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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero et Baptiste Gouret | Crée le 18.10.2024 à 07h32 | Mis à jour le 18.10.2024 à 19h27
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    Philippe Michel, porte-parole du groupe Calédonie ensemble, à l’issue de sa rencontre avec le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet. Photo Anthony Tejero
    En dehors d’un déplacement à la caserne Meunier, François-Noël Buffet consacrera sa journée de vendredi à des entretiens avec l’ensemble des groupes politiques au Congrès.

    Pour Calédonie ensemble, "il faut ouvrir un horizon aux gens"

    Après une heure et quart d’entretien, le groupe Calédonie ensemble, qui s’était déjà fendu d’un communiqué pour déplorer l’absence d’annonces fortes de la part du ministre des Outre-mer, campe sur ses positions.

    "Ce n’est pas du tout suffisant puisqu’en réalité, ce qui est prévu, c’est de nous prêter de l’argent pour rembourser ce que l’État nous a avancé l’année dernière. Ce n’est pas sérieux. Si on ne rectifie pas ce budget pour nous permettre, sur le plan économique et social de garder la tête hors de l’eau, à partir de ce moment-là, le dialogue politique qu’on espère tous ne pourra même pas s’ouvrir. Nous sauver économiquement et socialement, c’est nous sauver aussi politiquement, martèle Philippe Gomès, qui le répète : Il n’y a strictement aucune annonce, pas même sur le chômage partiel et sa prolongation. Je ne parle pas de la prolongation dans les deux prochains mois. Il faut ouvrir un horizon aux gens. Il y a 25 000 familles calédoniennes dans le secteur privé, c’est-à-dire un tiers de ces salariés qui ne savent pas si dans deux mois, elles vont manger. Qui peut vivre ça ? Qui veut vivre ça ? C’est profondément inhumain. C’est pour ça qu’on avait proposé le plan quinquennal. Ce n’est pas un horizon au mois prochain dont ont besoin les familles, les entreprises et les collectivités. C’est un horizon dégagé pour les cinq prochaines années et des garanties de financement au moins en totalité pour l’année prochaine et l’année d’après."

    En dépit de la situation budgétaire plus que tendue au niveau national, le parti non indépendantiste, estime que l’État ne peut pas se défausser de sa responsabilité. "On tombe dans un contexte politique national pourri, foutrac, où tout le monde se fait la guerre, où il n’y a pas de majorité, et dans un contexte budgétaire dramatique. 60 milliards d’euros d’économies, on arrive au mauvais moment au guichet, c’est clair. Peu importe, l’État est responsable de ce qui s’est passé ici. Il a fossoyé le dialogue politique, pour la première fois depuis 34 ans. Il a été incapable de maintenir l’ordre. Donc la responsabilité de l’État est patente, elle est engagée, poursuit Philippe Gomès. Alors certes, ce n’est pas le même gouvernement central qu’au moment des événements, mais il y a ce qu’on appelle la continuité de l’État. Indépendamment du gouvernement, l’État doit assumer sa responsabilité. On demande ce qu’il s’est passé pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy lorsqu’ils ont eu le cyclone Irma et qu’ils ont eu un plan quinquennal."

    Pour autant, tout n’est pas négatif nuance Philippe Gomès qui juge cet échange d’une heure et quart "très productif" et "positif" tant sur la méthode que sur la personnalité du nouveau ministre.

    "J’ai trouvé quelqu’un de très à l’écoute, conscient du mur économique, social et politique qu’il doit affronter. Quelqu’un volontaire pour prendre les risques que l’État doit prendre dans ce dossier-là, juge le leader de Calédonie ensemble, estimant qu’il a "véritablement des qualités dont notre pays a besoin par rapport à ses prédécesseurs qui étaient un peu plus arrogants et un peu plus définitifs. Ça nous fait du bien aussi d’avoir quelqu’un qui est peut-être plus humble dans sa manière d’aborder les sujets."

    Quant aux discussions sur l’avenir institutionnel, le parti rappelle qu’il a toujours participé aux réunions et compte bien conserver cette ligne de conduite à l’avenir.

    UNI-Palika : "Nous portons le projet d’indépendance en partenariat avec la France"


    Jean-Pierre Djaïwé (à droite) et la délégation de l’UNI-Palika ont rencontré le ministre vendredi après-midi au haut-commissariat. Photo Baptiste Gouret

    A 15h30, le groupe Union nationale pour l’indépendance (UNI)-Palika est entré en réunion avec François-Noël Buffet. A la sortie, son président, Jean-Pierre Djaïwé a évoqué une "rencontre très rapide", durant laquelle le ministre a pu garantir "qu’il allait apporter les moyens financiers dont a besoin la Nouvelle-Calédonie pour redresser son économie et faire en sorte que l’on puisse retrouver une vie normale".

    Les sujets politiques ont par la suite été abordés, notamment "le report des élections" provinciales. "On lui a dit que, en ce qui concerne le groupe UNI, on était d’accord", a dit Jean-Pierre Djaiwé, qui entend "saisir cette opportunité pour nous retrouver autour de la table avec les partenaires calédoniens et l’État pour parvenir à un accord". Un objectif qui représente la "priorité des priorités", juge le président de l’UNI-Palika, reprenant l’expression de Louis Mapou. "C’est bien de reconstruire le pays, mais il faut reconstruire le pays sur du solide. Et le solide, c’est le statut de l’avenir de notre pays." Le groupe politique indépendantiste attend la venue de la mission parlementaire pour que ces sujets puissent "être discutés".

    A l’inverse de ce qu’a exprimé Gil Brial, des Loyalistes, "on ne partira pas de zéro", assure Jean-Pierre Djaiwé. "On est partant pour que l’on reprenne les discussions le plus rapidement possible." L’UNI-Palika compte bien continuer de défendre la solution pour laquelle il milite "depuis 2013" : "le projet d’indépendance en partenariat avec la France". Une solution qui devra venir que des responsables calédoniens, admet Jean-Pierre Djaiwé, alors que ces derniers ne sont pas parvenus "à trouver un accord en 2023". Mais le concours de l’État sera indispensable, juge ce dernier. "La colonisation de ce pays, c’est aussi de la responsabilité de l’État, il est un partenaire actif."

    UC-FLNKS et Nationalistes : "Une rencontre qui nous satisfait"


    La délégation UC-FLNKS et Nationalistes, composée notamment d’Aloisio Sako et de Pierre-Chanel Tutugoro, a été reçue en début d’après-midi par le ministre. Photo Baptiste Gouret

    Après les non-indépendantistes ce matin, c’est au tour des groupes indépendantistes du Congrès d’être reçus par le ministre, et en premier lieu l’UC-FLNKS et Nationalistes. La délégation a été reçue à 14h30 et était composée de Pierre-Chanel Tutugoro, Pascal Sawa, Aloisio Sako, Henriette Tidjine-Hmae, Sylvain Pabouty et Johanito Wamytan. Après une heure d’échanges, Pierre-Chanel Tutugoro a salué une "rencontre qui nous satisfait". Pour le président du groupe, cet entretien avec François-Noël Buffet a permis d’éclairer le groupe sur le report des provinciales, qui sera soumis au vote du Sénat le 23 octobre. L’UC-FLNKS en a aussi profité pour rappeler quelques "éléments" au ministre. "Le premier, c’est que le processus de décolonisation est un processus qui est constitutionnalisé, donc toujours en cours. Le temps du report c’est le temps aussi qui va nous permettre d’engager des discussions avec l’État."

    Par ailleurs, cette "discussion" a permis aux élus indépendantistes d’annoncer leur intention de "faire aboutir notre trajectoire" jusqu’à la pleine souveraineté. "Une grande majorité de Calédoniens se sont prononcés aux dernières législatives pour la représentation du Oui, c’est ça qu’on est venu dire." L’UC-FLNKS et Nationalistes confirme ainsi la nécessité de trouver un accord global pour atteindre cet objectif, sans pour l’instant évoquer de calendrier. "Avant de définir un calendrier, on a dit qu’on attendait d’abord les autres missions. Il y a les missions parlementaires, mais aussi le Premier ministre qui doit venir et une mission du FIP à la fin du mois."

    Quant au sujet du corps électoral, "ce n’est pas un sujet prioritaire", assure Pierre-Chanel Tutugoro. Par ailleurs, les élus ont reconnu un "changement de méthode" du ministre par rapport à son prédécesseur. "Le fait de confirmer l’abandon du projet de réforme constitutionnelle tel qu’il avait été annoncé par le Premier ministre à l’Assemblée nationale lors de son discours de politique générale nous rassure et confirme ce changement de méthode."

    Le Rassemblement : "Nous souhaitons la discussion avec l’ensemble des composantes politiques de la Nouvelle-Calédonie"


    Le Groupe Rassemblement au Congrès arrive au haut-commissariat pour rencontrer le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet. Photo Anthony Tejero

    Le groupe Le Rassemblement a été reçu en fin de matinée par François-Noël Buffet, issu de la même famille politique. Sans surprise, les élus calédoniens sont sortis satisfaits de cette rencontre.

    "Un travail de fond est en train d’être mené pour voir comment l’État s’organise afin de venir au chevet de la Nouvelle-Calédonie. Il y a déjà des annonces comme la prise en charge des écoles et des bâtiments publics. Mais au-delà de ça, on a aussi dit que nous souhaitions le retour des discussions politiques et que nous allions nous y engager pleinement parce que la prise en main par l’État de la reconstruction, de la réparation de la Nouvelle-Calédonie va de pair avec la prise de responsabilité de l’ensemble des élus locaux que nous sommes pour pouvoir proposer des perspectives à l’ensemble des Calédoniens. Tout cela va ensemble, martèle Virginie Ruffenach. Il y a une responsabilité d’État, matérielle, morale, financière, ainsi qu’une une responsabilité politique des élus de la Nouvelle-Calédonie et un travail dans lequel nous sommes totalement engagés au niveau du Rassemblement."

    Quant aux discussions à entreprendre avec l’ensemble des groupes dont les indépendantistes, le parti reste très clair sur le sujet : "Un accord ne se fera pas sans une des composantes essentielles de ce territoire. Le Rassemblement parlera donc avec l’ensemble des composantes politiques de la Nouvelle-Calédonie, dont l’Union calédonienne puisque c’est un parti essentiel aussi et qu’il a été démocratiquement élu, insiste Virginie Ruffenach. Evidemment, nous n’aurons pas d’accord sans l’une des composantes et nous souhaitons la discussion avec l’ensemble des composantes politiques de la Nouvelle-Calédonie aujourd’hui."

    Des discussions déjà bien engagées à en croire le Rassemblement qui, contrairement aux Loyalistes, n’estime pas devoir repartir "d’une page blanche".

    "Nous avons déjà beaucoup travaillé déjà avec l’État, avec les mouvements politiques localement, indépendantistes et non indépendantistes, ces derniers mois et ces dernières années. Il y a une base qui n’est pas perdue et sur laquelle effectivement nous pouvons remettre le métier sur l’ouvrage, poursuit Virginie Ruffenach. C’est l’objectif des semaines à venir, puisque nous avons une possibilité de discuter jusqu’au mois de mars 2025 car ensuite nous avons un calendrier incompressible d’au moins six mois (avant les élections provinciales) au sujet de la révision des listes électorales et de la réforme constitutionnelle si nous arrivons à un accord. Pour les élections provinciales il faut donc absolument avoir, en mars, fini notre discussion sur un accord potentiel, que nous appelons de nos vœux."

    Intergroupe Loyalistes : "Il faut que l’État avance beaucoup plus vite"

    L’intergroupe Loyalistes a été le premier à être reçu par le ministre des Outre-mer, ce vendredi. Françoise Suve, Nina Julié, Nicolas Metzdorf, Gil Brial, Philippe Blaise, Marie-Laure Ukeiwë et Naïa Watéou ont participé à ces échanges, en l’absence de la chef de file Sonia Backès.


    Françoise Suve, Nina Julié, Nicolas Metzdorf, Gil Brial et Philippe Blaise, Marie Laure Ukeiwë et Naïa Watéou ont participé à ces échanges. Photo Anthony Tejero

    C’est Gil Brial qui a réagi à l’issue de cette séquence : "On a pu exprimer notre ressenti. C’est-à-dire qu’on considère que l’État doit être plus actif sur les aides pour la relance économique. On doit travailler davantage sur la sécurité, notamment pour le Mont-Dore Sud. On lui a demandé surtout de nous donner des perspectives. C’est-à-dire qu’il faut des financements pour relancer l’économie, mais il faut également des perspectives pour les Calédoniens, avoir un planning de discussion et de sortie de crise, c’est essentiel pour redonner de l’espoir, estime le porte-parole, qui le répète : Il faut que l’État soit plus présent et avance beaucoup plus vite à la fois sur les aides aux Calédoniens et sur sa capacité à nous réunir et à faire en sorte qu’on trouve une solution rapide de sortie de crise."

    Selon Gil Brial, la population attend que l’État "reprenne son rôle" car avec la dissolution de l’Assemblée nationale, la Nouvelle-Calédonie a été "une sorte de dommage collatéral". "Pendant quatre mois, on n’a pas eu d’interlocuteur et aujourd’hui, on a besoin d’avoir un État qui soit présent au-delà de l’action."


    L’intergroupe Loyalistes au Congrès a rencontré pendant un peu plus d’une heure le ministre des Outre-mer François-Noël Buffet. Photo Anthony Tejero

    Sur le volet de l’avenir institutionnel, le groupe a rappelé, qu’une "partie" des indépendantistes, "était là pour détruire", mais que les autres "étaient dans une logique de reconstruction et qu’on veut discuter et pouvoir reconstruire avec eux."

    En clair, "au sein du FNKS, il y a des personnes qui soutiennent la CCAT et les destructions qui ont eu lieu. On considère donc que la reconstruction, doit se faire avec ceux qui condamnent et ceux qui veulent faire progresser la Nouvelle-Calédonie, ceux qui veulent travailler avec tous les Calédoniens, quelles que soient leurs sensibilités, loyalistes ou non-indépendantistes et pas avec ceux qui veulent mettre tous les loyalistes hors du territoire."

    Une troisième journée très politique pour le ministre des Outre-mer

    Après avoir tenté pendant deux jours, sans vraiment y parvenir, de rassurer le monde économique et les collectivités calédoniennes sur le soutien à venir de l'État, François-Noël Buffet va désormais aborder la question politique, ce vendredi.

    Il commencera toutefois sa journée par un déplacement à la caserne Meunier, pour y rencontrer les forces de sécurité intérieure. Au premier jour de sa visite, le ministre des Outre-mer avait garanti un maintien des forces de l'ordre en Nouvelle-Calédonie le temps qu'il faudra.

    Il démarrera ensuite un marathon d'entretiens politiques. Il rencontrera d'abord l'intergroupe Les Loyalistes, à 10 heures, suivi du Rassemblement à 11 heures.

    Le midi, François-Noël Buffet déjeunera avec le comité Paroles, Mémoire, Vérité et Réconciliation, fondé en 2021 pour réfléchir à une "méthode sur la mémoire et la réconciliation" en Nouvelle-Calédonie.

    Le ministre des Outre-mer reprendra son programme de rencontres dès 14 heures, par un entretien avec le groupe UC-FLNKS et Nationalistes, puis avec l'UNI-Palika et Calédonie ensemble. Il achèvera sa journée par une rencontre avec les représentants du parti Éveil océanien.

    Le sujet du report des élections provinciales à fin 2025, validé par la commission du Sénat mercredi, et la question toujours sensible du corps électoral devrait être au cœur des échanges entre François-Noël Buffet et les responsables politiques calédoniens.

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