Un à un, ils se lèvent à l’appel de leurs noms, pour s’emparer du précieux sésame sous les applaudissements de la salle. Jeudi 21 novembre, trente jeunes âgées de 21 à 30 ans ont officiellement reçu des mains du gouvernement un billet d’avion aller-retour pour la Nouvelle-Zélande. Ils ont été sélectionnés par le Centre d’information de la jeunesse pour participer au Programme d’insertion interculturelle dans la région océanienne pour le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (Piirog NC), un dispositif de mobilité à destination des jeunes autrefois intitulé Volontaires internationaux du Pacifique.

Ouverture d’esprit et autonomie

Ils quitteront le Caillou entre le 24 novembre le 1^er décembre, en direction de Cromwell, dans la région d’Otago, située sur l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. C’est là qu’ils travailleront, pendant cinq mois, à la récolte des cerises au sein de la ferme 45 South. Les trente jeunes Calédoniens pourront, s’ils le souhaitent, prolonger leur séjour de huit mois supplémentaires.

Choisis parmi 117 candidats, en grande partie sur leur motivation et leur capacité à être autonomes, ils devraient vivre au cours des prochains mois une "expérience unique", leur ont répété les partenaires du programme, réunis au siège du gouvernement. Pour ces jeunes, les intérêts du programme Piirog NC sont multiples : apprendre l’anglais, gagner en ouverture d’esprit, acquérir des compétences, développer leur autonomie…

Ely, 22 ans, enchaînait les petits boulots quand il a entendu parler de cette opportunité sur les réseaux sociaux. "C’était l’occasion de sortir du pays et de ma zone de confort", raconte le jeune Mondorien. En septembre, il a eu la confirmation de sa sélection. Une "aventure" qu’il entend vivre pleinement, malgré ses craintes sur "le manque de la famille". Lui a déjà décidé qu’il pousserait le voyage sur les quinze mois autorisés. Il espère en sortir grandi et bilingue. Et revenir au pays avec quelques idées en tête. "J’aimerais bien m’inspirer de ce qu’ils font en Nouvelle-Zélande, surtout pour la jeunesse, et essayer d’importer ça ici." Autre option : reprendre ses études en entamant un cursus en commerce international.

Coopération régionale

Alix, 24 ans, et Fiona, 21 ans, n’ont pas perdu en excitation depuis le jour où elles ont appris la nouvelle. Dans quelques jours, elles quitteront le Caillou. Une première pour Fiona. "Je veux vraiment profiter de cette aventure et en sortir grandie", s’enthousiasme la jeune femme, consciente de la chance qui lui est offerte. "Mes parents m’ont dit que s’ils avaient eu une telle opportunité à leur époque, ils en auraient profité à fond." Une occasion en or et un timing parfait : Alix et Fiona étaient depuis plusieurs mois à la recherche d’un emploi.

S’il mise tant sur la jeunesse, à travers le financement d’un programme de mobilité à 24 millions de francs en pleine crise économique, c’est que le gouvernement y voit également des intérêts pour le pays. D’abord en matière de coopération régionale. "C’est un dispositif important pour créer des liens entre les populations de la zone", souligne Jérémy Coste, président du Centre d’information de la jeunesse. Un travail est mené pour permettre à des jeunes Néo-Zélandais de vivre une expérience professionnelle similaire en Nouvelle-Calédonie. Une réflexion est également en cours pour élargir le dispositif à l’Australie et au Vanuatu.

Ce programme est aussi un pari sur l’avenir, dans l’espoir que les jeunes sélectionnés reviennent "transformés pour rebâtir notre pays", envisage Grégory Armien, directeur de la jeunesse et des sports. "Cet investissement fait sur vous, au moment où le pays est en difficulté et où cet argent serait très utile à certains qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, c’est un gage de confiance de notre part. Il doit vous faire revenir avec la richesse et un potentiel dévoilé pour construire ce pays."