À rond-point de Magenta, quelques Nouméens sont sortis constater l’ampleur des dégâts sur cet axe majeur qui a été un haut lieu des exactions la veille.

Deux-roues, chariots, bouteilles de gaz… Tout a été entassé et incendié sur la chaussée à la nuit tombée. Ce mardi matin, l’heure est à l’amertume et à l’incompréhension. "Je suis triste et très choquée de voir ça. Ça n’a rien à voir avec notre revendication, c’est n’importe quoi", glisse cette riveraine de 40 ans, qui a assisté, impuissante depuis chez elle, à cette flambée de violence.

Dans ce secteur, comme dans tant d’autres quartiers, les commerces ont été dégradés, quand ce n’est pas pillé. À l’image de la boutique Presto Pizza ou encore du Mini-Marché, géré depuis plus de vingt ans par Jean-Philippe Favan, qui a raconté aux Nouvelles calédoniennes, sa nuit de stress et d’angoisse.

Dans la matinée, l’inquiétude des pompiers et des autorités concernait notamment la société Le Froid, à Montravel, incendiée dès la veille, et dont le panache noir de fumée dominait tout Nouméa.

Principale préoccupation pour les autorités : la présence "d’une trentaine d’individus", la plupart très jeunes, au sein de l’usine de la société. Lors d’une conférence de presse, organisée ce mardi en fin de matinée, le haut-commissaire a demandé aux occupants de l’usine de quitter instamment les lieux pour leur propre sécurité car "deux cuves d’hydrogène sous pression menacent d’exploser". L’éventuelle déflagration pourrait atteindre une zone d’environ "300 mètres" autour de l’usine. "Nous n’arrivons pas à les déloger ni à communiquer avec eux, déplorait Louis Le Franc. Ils ne se rendent pas compte du danger qu’ils courent."

En parallèle, dès la fin de la matinée, la tension est également encore montée d’un cran supplémentaire dans le secteur de Tuband où des jeunes de bandes opposées ont décidé d’en découdre, à quelques pas du rond-point de l’Eau-Vive pris pour cible dès la veille au soir.

Un dispositif de policiers armés était positionné en marge des exactions. À noter que les forces de gendarmerie supplémentaires (brigades mobiles et GIGN) demandées par le haut-commissaire "sont engagées" et devaient partir de l’Hexagone sous peu. Aucune date de leur déploiement sur le Caillou n’a toutefois été communiquée par Louis Le Franc.

Actuellement, 700 policiers sont mobilisés à Nouméa, soutenus par 600 gendarmes et 600 gendarmes mobiles également déployés dans le reste de l’agglomération.

En fin de journée, alors que le couvre-feu se profilait à partir de 18 heures, des habitants de plusieurs quartiers, comme ici à l’entrée de Ouémo, s’organisaient avec les moyens du bord pour assurer leur sécurité alors qu’à la Vallée-du-Tir, des habitants ont été sortis de leurs domiciles par les manifestants avant que leurs habitations soient brûlées sous leurs yeux.

À la tombée du jour, les fumées des incendies dominaient toujours Nouméa, alors que le couvre-feu, en place depuis 18 heures, se profilait. Une nuit de stress, si ce n'est d'angoisse, s'annonçait pour bon nombre d'habitants de l'agglomération où les tirs retentissaient toujours.