fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • A.T. | Crée le 10.06.2024 à 13h57 | Mis à jour le 10.06.2024 à 16h52
    Imprimer
    L’UC tenait son comité directeur, samedi 8 juin, à Canala, qui s’est ouvert par une minute de silence en la mémoire des victimes des émeutes. Photo Archives LNC / Yann Mainguet
    Réunie ce week-end en comité directeur à Canala, l’UC a tenu un discours pour le moins offensif pointant une nouvelle fois la responsabilité de "l’État colonial" dans la crise qui secoue le pays et annonçant, par la voix de son président Daniel Goa, que "notre souveraineté ne pourra qu’être immédiate, pleine et entière et non négociable." Des propos qui ont fait bondir le groupe Loyalistes Le Rassemblement.

    Alors que le président du gouvernement Louis Mapou (Palika), a joué la carte de l’apaisement, samedi, lors de son allocution officielle, l’Union calédonienne, dont le comité directeur se réunissait en même temps à Canala, a tenu des propos beaucoup plus offensifs.

    Dans son discours d’ouverture, Daniel Goa a estimé que la "révolte de notre jeunesse pour que Kanaky émerge n’est pas le fait du hasard." Selon l’analyse du président de l’UC : "Nous savions tous, nous avions prévenu, la CCAT avait communiqué, attiré l’attention de tous qu’il ne fallait pas toucher à un accord politique fondamental pour le peuple Kanak et pour notre reconnaissance. Nous savions tous que cela allait arriver tôt ou tard. Car en plus du conflit politique, un conflit social s’est greffé, difficile à contrôler."

    "Se battre contre une économie de comptoir"

    Objectif de ces jeunes : "nous libérer du joug colonial" et "se battre contre le maintien de cette présence française qui protège les vestiges et les privilèges d’une économie de comptoir qui s’est développée au détriment de la population Kanak et aussi des autres communautés qui se sont appauvries." C’est pourquoi "en plus du combat politique sous-jacent, il y a un conflit social et sociétal larvé."

    L’Union calédonienne se réjouit que ces jeunes âgés de 16 à 20 ans selon le mouvement, "montrent une résistance inattendue et surprenante face aux forces spéciales françaises et à leur déploiement de muscles, de moyens militaires et de violences." En d’autres termes, "nos jeunes ne sont pas si mauvais que cela finalement. À moins que ce soient les forces en face qui ne soient pas à la hauteur." Tout comme" l’État colonial", estime ce parti qui pointe "son impréparation en termes de moyens, d’effectifs et de tactique de terrain, sa défaillance du renseignement, des manquements dans la chaîne de commandement et de logistique. Face à la panique de ceux qui détiennent les compétences régaliennes, nous avons eu l’impression d’avoir en face une bande d’amateurs en déroute."

    "Des méthodes dignes de la Gestapo"

    Les décisions prises par l’État pour gérer la crise (couvre-feu, "ripostes juridiques disproportionnées", assignations à résidence, etc.) sont jugées "coercitives" et "dignes de la Gestapo". Le procureur de la République en prend également pour son grade : "obnubilé par les petits Kanak", il "ne voit qu’eux et les pourchasse assidûment, même dans leur lit d’hôpital. Mais il est étrangement aveugle, ne voit rien du côté des loyalistes. Est-ce cela l’égalité du justiciable colonisé ?"

    Quant à la situation politique du pays, : "elle est dans une impasse totale" estime l’UC qui annonce que face aux dégâts causés par les émeutiers, "nous ne paierons rien" renvoyant la responsabilité aux "manquements" de l’État. Le mouvement se demande d’ailleurs "qui avait intérêt" à cette "casse" ?

    Réponse de Daniel Goa : "Certainement" les loyalistes "engagés dans des calculs politiques pour maintenir leur existence politique et se construire une nouvelle majorité", mais également l’État. Selon l’UC, ce dernier, à travers son aide d’urgence, "souhaite reprendre toutes nos compétences. Il est important de noter que la vision de l’aide de l’État français est similaire à ce qu’il a fait en Afrique pendant 60 ans : les maintenir sous perfusion avec leur propre argent, les appauvrir sans jamais les développer, et pire encore, les enfoncer."

    Une phase de transition jusqu’en 2029

    Dans ce contexte, Daniel Goa a un message fort : "notre souveraineté ne pourra qu’être immédiate, pleine et entière et non négociable. Nous proposons le 24 septembre 2024 pour la déclarer, ce sera aussi le début d’une nouvelle mandature avec de nouvelles élections. Notre souveraineté devra être irréversible."

    L’UC propose d’y "ajouter" une période dite de transition pour le retrait politique de l’État et le calendrier de la rétrocession des compétences régaliennes. "La souveraineté sera alors partagée si la France l’accepte. Elle sera pleine et entière au terme de cette période de transition, le 24 septembre 2029, à la date anniversaire des 176 ans de colonisation et au terme de la mandature", annonce le mouvement.

    Cette phase de transition "seule la France la validera ou ne la validera pas. Mais cela ne changera rien pour nous. Nous avons déjà une cinquantaine de pays prêts à nous reconnaître et à nous soutenir internationalement. Nous intensifierons nos démarches dans les mois à venir, martèle Daniel Goa, qui assure que ce "chemin de la libération" utilisera "tous les moyens" contre cette "France invasive qui nous traite toujours comme des sujets."

    "Ceux qui nous méprisent et critiquent doivent partir"

    Le mouvement indique enfin que "tous ceux qui nous méprisent et nous critiquent, qui ne sont pas d’accord avec ces orientations politiques et qui ne veulent pas nous reconnaître dans notre pays, sur notre terre, doivent partir dans leur pays, nous ne les retenons pas car ils ne veulent pas faire avec nous. Personne ne leur a demandé de venir. Notre souci et notre responsabilité c’est le peuple calédonien, car nous allons faire ensemble ce pays, nous l’avons décidé en 1983. Ceux qui sont dans le déni de colonialisme, c’est en France qu’ils s’épanouiront, pas en Kanaky-Nouvelle-Calédonie."

    "Aucune indépendance ne sera imposée aux Calédoniens"


    Les représentants des groupes Loyalistes-Le Rassemblement ont fustigé les propos de l'UC.

    La réponse des Loyalistes et du Rassemblement-LR ne s’est pas faite attendre, après ce discours jugé "guerrier" auquel ces élus ont réagi, dimanche, par voie de communiqué. "Daniel Goa exige désormais l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie au 24 septembre et demande à ses militants de poursuivre cet objectif par tous les moyens possibles. Nous condamnons ces propos, cet appel à la violence et lui disons clairement qu’aucune indépendance ne sera imposée aux Calédoniens qui l’ont clairement refusée à trois reprises."

    Cet intergroupe estime de son côté que le comité de décolonisation des Nations Unies "a salué le processus d’autodétermination mis en œuvre par la France depuis des décennies. Le C24 reconnaît aussi la légalité et la légitimité des trois référendums qui ont acté le refus de l’indépendance par les Calédoniens et leur volonté souverainement exprimée de rester Français. L’UC n’a désormais comme référence plus que des régimes génocidaires, comme l’Azerbaïdjan, ou dictatoriaux, comme la Russie, pour soutenir son irréaliste projet d’indépendance."

    Quant à la comparaison des méthodes de l’État avec celles de la Gestapo du régime nazi, ces propos sont jugés "inacceptables". "Nous ne pouvons accepter cette inversion de la réalité. […] Ce ne sont pas de simples citoyens qui ont détruit la ville mais bien les miliciens de la CCAT et de l’UC, chauffés à blanc par des discours irresponsables et haineux comme celui de Monsieur Goa."

    Le communiqué conclut en ces termes : "Il est désormais temps pour les leaders de l’UC d’assumer la vérité. La seule issue possible est que l’ensemble des dirigeants indépendantistes participent courageusement à des négociations pour trouver d’un accord politique, seul en capacité de garantir un retour pérenne à la paix pour tous les Calédoniens."

    Roch Wamytan et Caroline Machoro-Reignier accusent l’État

    Dans un communiqué daté du vendredi 7 juin et envoyé seulement ce lundi 10 juin, le président du Congrès, Roch Wamytan, et sa vice-présidente, Caroline Machoro-Reignier, évoquent une "responsabilité collective" face aux évènements qui continuent de frapper le pays. Les deux élus, par ailleurs membres de l’Union calédonienne, accusent toutefois particulièrement l’État, et notamment son usage "abusif et disproportionné des forces de l’ordre" dans la gestion du conflit. Ils demandent également davantage de transparence sur les blessés et les morts ainsi que sur les interpellations depuis le début des émeutes.

    Roch Wamytan et Caroline Machor-Reignier concluent leur propos en réitérant leur demande de retrait officiel du projet de révision constitutionnelle et de l’installation d’une mission de médiation afin de "retrouver le chemin du dialogue".

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS