- Baptiste Gouret | Crée le 18.01.2024 à 14h19 | Mis à jour le 18.01.2024 à 14h19ImprimerUn record absolu de sécheresse a été enregistré en novembre et décembre 2023. Photo Archives LNC/Nicolas PetitLe retour du phénomène El Niño en 2023 a entraîné des périodes de sécheresse historiques, sans empêcher des précipitations record en milieu d’année générées par une température de l’océan particulièrement élevée. Des épisodes inattendus liés à un réchauffement climatique mondial qui s’accélère, indique Météo France dans son bilan annuel.
Trois phases en une année
D’un point de vue météorologique, l’année 2023 a été spéciale. En effet, elle a été marquée par trois phases consécutives distinctes : la Niña jusqu’en février, favorable à un temps humide, une phase de conditions neutres entre mars et mai et enfin l’arrivée d’El Niño, à partir du mois de juin, marquée par des pressions atmosphériques en hausse entraînant un temps sec dans le Pacifique sud-ouest.
Une période de mai à juillet étonnement sèche
Si le passage de ces trois phases avait bel et bien été anticipé, 2023 a toutefois "défié les prévisions saisonnières", fait remarquer Thomas Abinun, météorologue à Météo France. L’année s’est découpée en quatre périodes, alternant les records de pluie et ceux de sécheresse de façon relativement inattendue. Entre janvier et avril, les résidus de La Niña ont maintenu un temps instable avec des épisodes pluvieux "classiques" pour cette période de l’année. Dès le mois de mai, l’augmentation des pressions atmosphériques a marqué l’arrivée d’El Niño. Rapidement, un temps très sec s’est installé, avec des précipitations en baisse de 75 %. La période de mai à juillet a atteint des records, se plaçant au deuxième rang des périodes les plus sèches après 1957. De quoi faire "craindre le pire" aux prévisionnistes, qui misaient déjà sur un deuxième semestre 2023 similaire entraînant un risque de feu permanent.
Des épisodes pluvieux "complètement inattendus"
Mais, alors qu’El Niño montait en puissance, trois importants épisodes de pluies ont frappé la Nouvelle-Calédonie entre août et octobre, ajoutés au passage d’un des cyclones les plus précoces jamais observés, fin octobre. Résultat : +124 % de pluies sur cette période, un nouveau record après celui de l’année précédente (+174 % entre août et octobre 2022). Quatre épisodes pluvieux "remarquables et complètement inattendus", admet Thomas Abinun. En cause : des eaux anormalement chaudes qui ont persisté sur le sud-ouest du Pacifique jusqu’en septembre, favorisant l’instabilité des conditions météorologiques.
Record de sécheresse absolu
Finalement, en novembre, le phénomène El Niño a atteint sa pleine maturité, générant un important déficit de pluie : -70 % sur les deux derniers mois de l’année. La période a même affiché un record absolu de sécheresse depuis le début des mesures, en 1955. Avec 50 jours d’alizés secs et soutenus entre le 29 octobre et le 18 décembre, les incendies se sont multipliés. Le 11 décembre, Météo France publiait une carte du risque de feux de forêt avec l’ensemble des communes de la Grande Terre placées en vigilance extrême.
Une année fraîche dans un contexte de réchauffement
Dans le monde, 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée : +1,48 °C en plus par rapport à l’ère pré-industrielle (1850-1900). Une tendance qui s’observe également en Nouvelle-Calédonie ces 50 dernières années. Toutefois, l’année 2023 se démarque grâce au retour d’El Niño. La température moyenne sur le Caillou s’établit ainsi à 23,5 °C, soit l’année la plus fraîche depuis 2007, à égalité avec 2019 et 2013. La température la plus élevée a été mesurée à Bouraké, avec 37,2 °C enregistrés le 25 décembre, et la plus basse le 19 août à Port Laguerre, avec 4,8 °C.
El Niño en déclin
Quid des mois à venir ? Le premier trimestre 2024 devrait rester marqué par la présence d’El Niño, avec des pluies inférieures aux normales de saison, avant d’amorcer son déclin. Pour la suite, il est encore trop tôt pour le dire. "On a peu de prévisibilité au-delà d’avril", signale Thomas Abinun. Peu de doutes cependant sur le fait que 2024 soit l’année la plus chaude, détrônant 2023. Sans la protection du phénomène El Niño, "ces excès de chaleurs devraient concerner également la Nouvelle-Calédonie".
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