- Baptiste Gouret | Crée le 18.12.2024 à 14h59 | Mis à jour le 18.12.2024 à 14h59ImprimerEnviron 500 entreprises bénéficient actuellement du chômage partiel spécifique aux exactions. Cela représentait, en novembre, un peu moins de 4 000 salariés. Photo Archives LNC/Aurélia DumtéL’État a confirmé que le dispositif mis en place en juin pour les entreprises victimes d’une perte d’activité à la suite des exactions s’arrêtera au 31 décembre. Près de 4 000 salariés sont encore concernés. Alors que l’activité n’a pas encore complètement redémarré, une partie d’entre eux pourraient être licenciés.
Nouveau coup dur pour l’économie calédonienne : après deux prolongations successives, l’État vient d’acter officiellement la fin du financement, au 31 décembre, du dispositif de chômage partiel spécifique lié aux exactions de mai. Cette allocation avait été mise en place dès le mois de juin au bénéfice des entreprises qui ont connu une perte d’activité totale ou partielle depuis le début des violences. Elle prenait en charge une partie de la rémunération des salariés (70 % du brut), pour inciter les entreprises à ne pas les licencier, en attendant un redémarrage de l’activité. Initialement prévu pour une période de trois mois, le dispositif avait été renouvelé en août puis en octobre.
Son arrêt définitif dans moins de deux semaines inquiète fortement les représentants du monde économique, mis au courant lors d’une visio-conférence avec Emmanuel Moulin, à la tête de la mission interministérielle consacrée à la Nouvelle-Calédonie. "Ça va entraîner une vague de licenciements massive", présage Cédric Faivre, délégué général du Medef.
Une fin soudaine
Si le nombre de bénéficiaires a largement chuté ces derniers mois, le chômage partiel exactions concernait toujours entre 500 et 600 entreprises en novembre, soit environ 4 000 salariés, selon les chiffres communiqués par la Cafat. À partir de janvier, elles auront le choix entre réembaucher leurs salariés en temps plein, malgré une activité encore limitée, ou les licencier. "Même si seulement un tiers d’entre elles décident de licencier, ça va encore venir s’ajouter aux 16 % d’emplois détruits depuis la crise", déplore Cédric Faivre.
Barbara Vlaeminck, gérante de Socometal, est confrontée à ce dilemme. Son entreprise, spécialisée dans la chaudronnerie industrielle et navale, a perdu 70 % de son chiffre d’affaires depuis le mois de mai. Sur les 28 salariés qu’elle embauchait, elle en a gardé 17, tous en partie rémunérés par le chômage spécifique exactions. Sept mois après les premières violences, l’activité n’a pas redémarré. Pour elle, "la fin du chômage partiel arrive bien trop tôt". "On a perdu une usine métallurgique, 25 % de notre PIB, et on n’est toujours pas dans une phase de reprise", constate la cheffe d’entreprise, qui n’envisage pas de réembaucher la totalité de ses salariés à temps plein.
Les atermoiements de l’État ces derniers mois sur le maintien ou non du chômage partiel spécifique l’ont toutefois conduite à préparer ses équipes à une telle situation. "On a parlé avec nos salariés pour étudier une baisse de leur temps de travail", raconte Barbara Vlaeminck. Des efforts ont été consentis sur les rémunérations, "y compris aux postes de direction". À l’approche d’une période habituellement creuse pour le secteur, la gérante de Socometal envisage également de lisser le temps de travail de ses employés sur plusieurs mois. "On essaie de s’emparer du peu d’outils dont on dispose", explique-t-elle, déplorant la rigidité du Code du travail "conçu pour une économie fonctionnel que nous ne connaissons plus".
Des plans de licenciements coûteux
Toutes ces solutions n’empêcheront pas Socometal, comme d’autres entreprises, de devoir sérieusement envisager des licenciements. "On a déjà une procédure en cours, qu’on espère ne pas avoir à mener jusqu’à son terme", rapporte Barbara Vlaeminck. Cette situation pourrait augmenter la précarité en Nouvelle-Calédonie, mais aussi vider le territoire de ses talents, alerte le Medef. "Certaines personnes qualifiées, qui gagnent bien leur vie, vont passer au régime du chômage de droit commun, soit 75 % du SMG, fait remarquer Cédric Faivre. Une telle chute de revenus va forcément provoquer un exode, on va perdre des compétences et des consommateurs, c’est un cercle vicieux."
Par ailleurs, les plans de licenciements risquent, paradoxalement, de placer certaines entreprises dans une situation financière encore plus délicate. "Quand il va falloir payer deux à cinq mois de préavis par salarié, ça va augmenter le risque de cessation de paiements", signale le délégué général du Medef. Une inquiétude partagée par Barbara Vlaeminck. "Un plan social, c’est trois mois de procédure, ce qui nous obligerait à supporter des charges salariales alors que nous n’avons plus d’activité", dit la cheffe d’entreprise.
Des craintes que les responsables économiques ont eu l’occasion d’exprimer lors de l’échange avec Emmanuel Moulin. "On a fait plusieurs propositions, comme baisser les indemnités du chômage partiel ou revoir celles du chômage de droit commun, pour éviter une chute trop importante des revenus", révèle Cédric Faivre. Aucune n’a été retenue. En l’absence de gouvernement national et sans budget pour 2025, les aides risquent de se faire de plus en plus rares pour la Nouvelle-Calédonie.
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