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    Nouvelle Calédonie
  • Alain CHEVAL / AFP | Crée le 02.07.2024 à 08h57 | Mis à jour le 02.07.2024 à 08h57
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    Christian Téin, chef de file de la CCAT, lors d’une marche organisée dans Nouméa, contre le dégel du corps électoral, quelques semaines avant le déclenchement des émeutes. Photo Archives LNC/AT
    "Je suis un prisonnier politique", a déclaré lundi Christian Tein, porte-parole de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), incarcéré à Mulhouse (Haut-Rhin), lors d’une visite de deux sénateurs à laquelle un correspondant de l’AFP a pu assister.

    Arrivé il y a une semaine au centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach, Christian Tein, soupçonné d’avoir orchestré les émeutes violentes contre la réforme du dégel du corps électoral, a reçu la visite non programmée de deux sénateurs, à laquelle un journaliste des Dernières Nouvelles d’Alsace, correspondant pour l’AFP, a pu assister. Christian Tein, mis en examen notamment pour complicité de tentative de meurtre et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime, a pu librement s’exprimer sur ses conditions d’incarcération. "J’étais en garde à vue à la gendarmerie de Nouméa et j’ai appris par le juge des libertés et de la détention qui j’irais à l’isolement du côté de Mulhouse", a raconté l’homme de 56 ans qui s’est toujours défendu d’avoir appelé à la violence, jogging, tee-shirt blanc et lunettes sur le bout du nez.

    "Voyage interminable"

    "J’ai compris qu’il fallait retrouver de l’apaisement suite à toute cette médiatisation. On n’a pas le temps de se préparer à quoi que ce soit", a-t-il encore raconté aux sénateurs écologistes Jacques Fernique (Bas-Rhin) et Anne Souyris (Paris). "Je suis arrivé ici, c’est le centre qui m’a fourni les premières affaires pour me changer. Le voyage a été interminable et j’étais menotté dans l’avion. C’était difficile. Je commence à trouver mes repères. J’avais besoin aussi de me reposer, d’avoir quelque chose de calme pour le moment. Le personnel est super sympa, pour le moment ça va." Durant cet entretien, Christian Tein n’avait pas le droit d’aborder son rôle dans les troubles qui ont paralysé le Pays. Il n’en glisse pas moins : "Je suis un prisonnier politique, et le premier extradé de la sorte avec mes camarades. J’ai pu téléphoner à mon avocat à Nouméa mais c’est compliqué, il y a le décalage horaire. Je dois prendre contact avec un avocat ici", a poursuivi le numéro d’écrou 5106. "J’ai aussi eu contact avec ma compagne qui va arriver ici ce jeudi. J’espère que je pourrais la voir dans les prochaines semaines. Elle est hors de tout cadre politique."

    Christian Tein a aussi déclaré s’être "inquiété" pour ses camarades interpellés et extradés en même temps que lui. "J’aimerais savoir si la situation va bien," pour eux.

    Pour l’heure, Christian Tein n’a pas le droit aux visites, mais il tente de vivre presque normalement : il regarde la télévision et suit les informations. Pour les élections, il a même voté… par procuration. Ce sont les sénateurs qui l’informent des résultats du 1er tour et lui annoncent qu’Emmanuel Tjibaou est arrivé en tête dans la seconde circonscription (la sienne) avec un peu plus de 44 % des suffrages. "Mon vote aura finalement servi à quelque chose", sourit Christian Tein.

    "Reprendre les discussions"

    Sa situation au sein de l’établissement haut-rhinois devrait rapidement évoluer. Mercredi, il devrait pouvoir côtoyer d’autres personnes en isolement dans le cadre d’activités (jeux de société, médiation animale, échecs, cours…). "En attendant, je lis, j’ai vu ce matin un aumônier et il m’a donné une bible. J’ai aussi pris des livres à la bibliothèque. Mais cela ne remplace pas le contact humain", raconte-t-il. Il ne manque pas d’ouvrir une petite parenthèse : "A un moment, il faudra que l’on se remette autour d’une table pour reprendre les discussions. Il en va de la survie de la Nouvelle-Calédonie". Depuis le début des violences, 1 520 personnes ont été interpellées, selon le haut-commissariat de la République. Onze militants de la CCAT ont été interpellés le 19 juin. Parmi eux, neuf ont été placés en détention provisoire, dont sept dans diverses prisons de l’Hexagone. Les violences qui ont débuté le 13 mai ont fait neuf morts, selon le dernier bilan des autorités, et des dégâts matériels considérables (incendies, destructions, pillages…).

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