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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 05.04.2025 à 15h56 | Mis à jour le 05.04.2025 à 16h02
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    Michel et Catherine, bénévoles à la Spanc, espèrent que les 130 chiens et chats actuellement accueillis au refuge, trouveront prochainement un propriétaire. Photo Anthony Tejero
    Depuis les émeutes, le nombre d’adoptions de chiens et de chats est en chute libre à la Spanc de Koutio, qui doit également faire face à une baisse de ses subventions de fonctionnement. Amputée d’une partie non négligeable de ces financements, les bénévoles du refuge, qui n’a plus les moyens d’accueillir davantage d’animaux, lancent un appel à la générosité des Calédoniens. Explications.

    "Il nous reste quelques box encore libres, mais aujourd’hui, on ne peut pas aller plus loin dans nos capacités d’accueil." S’il n’a rien perdu de sa passion et de son investissement auprès des bêtes, Michel Gautier est en revanche bien démuni face à la chute significative des financements dédiés à la Spanc (Société protectrice des animaux) qu’il préside. Le refuge de Koutio, qui peut héberger jusqu’à 194 chiens et chats abandonnés, n’échappe pas à la crise qui frappe le pays depuis le 13 mai. Si elles ne représentaient que 12 % de son budget avant les émeutes, les subventions des collectivités ont encore reculé de 3 %, soit un manque à gagner d’un million de francs par an pour la structure. Seuls le gouvernement, la province Sud, et dans une moins une moindre mesure les villes de Dumbéa et du Mont-Dore participent encore à son fonctionnement.

    Pour autant, en ces temps difficiles, les dons, notamment lors des collectes de croquettes, et le mécénat de particuliers, deux sources vitales de revenus (qui représentent la moitié des recettes), tiennent bon. "La générosité des Calédoniens est toujours là. Les gens nous disent avoir été déçus des humains et préférer donner, quand ils le peuvent, pour les animaux", raconte Michel Gautier.


    Les bénévoles s’inquiètent par ailleurs d’une prolifération des chats errants non stérilisés. Photo Anthony Tejero

    Mais pas de quoi assurer un fonctionnement optimal du centre, et donc du nombre d’animaux recueillis. En cause : les adoptions (facturées 18 000 francs) en chute libre. Près de 400 chiens et chats trouvaient encore un propriétaire chaque année en 2015. Un chiffre tombé à 321 en 2019, puis à 239 en 2023 et à seulement 129 l’an passé, année noire pour les équipes qui ont d’ailleurs dû se mobiliser et rester solidaires, de jour comme de nuit, pour sauver l’établissement des nombreuses tentatives d’intrusion et de destruction.

    "Les départs des familles avec un certain pouvoir d’achat se faisaient déjà sentir chez nous depuis plusieurs années, avant que cela ne s’accentue clairement depuis les émeutes. Le problème, c’est qu’avec cette baisse des adoptions, nous avons beaucoup moins de rentrées financières pour couvrir les soins, la nourriture, etc. Et donc nous ne pouvons pas accueillir plus d’animaux, se désole le président de la Spanc, au moment même où les besoins n’ont sans doute jamais été aussi importants. Il y a une hausse du nombre d’abandon d’animaux. On reçoit de nombreux appels pour des abandons forcés depuis le 13 mai de la part de certaines familles qui quittent la Nouvelle-Calédonie, sans travail et en détresse financière."

    "Nous n’avons personne, c’est du jamais vu"

    Selon la Spanc, la prise en charge d’un chien vers l’Hexagone coûterait près de 250 000 francs (transport, quarantaine, etc.) et 300 000 francs pour deux chats. Des sommes que certains foyers ne peuvent débourser. Dans ce contexte on ne peut plus morose, la Spanc tient à renouveler son appel à l’aide aux Calédoniens, notamment pour finaliser la construction d’une nouvelle chatterie réservée aux animaux les plus craintifs.

    "Il faut continuer le mécénat qui est fondamental pour nous et pour lequel on peut déduire 80 % du montant aux impôts pour les particuliers, insiste Michel Gautier, qui attend de pied ferme les visiteurs. Certains après-midi, nous n’avons personne, même le samedi. C’est du jamais vu. On sent que les gens sont frappés par l’incertitude politique et économique, ce qui freine les adoptions, qui pourtant nous aideraient vraiment et nous permettraient de sauver plus d’animaux de la fourrière notamment."

    Mais les équipes sont loin de s’avouer vaincues, persuadées que le refuge a encore de beaux jours devant lui. "L’animal offre une tendresse et une présence rassurante en ces périodes difficiles. Ce sont des boules de poils et d’amour qui font du bien et dont beaucoup de gens vont avoir besoin, assure le président de la Spanc, avant de lancer également un appel aux bénévoles, qui sont actuellement une soixantaine. Nous en cherchons toujours de nouveaux. Je pense notamment à tous ceux qui aimeraient adopter mais sont trop inquiets pour ça en ce moment. Ces personnes peuvent très bien nous donner la main au refuge."

    Note

    Contact : 41 22 66. Courriel : spa-nc@hotmail.fr

    Plus d’information sur la page Facebook du refuge.

    Le refuge est ouvert les mardis, mercredis, vendredis et samedis, de 13 heures à 16 heures.

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