- Anthony Tejero | Crée le 30.07.2024 à 18h48 | Mis à jour le 30.07.2024 à 18h48ImprimerA l'usine de Doniambo, près de 300 salariés sont touchés par le chômage partiel. Photo Archives LNC / Yann MainguetAlors que l’activité tourne au ralenti à la SLN depuis le début des émeutes, avec des sites totalement à l’arrêt sur la côte Est, comment l’industriel, dont les finances étaient déjà dans le rouge avant le 13 mai, tente-t-il de surmonter cette énième crise ?
Pas de menace imminente sur les fours
Les fours de l’usine de Doniambo ont un besoin impérieux de minerai pour continuer de tourner en continu afin de ne pas dégrader cet outil de production. Concrètement, la SLN doit écouler entre 5 000 et 6 000 tonnes de minerai par jour pour faire tourner ses fours. Or lorsque le stock stratégique disponible à Doniambo passe sous la barre des 100 000 tonnes, la pérennité même de l’usine est menacée. Avec la crise déclenchée par les exactions, synonyme d’une baisse drastique de l’activité minière dans le pays, l’industriel s’est déjà trouvé dans cette phase critique avec un volume ne lui permettant alors de tenir que jusqu’au 2 août.
Mais grâce aux acheminements par bateau depuis les sites de Tiébaghi, à Koumac, et de Népoui, à Poya (où l’activité a pu reprendre depuis une dizaine de jours après un mois et demi de blocage), la date limite avant d’entamer ce stock stratégique est d’ores et déjà repoussée au début du mois de septembre.
Une majorité de salariés au chômage partiel
Sans surprise, une grande partie des quelque 2 200 salariés que compte la SLN sont placés au chômage partiel. Sur les mines, près de 1 050 employés sont concernés contre 300 au sein de l’usine de Doniambo. Ce dispositif concerne des personnes qui n’ont plus aucun travail et d’autres qui ont une activité à temps partiel en fonction des sites.
Selon nos informations, aucun plan social n’est, à ce jour du moins, envisagé par la direction.
Activité au point mort sur la côte Est
Les mines de la SLN sur la côte Est, dans les communes de Thio et de Kouaoua sont totalement à l’arrêt et cibles de dégradations en série, en particulier depuis les émeutes du 13 mai. À titre d’exemple, la serpentine de Kouaoua a été incendiée à une dizaine de reprises. Des intrusions régulières sont également à signaler sur les mines de Thio où des engins et autres véhicules sont soit volés, soit détruits.
Si le calme et le dialogue semblent de retour sur la commune de Kouaoua où une évaluation des dégâts est en cours auprès des principaux acteurs concernés, ces derniers se pencheraient sur les modalités d’une éventuelle reprise prochaine de l’activité.
À Thio, la situation est figée depuis maintenant quatre mois. Pour rappel, en raison d’un conflit avec des riverains du bord de mer, qui demandaient à l’industriel de réhabiliter la route, l’activité n’a plus jamais repris. Si le relais local de la CCAT aurait "plutôt" la volonté de protéger les outils de production, les actes de délinquance, eux, restent monnaie courante. Dans cette commune, la reprise (si reprise il y a) sera beaucoup plus longue. Une situation qui devient critique au fur et à mesure que les semaines passent, puisque le dispositif de chômage partiel dont bénéficient ces employés n’est prévu que pour une période maximale de 6 mois, ce qui ne leur laisse plus deux mois de marge de manœuvre.
Des pertes très lourdes en 2024
Le groupe minier français Eramet a récemment annoncé avoir subi, de janvier à juin 2024, sa première perte nette semestrielle depuis 2020 (- 4,9 milliards de francs), en partie liée aux mauvais résultats de la SLN qui a enregistré un déficit de près de 8,6 milliards de francs. Des comptes plombés donc par sa filiale calédonienne qui craint des pertes de nouveau équivalentes pour le second semestre de l’année, en raison d’une activité très ralentie. Production estimée d’ici fin 2024 : près de 2 500 tonnes par mois, contre 4 000 avant les exactions.
Deux aides de l’État
Depuis le 13 mai, pour surmonter cette énième crise qui secoue la filière, l’État a accordé à deux reprises des aides pour un montant total de 160 millions d’euros, soit plus de 19 milliards de francs. Une enveloppe dédiée au fonctionnement de l’industriel (déjà placé sous mandat ad hoc pour éviter la cession de paiements) qui a été versée sous la forme de TSDI (titres subordonnés à durée indéterminée).
Prochaines échéances en septembre
Dans ce contexte pour le moins morose, la SLN a désormais les yeux rivés sur le mois de septembre où plusieurs échéances l’attendent. À commencer par la date butoir avant d’entamer son stock stratégique. Mais aussi la nomination du futur gouvernement, à Matignon, qui aura forcément une attention particulière sur le dossier du nickel calédonien et sur le suivi des propositions émanant du pacte du nickel, initialement proposé par le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Pour rappel, selon la direction, la SLN représente à elle seule 10 000 emplois directs et indirects en Nouvelle-Calédonie. Et ce, alors que KNS vient d’annoncer préparer le licenciement de 1 150 des 1 200 salariés de l’usine du Nord.
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