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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 23.04.2024 à 18h02 | Mis à jour le 25.04.2024 à 09h32
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    Roch Wamytan a officiellement répondu aux sollicitations de la presse, ce mardi 23 avril. Photo Anthony Tejero
    Alors que l’élue UC-FLNKS Omayra Naissleine vient de signer à Bakou, au nom du Congrès, un "mémorandum de coopération" avec l’Azerbaïdjan, suscitant l’indignation des non-indépendantistes qualifiant ce pays de dictature, le chef de l’assemblée du boulevard Vauban a défendu, ce mardi, son initiative. Pour Roch Wamytan, cette "relation d’amitié" est essentielle pour "constituer un réseau international" de soutien à l’accès vers la pleine souveraineté. Quant au conflit meurtrier qui a fait fuir des milliers d’Arméniens de cet État caucasien, l’élu estime que "c’est un caillou dans la chaussure" dans ce dossier mais "qu’il n’a de leçons à recevoir de personne".

    Initialement, Roch Wamytan "n’avait pas l’intention de communiquer" sur ce qu’il considérait "ne pas être un sujet". Mais face au tollé qu’a provoqué, chez les non-indépendantistes, la signature d’un "mémorandum de coopération" entre l’Azerbaïdjan et l’élue UC-FLNKS et nationalistes Omayra Naisseline, au nom du Congrès, le 18 avril, à Bakou, le chef de l’assemblée du boulevard Vauban a officiellement répondu aux sollicitations de la presse, ce mardi après-midi.

    Une intervention de près d’une heure et un long argumentaire préparé en amont en forme de plaidoyer en faveur de ce pays, considéré par bon nombre d’observateurs internationaux comme une dictature.

    Le président du Congrès a d’abord rappelé que cette signature est née du rapprochement entre le FLNKS et cet État, membre du mouvement des pays non alignés, "qui défend le droit international et des peuples à disposer d’eux-mêmes" avant que cette "relation politique bascule vers cette coopération interparlementaire", qui implique désormais toute une institution calédonienne.

    "Nous sommes obligés de nous tourner vers des pays extérieurs"

    "L’Azerbaïdjan, dans son discours de défense du droit international, est un levier afin de nous constituer un réseau à l'international. Nous sommes obligés de nous tourner vers des pays extérieurs pour appeler au secours", martèle le président du Congrès, qui assume que cette ancienne république soviétique "aide d’abord le FLNKS qui représente les gens d’ici".

    Par ailleurs, Roch Wamytan, qui assure que les frais de ce déplacement ont intégralement été pris en charge par le gouvernement azéri, insiste sur un point : "Ce mémorandum ne constitue pas un accord international contraignant", mais scelle avant tout "des relations d’amitié", "au même titre" que celles qu’il a conclues auparavant avec de nombreux autres territoires (Salomon, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Corse, Catalogne, Bruxelles Wallonie, etc.)


    La présidente du Milli Medjlis (l’assemblée azérie), Sahibé Gafarova et l’élue indépendantiste au Congrès Omayra Naisseline, ont signé ce mémorandum, le 18 avril, à Bakou. Capture d'écran

    Pour autant, cette signature ouvre également "le champ des possibilités" dans différents secteurs, "à commencer par la jeunesse" où des programmes d’échanges et des camps de vacances pourraient être mis en place entre ces deux territoires, tout comme des bourses d’études accordées par l'Azerbaïdjan aux Calédoniens.

    Et ce, en dépit des relations actuellement très tendues entre la France et cette république du Caucase, en particulier depuis le conflit meurtrier qui a éclaté en 2021 dans la région du Haut-Karabagh, contraignant des milliers d’Arméniens à fuir le pays. "Un caillou dans la chaussure", concède Roch Wamytan, qui estime que "l’on peut peut-être parler d’épuration ethnique" de la part de l’Azerbaïdjan mais assure éprouver "une grande compassion pour ces Arméniens qui ont tout perdu."

    "La France a des relations avec de nombreux pays autoritaires"

    Néanmoins, le Congrès "ne se trompe pas" en nouant des relations avec cette république caucasienne, martèle son président "qui n’a de leçons à recevoir de personne" et encore moins de la France " qui a fait la même chose ici en tuant tous les chefs tribaux et en chassant toutes les tribus autour de Nouméa."

    En guise de conclusion, Roch Wamytan estime que ce mémorandum "n’implique pas de relations d’ingérence et d’instrumentalisation contrairement à ce que fait la France avec de nombreux pays autoritaires et régimes répressifs comme le Togo, le Tchad ou encore Djibouti". Le chef du Congrès estime d’ailleurs que, selon lui, l’Hexagone entretient encore d’importants liens économiques avec l’Azerbaïdjan, alors "pourquoi vouloir diaboliser à ce point ce pays ?"

    Toujours est-il, l’élu affirme qu’il n’annulera pas cette déclaration d’intention, comme le demandent les non-indépendantistes, "sauf si le tribunal l’y oblige".

    "C’est une honte pour notre institution"

    Cette signature ne passe pas du tout dans les rangs des non-indépendantistes, dont l’ensemble des groupes au Congrès assurent ne pas avoir été mis au courant de l’initiative prise par Roch Wamytan. Calédonie ensemble fustige ainsi les propos d’Omayra Naisseline, qualifiant l’Azerbaïdjan de "véritable exemple" pour la Nouvelle-Calédonie et condamne cette signature à bien des égards.

    "Un représentant du Congrès n’a nullement vocation à s’exprimer au nom d’un parti politique – quel qu’il soit – mais au nom de l’institution et de l’ensemble de ses élus", estime Calédonie ensemble, rappelant que l’Azerbaïdjan est une dictature et un État classé 162e sur 180 pays par Reporters sans frontière, en matière de liberté de la presse.

    "Ce déplacement aurait dû être effectué au titre du FLNKS, et non au nom du Congrès. C’est une honte pour notre institution", martèle le parti, qui demande qu’une session extraordinaire du Congrès soit organisée "dans les meilleurs délais afin d’une part, que des explications soient données à l’Assemblée, et que, d’autre part, ce mémorandum soit officiellement déclaré nul et non avenu."

    "Cet accord vise uniquement à servir les objectifs des indépendantistes"

    Une demande également formulée par les groupes Loyalistes-Le Rassemblement, qui ont "saisi" le procureur de la République Yves Dupas.

    "Madame Naisseline n’a reçu aucun mandat de la part du Congrès pour mener cette mission et ne dispose pas des responsabilités suffisantes pour que sa parole engage celle du Congrès. Conformément à l’accord de Nouméa, les institutions politiques locales ne possèdent pas de compétences en matière de relations internationales en dehors de la zone Pacifique, à laquelle l’Azerbaïdjan n’appartient pas, assure l’intergroupe dans un courrier adressé à Roch Wamytan. La Nouvelle-Calédonie ne partage aucun intérêt politique, économique ou social avec l’Azerbaïdjan. Cet accord vise uniquement à servir les objectifs des indépendantistes, qui se positionnent comme la cheville ouvrière de la volonté de déstabilisation de la France par le régime de Bakou. Nous regrettons que le groupe UC-FLNKS et Nationalistes s’associe à un État qui se positionne contre la France et qui s’est, de surcroît, rendu coupable de crimes horribles contre sa propre population. Le Congrès doit uniquement poursuivre l’intérêt général des Calédoniennes et des Calédoniens. "

    "Une base juridique en vue d’une coopération bilatérale"

    Selon l’Agence de presse nationale d’Azerbaïdjan, lors de la cérémonie de signature, la présidente du Milli Medjlis (l’assemblée azérie), Sahibé Gafarova a déclaré que ce mémorandum était "important en termes de création de la base juridique pour le développement des relations entre les deux parlements et définirait le cadre de la coopération bilatérale."

    À ce titre, "un certain nombre de points importants sont reflétés dans le mémorandum", dont " l’intention de développer la coopération interparlementaire dans le but de renforcer les relations amicales entre les peuples d’Azerbaïdjan et de Nouvelle-Calédonie".

    À cet égard, "des visites mutuelles de délégations sont prévues en vue de contribuer à l’établissement des relations permanentes entre les organes des parlements des deux pays, ainsi que d’étudier et de partager les expériences de l’activité parlementaire et internationale."

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