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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 05.06.2024 à 17h22 | Mis à jour le 05.06.2024 à 17h22
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    Malgré la situation, l’État a décidé de maintenir les élections européennes prévues ce dimanche 9 juin. Photo Archives LNC/Nicolas Petit
    Les municipalités calédoniennes travaillent actuellement au bon déroulement d’un scrutin à haut risque, avec la tenue des élections européennes ce dimanche dans un contexte insurrectionnel. Les communes de l’agglomération vont regrouper les bureaux de vote pour limiter les lieux concernés. Mais des questions se posent encore sur leur sécurisation.

    Qu’importe le "contexte particulier", euphémisme employé par le haut-commissaire le 2 juin, l’État a décidé de maintenir les élections européennes du 9 juin en Nouvelle-Calédonie. Sur le Caillou, frappé depuis trois semaines par une crise insurrectionnelle inédite, l’annonce en a étonné plus d’un. "Aucune liberté publique n’a été restaurée en Nouvelle-Calédonie et, dans ce contexte, une élection doit avoir lieu. Ça n’a aucun sens", s’est indigné Philippe Dunoyer, député de la majorité, lors de la conférence de presse de son parti Calédonie ensemble, y voyant "l’illustration parfaite du décalage entre la perception [du gouvernement français] et la réalité" du terrain.

    Reste que le scrutin devrait bel et bien se dérouler dans quatre jours. Les communes ont déjà reçu le matériel électoral. Le haut-commissaire a signé un arrêté, mardi, actant l’ouverture des bureaux de vote ce dimanche, de 7 heures à 17 heures, afin de permettre aux électeurs de respecter les horaires du couvre-feu.

    Quels effectifs de sécurité ?

    Pour les municipalités, dont une partie peine encore à reprendre du service, le défi s’annonce de taille. C’est à elles que revient en effet la mission d’organiser le bon déroulement du scrutin.

    D’ordinaire, la commune de Païta compte 19 bureaux de vote répartis sur neuf sites. Dimanche, la configuration sera forcément différente. "Il est inenvisageable de tenir l’élection sur nos neuf sites", confirme Antoine Romain, directeur de cabinet. D’abord parce qu’une partie d’entre eux a été brûlée ou saccagée. Mais aussi parce que le contexte va contraindre l’État à renforcer la sécurité des bureaux de vote, une tâche que leur regroupement doit faciliter. À Dumbéa, seuls deux sites ont été retenus pour accueillir les 26 bureaux de vote : l’hôtel de ville de Koutio et la mairie du Nord, à Dumbéa rivière. À la dernière élection, la commune comptait quatorze lieux répartis à travers son territoire. Au Mont-Dore, l’exécutif a réservé trois sites : la salle omnisports Henri-Sérandour et l’hôtel de ville à Boulari, ainsi que la salle des communautés du Vallon-Dore.

    Pour autant, la sécurisation des lieux retenus demeure floue pour les communes du Grand Nouméa. "En théorie, nous aurons des gendarmes sur site et d’autres qui circuleront autour", dévoile Jean-Dominique Pinçon, directeur de cabinet de Dumbéa. Mais les effectifs présents n’ont pas encore été définitivement fixés par l’État. "Ça change régulièrement." "Ce travail est du ressort de l’État et nous avons son assurance qu’il sera réalisé", dit Antoine Romain, relativement confiant.

    Un taux de participation très faible attendu

    La question du personnel, indispensable pour tenir un bureau de vote, fait aussi partie de la difficile équation à résoudre pour les exécutifs municipaux. Les communes recrutent actuellement les effectifs nécessaires. "Pour tourner convenablement, il faut minimum trois personnes", à savoir un président, un assesseur et un secrétaire, souligne le directeur de cabinet de Païta. Les présidents seront, pour la plupart, des adjoints au maire ou des conseillers municipaux.

    Les communes vont ensuite aller puiser chez les agents municipaux ou, en dernier recours, "au sein de la société civile". Le recrutement est également conditionné par les difficultés de circulation et le blocage de certains quartiers, qui pourraient empêcher le personnel de se présenter aux bureaux de vote. Les lieux de résidence des membres des bureaux de vote sont donc une donnée que les communes prennent en compte. "Mais la consigne du haut-commissaire est claire : s’il manque du monde pour tenir un bureau, on le ferme", signale Jean-Dominique Pinçon. Et si les lieux où se concentrent les bureaux de vote venaient à ne plus être en sécurité, le scrutin sera suspendu dans la commune. Pas question en effet pour les municipalités de faire prendre le moindre risque aux électeurs et au personnel.

    Surtout pour un scrutin qui, il faut l’admettre, n’a jamais beaucoup intéressé les Calédoniens. Aux élections européennes de 2019, seuls 19 % des électeurs inscrits s’étaient déplacés dans les bureaux de vote. Il fait peu de doute que le taux de participation sera encore plus faible dimanche.

    Les communes indépendantistes vont-elles participer au scrutin ?

    Une autre incertitude entoure le scrutin de dimanche : les communes indépendantistes vont-elles accepter d’ouvrir des bureaux de vote, alors que la mobilisation contre le projet de réforme constitutionnelle se poursuit ? "Chaque commune fera comme elle veut, il n’y a eu aucune consigne particulière", assure Florentin Dedane, président de l’Association des maires de Nouvelle-Calédonie, qui regroupe les communes à tendance indépendantiste.

    À sa connaissance, "aucune commune" ne compte boycotter les élections européennes de ce dimanche. Le matériel électoral (bulletins et listes d’émargement) a déjà été acheminé jusqu’aux municipalités du Nord ces derniers jours. Dans certains endroits, "il est arrivé en hélicoptère de la gendarmerie", raconte Florentin Dedane, également maire de Pouébo, où un seul bureau de vote sera ouvert dimanche.

    L’édile admet toutefois que ces élections vont pâtir d’un contexte très délicat. "On le fait parce qu’il faut le faire, mais ça va être compliqué."

    Note

    Le haut-commissaire de la République devrait apporter des précisions sur la tenue de ces élections européennes lors d’une conférence de presse prévue ce jeudi 6 juin, à 15 heures.

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