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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 20.09.2024 à 16h15 | Mis à jour le 20.09.2024 à 16h15
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    La date du 24 septembre, Fête de la citoyenneté et anniversaire de la prise de possession, pourrait raviver les tensions. Photo Archives LNC/Julien Cinier
    Alors que l’inquiétude d’une reprise des violences monte à l’approche de cette date symbolique, environ 6 000 membres des forces de l’ordre seront mobilisés sur le territoire ce week-end. Longtemps redoutée, la déclaration unilatérale d’indépendance n’aura pas lieu, contrairement à celle proclamant la souveraineté des chefferies. On fait le point sur ce qu’on sait d’un mardi placé sous haute surveillance.

    Un dispositif de sécurité hors norme

    Jamais la Nouvelle-Calédonie n’a accueilli autant de forces de sécurité. Avec l’arrivée de 700 gendarmes supplémentaires en prévision du long week-end du 24 septembre, anniversaire de la prise de possession de l’archipel par la France, le territoire compte désormais "41 unités de force mobile", soit environ "6 000 gendarmes, policiers et pompiers", dévoile Théophile de Lassus, directeur de cabinet du haut-commissaire. "C’est un dispositif considérable, l’effectif est sept fois plus important que ce qui était en place le 13 mai." "Un effort inédit" et la preuve d’une "montée en puissance", confirme le général Nicolas Matthéos, commandant de la gendarmerie nationale. Les forces de l’ordre, déployées sur l’ensemble du territoire, ont pour consigne d’accroître leur vigilance dès ce week-end, à l’approche de l’échéance du 24 septembre, jour placé sous haute surveillance. Ça commencera dès ce vendredi soir, avec la multiplication des contrôles routiers pour "éviter une éventuelle arrivée à Nouméa de personnes avec de mauvaises intentions", expose le général.

    La sécurité sera également renforcée "dans les zones déjà marquées par les violences" dans l’agglomération ces derniers mois. À Nouméa, une attention particulière sera portée sur les quartiers populaires et "la zone de Ducos", indique Jean-Marie Cavier, directeur de la police nationale. L’objectif est clair : que le 24 septembre se déroule "le plus sereinement possible", insiste Théophile de Lassus. "C’est avant tout la Fête de la citoyenneté, ce n’est pas une date qui doit diviser. Nous réagirons au moindre trouble à l’ordre public."

    Outre ce dispositif, le haut-commissariat a déjà annoncé un durcissement des mesures administratives : le couvre-feu est étendu de 18 heures à 6 heures jusqu’au matin du 25 septembre. Réautorisée quelques semaines, la vente d’alcool à emporter est de nouveau interdite.

    Une déclaration d’indépendance ?

    "Notre souveraineté ne pourra qu’être immédiate, pleine et entière et non négociable. Nous proposons le 24 septembre 2024 pour la déclarer, ce sera aussi le début d’une nouvelle mandature avec de nouvelles élections. Notre souveraineté devra être irréversible", avait déclaré Daniel Goa, président de l’Union calédonienne, en ouverture du comité directeur du parti organisé le 8 juin à Canala. L’ultimatum avait rapidement provoqué un tollé, notamment chez les non-indépendantistes. Deux jours après, l’Union calédonienne avait rétropédalé : la date proposée était en fait celle du 24 septembre 2025, pas 2024. Alors qu’en sera-t-il réellement ?

    "Le 24 septembre 2024, ce ne sera pas le bordel, assure Marcel Toyon, président de l’association Action solidaire et membre de la CCAT, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Il y a des rumeurs qui courent, mais ce ne sera pas ça, ne tombez pas dans le piège des fake news. Ce sera juste avec Inaat ne Kanaky et la souveraineté des chefferies. Ce ne sera pas la déclaration d’indépendance de la Kanaky."

    La souveraineté des chefferies

    Ce qu’évoque Marcel Toyon, c’est la fameuse "déclaration unilatérale de souveraineté des chefferies sur leurs territoires coutumiers" prévue par Inaat ne Kanay pour le 24 septembre. Le conseil des grands chefs, dirigé par Hippolyte Sinewami, qui a récemment démissionné de son poste au Sénat coutumier, veut faire de cette date un moment dédié au renforcement du pouvoir des chefferies. D’abord prévue à Balade (Ouégoa), la manifestation a été rapatriée à Gureshaba, La Roche, sur l’île de Maré. Les représentants des aires coutumières, les chefferies ainsi que des invités institutionnels (ONU, État, gouvernement calédonien) sont attendus dès le lundi 23 septembre. La cérémonie officielle débutera le matin du mardi 24 septembre. La déclaration unilatérale sera signée à 11 heures, avant d’être lue devant l’ensemble du public et que soient levées simultanément "les couleurs de Kanaky, des peuples frères, de l’ONU, de la France et de la Nouvelle-Calédonie". L’évènement se poursuivra mercredi 25 septembre avec l’Assemblée du peuple kanak et l’organisation de "l’autonomie de gouvernance".

    Levée de drapeaux

    L’interdiction de rassemblements dans le Grand Nouméa rend difficile la mise en œuvre d’une commémoration ou d’une manifestation pour le 24 septembre. "Nous n’organiserons rien de particulier", annonce ainsi Laurie Humuni, du Rassemblement démocratique océanien (RDO) et à l’animation du bureau politique du FLNKS*. En revanche, "on propose à tout le monde, là où il est, de lever le drapeau du FLNKS en mémoire de cette date et de ce qu’il s’est passé ces derniers mois". Pour la nouvelle membre du gouvernement, l’inquiétude d’une reprise des violences "est toujours là". "Tant que l’État maintiendra la pression, comme il le fait à Saint-Louis, le risque sera là." La consigne du FLNKS reste cependant la même que celle exprimée lors du dernier congrès, organisé à Koumac les 30 et 31 août : "désescalade et levée des barrages" sur l’ensemble du territoire.

    Le Sénat coutumier annule ses animations

    Après le décès de deux hommes tués par les forces de l’ordre à Saint-Louis, le Sénat coutumier a décidé d’annuler le programme qu’il avait élaboré pour les 23 et 24 septembre. Le "climat de tensions" provoqué par ce drame ne serait pas propice à la tenue de ces deux journées, a annoncé l’institution, contrainte de les reporter. Aucune nouvelle date n’a été avancée pour l’instant.

    Une proclamation d’attachement définitif à la France ?

    En réaction à l’éventuelle déclaration d’indépendance, l’idée d’une "proclamation unilatérale d’attachement définitif à la France" est née sur les réseaux sociaux. Un évènement organisé par un compte très engagé pour la cause non-indépendantiste et qui entend ainsi "faire sécession de tout état totalitaire autoproclamé de Kanaky". Reste à savoir quelle forme prendra cette action, pour laquelle environ 250 internautes disent vouloir participer. "Nous ferons retentir la Marseillaise dans tout Nouméa à la même heure et nous afficherons nos couleurs sur les balcons", propose le compte Facebook à l’initiative.

    Note

    * À la suite de divisions internes, le Palika et l’Union progressiste en Mélanésie ont décidé de suspendre leur participation au FLNKS, désormais composé de l’Union calédonienne et du Rassemblement démocratique océanien.

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