- Anthony Tejero | Crée le 07.06.2024 à 19h21 | Mis à jour le 07.06.2024 à 19h27ImprimerÀ Dumbéa, de nombreuses entreprises ont été pillées et incendiées. Photo Anthony TejeroLe haut-commissaire a précisé, ce vendredi, les contours des mesures d’urgence débloquées par l’État au monde économique frappé de plein fouet par les émeutes. Si le ministre de l’économie Bruno Le Maire avance une enveloppe de 12 milliards de francs pour les trois prochains mois, ce montant pourrait encore évoluer. Explications.
Un bilan qui s’alourdit
Jour après jour, le triste bilan des émeutes s’affine et les chiffres s’alourdissent. Ce vendredi, le haut-commissaire Louis Le Franc a ainsi annoncé que 570 sociétés ont été détruites ou gravement endommagées, ce qui laisse près de 6 000 salariés sur le carreau.
Les dégâts, et le coût de la reconstruction, sont quant à eux estimés à 180 milliards de francs (1,5 milliard d’euros). Dans ce contexte, "les chefs d’entreprise ne pourront pas se redresser seuls", assure le haussaire, qui a convié la presse pour le répéter : "l’État sera là pour soutenir les entreprises et fera le nécessaire pour que les financements complets soient là."
Alors que le ministre de l’économie a dévoilé, mercredi, les premières mesures d’urgence actées pour venir en aide aux sociétés sinistrées, le représentant de l’État a détaillé cet arsenal de dispositifs qui comprend trois étapes.
Étape 1 : l’aide d’urgence
Le temps de l’urgence est d'abord déclaré, via un fonds de solidarité pour venir au plus vite en aide aux TPE et PME (très petites, petites et moyennes entreprises). Le plafond total de l’aide sur un mois et demi (mi-mai à juin) sera donc de 9 000 € (soit 1,08 million de francs environ).
Par ailleurs, cette phase comprend également un dispositif de chômage partiel qui sera financé à hauteur de 50 % par l’État et donc à 50 % par le gouvernement. Du moins, à ce stade. Pour rappel, Thierry Santa, le membre du gouvernement en charge du travail, a chiffré à 27 milliards de francs le coût du chômage cette année pour les employés touchés par cette crise, une somme que la Nouvelle-Calédonie sera "incapable de supporter seule".
Dans ce contexte, l’État avance un montant de 12 milliards de francs qui sera débloqué "au plus vite" sur une période de trois mois. Une enveloppe qui comprend donc le fonds de solidarité et le chômage partiel.
Le Haut-commissaire Louis Le Franc a convié la presse, ce vendredi après-midi, au haussariat. Photo A.T.Étape 2 : Évaluer les besoins des plus grosses entreprises
Le Froid, Biscochoc, Carrefour, Monsieur bricolage, Décathlon… De nombreuses grosses entreprises ont également été entièrement détruites. Pour ces enseignes, un comité de suivi est en cours de création avec pour objectif d’évaluer "plus finement" leurs besoins. Autrement dit, ces sociétés feront quant à elles l’objet d’une évaluation personnalisée et d’un accompagnement au cas par cas.
Un guichet unique sera d’ailleurs mis en place pour ces entreprises.
Étape 3 : identifier une stratégie de reconstruction
Très vite, les institutions et acteurs économiques vont devoir se poser la question de comment reconstruire. Des travaux auquel s’attellera plus particulièrement le comité de suivi "de haut niveau" suivi de près par les ministres Bruno Le Maire et Marie Guévenoux.
"Il s’agit de trouver de quelle stratégie de développement veut-on pour la Nouvelle-Calédonie ? indique Louis Le Franc. Aujourd’hui, l’économie est très centrée autour du nickel, qui est un atout majeur pour la Nouvelle-Calédonie. Mais reste-t-on sur ce modèle ou allons-nous vers un nouveau modèle, dont la stratégie globale inclut également l’agriculture, le tourisme, etc. C’est ce nouvel équilibre qu’il faudra trouver."
Des mesures appelées à évoluer ?
Au lendemain des annonces de Bruno Le Maire, les acteurs du monde économique ont réuni la presse pour alerter l’opinion que ces aides sont, à ce stade, "très insuffisantes". De même, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, compétent en matière d’économie mais confronté "à un problème majeur de trésorerie" ne pourra sans doute pas supporter le financement de 50 % du montant du chômage partiel. "Ces 12 milliards, disons que c’est un premier chiffre et que ce montant va certainement évoluer au fil des expertises, crois savoir Louis Le Franc, qui précise que "les doléances du monde économique ont été prises en compte (par l’État) et que ce dispositif sera sûrement réévalué."
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