- Anthony Tejero | Crée le 21.11.2024 à 13h53 | Mis à jour le 21.11.2024 à 14h14ImprimerAntibioguide NC vise à améliorer les consultations et prises en charge des patients. Photo Archives LNC / Anthony TejeroAlors que les résistances aux antibiotiques ne cessent de se développer dans le monde, y compris sur le Caillou, ce phénomène, lié à un mauvais usage répété de ces traitements, devient un véritable enjeu de santé publique. C’est pourquoi les autorités sanitaires viennent de lancer Antibioguide NC, une application en ligne destinée à accompagner les professionnels de santé à prescrire une utilisation plus appropriée de ces bactéricides.
En quoi un mauvais usage d’antibiotiques est-il problématique ?
Généralisés après la Seconde guerre mondiale, les antibiotiques sont devenus un outil majeur de la médecine moderne pour combattre les infections bactériennes. Néanmoins, leur utilisation répétée, de manière excessive ou à mauvais escient, entraîne chez les humains comme chez les animaux, l’émergence et la diffusion de résistances. Un phénomène planétaire qui n’épargne pas le Caillou. Une étude, publiée en septembre dernier dans la revue scientifique The Lancet, a même avancé que plus de 39 millions de personnes pourraient mourir, à travers le monde, dans les 25 prochaines années à cause du développement de ces résistances.
Un problème de santé publique, dont a souhaité, à son échelle, s’emparer la Nouvelle-Calédonie en lançant Antibioguide NC.
Qu’est-ce que l’outil Antibioguide NC que lance le gouvernement ?
Il s’agit d’une plateforme en ligne destinée à accompagner les professionnels de santé "dans un usage approprié" des antibiotiques. Antibioguide NC recense ainsi l’ensemble des recommandations et protocoles d’antibiothérapie pour en simplifier l’usage auprès des patients.
L’application, qui s’adresse tant aux professionnels exerçant en libéral, en ambulatoire ou en milieu hospitalier, permet également un accès rapide aux nouvelles recommandations. L’objectif affiché par les autorités sanitaires étant "d’améliorer la prise en charge des patients" et de faciliter les consultations.
Pourquoi cette plateforme prend-elle en compte les spécificités locales ?
Ce guide, spécialement adapté à la Nouvelle-Calédonie, intègre des spécificités tenant compte des résistances développées localement par les patients, qui peuvent différer de celles observées dans d’autres pays. Le climat chaud du Caillou, conjugué à une mauvaise utilisation des antibiotiques, peut s’avérer problématique.
Parmi les résistances les plus fréquentes dans le pays, figure par exemple le staphylocoque doré résistant au traitement à base de méticilline (dit "Sarm") qui nécessite donc de trouver une alternative.
Qui a contribué à élaborer Antibioguide NC ?
L’application a vu le jour grâce à une collaboration entre les acteurs de la santé en Nouvelle-Calédonie : la Direction des affaires sanitaires et sociales (Dass) , le centre hospitalier territorial (CHT), le centre hospitalier du Nord (CHN) et l’Institut Pasteur, "garantissant ainsi un contenu parfaitement aligné avec les besoins locaux", indique le gouvernement, qui précise également que les contributeurs de ce guide numérique incluent les infectiologues, biologistes et pharmaciens du territoire, qui composent le comité scientifique de l’application. Comité qui doit se réunir deux fois par an pour mettre à jour et valider le contenu d’Antibioguide NC.
Pourquoi prendre son traitement jusqu’au bout ?
Les antibiotiques n’ont aucun effet sur les virus (rhume, grippe, bronchite, gastro…) mais uniquement sur les bactéries. Une fois en contact avec des antibiotiques, ces fameuses bactéries peuvent mourir ou devenir résistantes. Plus on prend d’antibiotiques, plus on les rend résistantes. La première précaution consiste donc à ne prendre des antibiotiques que s’ils ont été prescrits par un médecin ou par un dentiste. Attention aussi à bien respecter les doses et la durée du traitement car nombreux sont ceux qui l’interrompent dès qu’ils se sentent mieux. Or, les bactéries les plus sensibles sont tuées les premières, ce qui fait diminuer les symptômes les plus importants. Mais les plus résistantes vont se développer et si l’infection réapparaît, elle sera encore plus compliquée à soigner.
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