- Sarah Maquet | Crée le 29.07.2019 à 04h25 | Mis à jour le 29.07.2019 à 07h07ImprimerBeaucoup de pêcheurs, notamment des îles ou du nord, ne s’immatriculent pas. Une économie informelle dont la part n’est pas connue. Photo S.M.MARITIME. Une table ronde s’est tenue vendredi, lors de la Journée de la mer à Nouméa, pour parler du financement des projets maritimes. Les 35 participants ont souligné un manque de soutien.
Les témoignages s’enchaînent et se ressemblent. Beaucoup d’entrepreneurs du monde de la mer ont connu, comme Régis Bador, fondateur en 2012 d’Innov’Aquaculture, l’euphorie de la création d’entreprise puis la grande solitude du dirigeant.
« Il y a beaucoup d’aide au début, moi j’ai été soutenu par Initiative NC durant deux ans, pour un prêt à taux zéro et comme caution auprès des banques. Ensuite ça se complique. » Innov’Aquaculture emploie aujourd’hui un salarié et poursuit sa quête de financement. « J’ai de nouvelles idées alors je reprends mon bâton de pèlerin mais le domaine de la mer n’a pas la cote chez les banques, il est considéré comme à risques, trop immatériel ou risqué car empiétant sur le domaine public. Il est impossible, par exemple, de savoir combien il y a de crevettes dans un bassin, alors que tout éleveur peut être certain de la taille de son cheptel, pour les banques ça fait une différence. »
Dans son étude de 2017, l’Observatoire économique maritime a recensé (sur 270 entreprises sondées) 55,5 % d’entreprises sans salarié, 30 % de TPE (de 1 à 9 salariés), 11,5 % de PME (de 10 à 50 salariés) et seulement 5,2 % d’entreprises de 21 à 50 salariés et 1,5 % avec plus de 50 salariés. Parmi ces entreprises, celles ayant un besoin de financement compris entre 1,2 et 3 millions de francs sont les moins bien couvertes par les dispositifs en place.
Pour Alexandre Rutecki, directeur de l’Association pour le droit à l'initiative économique (Adie), le combat de l’économie maritime se situe bien à ce niveau. L’Adie a accompagné, l’année dernière, 80 patrons pêcheurs avec 50 millions de prêts (sous forme de microcrédit). « Aujourd'hui nous finançons des projets jusqu’à 1,2 million de francs mais vu les besoins nous sommes en discussion avec les provinces pour relever notre seuil à 1,6 million. »
Ouvrir plus de formations
Pour les entreprises plus importantes le financement néo-calédonien est « bien pourvu », selon Eric Dinahet, chargé de l'économie et de la fiscalité au Medef-NC, qui a animé la table ronde organisée vendredi par le cluster maritime de Nouvelle-Calédonie, lors de la Journée de la mer. L’année dernière, plus de 100 milliards de francs ont été accordés aux entreprises (tout domaine confondu) du territoire (+ 9,6 % par rapport à 2017). En Calédonie, le taux d'investissement des sociétés non financières atteint 30 % du PIB (contre 23,3 % en Métropole).
Dans le secteur maritime, pour les entreprises plus importantes qui ont accès, par exemple, à des mécanismes d'aide comme la double défiscalisation, le besoin se situe plus au niveau de la simplification administrative, demandée par tous les professionnels, et de la formation. « On regarde du côté du Fonds interprofessionnel d'assurance formation de Nouvelle-Calédonie (le Fiaf-NC), a expliqué Eric Dinahet, car ils ont un budget annuel de plus de 300 millions pour la formation. »
Séverine Zimmer, directrice du Fiaf-NC, confirme la volonté de soutenir davantage le secteur maritime : « on finance en ce moment un diplôme de Capitaine 200 par exemple. » L’autre demande des professionnels serait d’ouvrir l’accès au financement Fiaf aux patentés, catégorie majoritaire dans le secteur maritime. « Pour cela, des discussions interprofessionnelles sont en cours », répond Séverine Zimmer.
Réduire l'économie informelle
« J'ai l'impression que dans nos échanges, nous avons balayé assez vite la question de l’immatriculation, comme s’il s'agissait d'une simple formalité administrative, reprend Alexandre Rutecki, suite à la table ronde de vendredi, à cause de cela je pense qu'on sous-estime le poids de l'économie informelle dans le monde maritime ». Aucune étude n'existe à ce jour pour chiffrer la part de cette économie informelle. Mais les exemples, hors Nouméa, se trouvent facilement. « Encourager le pêcheur d'Ouvéa ou de Lifou à vendre son poisson localement avec un ridet permet, pour la société, de récupérer des impôts et, pour lui, d'avoir des aides et d'embaucher : c'est un pari pour l'emploi local et le rééquilibrage », conclut Alexandre Rutecki.
Un exemple des difficultés qui font, selon l'Adie, hésiter beaucoup de professionnels à s'immatriculer : la gestion de l'entreprise. « Tout chef d'entreprise n'est pas obligatoirement bon en comptabilité ou en gestion des archives, explique Régis Bador, et pourtant on ne peut pas se payer les services d'experts quand on travaille seul ou avec un salarié. J'ai entendu parler de groupement de petites entreprises pour se payer l'aide d'un comptable, ce pourrait être une bonne solution pour moi ».
Le point positif pour le gérant d'Innov'Aquaculture : le savoir-faire calédonien et les idées. « Ce territoire compte beaucoup de petites entreprises dynamiques. Certes, collectivement, nous avons encore une grande marge de progression mais il y a encore de nombreuses solutions inexploitées devant nous et c'est tant mieux ».
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