture de KNS, principal employeur de la zone ?

    Dans un premier temps, on a été dans une phase d’accompagnement des personnes en activité, notamment de sous-traitance. Cela correspond à celles qui étaient des sous-traitants directs sur mine mais aussi indirects, comme des personnes dans la restauration qui sont fortement impactées également.

    A cette crise dans le Nord, s’est greffée une autre crise à l’échelle du pays liée aux émeutes….

    Les personnes ont alors eu besoin de rebondir très rapidement pour répondre à leurs besoins essentiels et de première nécessité, pour payer leur facture, etc. Du coup, il y a eu de petites activités autour de l’économie circulaire qui sont apparues comme les marchés sur les bords de route. Cela s’est pas mal développé dans la zone, même si cela peut aussi mettre en difficulté les pêcheurs et les agriculteurs professionnels en termes de débouchés pour la commercialisation.

    Depuis mai, vous avez noté une baisse significative des personnes accompagnées par l’Adie en province Nord. Pourquoi ?

    Dès le 14 mai, on a contacté l’ensemble de nos clients pour faire un état des lieux de leur activité et comment ils se sentaient plus personnellement. De là, on a proposé un accompagnement soit en faisant des reports de leurs échéances afin de maintenir au maximum leur trésorerie et limiter les impacts en vue qu’ils puissent reprendre plus facilement par la suite. On a également proposé des prêts à taux zéro, avec des différés de 36 mois, pour conserver de la trésorerie pendant cette crise.

    Mais notre activité ne commence à redécoller que depuis le mois de septembre. Sur l’ensemble du territoire, nous avons accompagné 90 personnes ce mois-là, dont une trentaine en province Nord. A titre de comparaison, habituellement, on finance un millier d’entrepreneurs par an dans le pays, mais le contexte actuel fait que l’activité est faible, même si on sent depuis le mois de septembre qu’il y a un rebond, que les gens ont confiance et qu’ils ont envie de recréer des activités.

    Quels sont les profils de personnes que vous recommencez à suivre sur VKP ?

    Le secteur principal qu’on accompagne et finance concerne l’agriculture, la pêche et l’artisanat.

    Avez-vous beaucoup d’anciens salariés de l’usine du Nord en reconversion actuellement ?

    Dans la zone, nous n’en avons pas encore vraiment eu car cet arrêt de l’usine est tout récent. Les gens ont pu bénéficier de revenus sociaux et d’indemnités. Cela viendra, mais plus dans un second temps.

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