- Aurélia Dumté | Crée le 17.07.2024 à 15h15 | Mis à jour le 17.07.2024 à 15h15ImprimerCalédonie ensemble a donné une conférence de presse mercredi 17 juillet pour s’opposer au projet d’autonomisation des provinces de Sonia Backès. Étaient présents Annie Qaeze, Philippe Dunoyer, Philippe Gomès et Philippe Michel. Photo Aurélia DumtéLe parti de Philippe Gomès a tenu une conférence mercredi 17 juillet afin de démontrer point par point son désaccord avec les récentes annonces de Sonia Backès, dont "l’autonomisation des provinces". "Une trajectoire inepte et mortifère pour le pays", selon Philippe Michel.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les récentes prises de paroles de la présidente de la province Sud, Sonia Backès, font réagir. Quand, lors de son allocution du 14 juillet, elle annonçait sa volonté "d’autonomiser les provinces", ou lorsqu’elle déclare, en assemblée de province, arrêter l’aide médicale ou conventionner les aides au logement et les bourses à plus de dix ans de vie en province Sud.
"L’acte de décès officiel du destin commun"
Après le Palika mardi, c’est au tour de Calédonie ensemble de s’indigner des propos de la présidente de la province Sud, ce mercredi matin, lors d’une conférence de presse. Dans une démonstration étayée de documents historiques, de vidéos, d’extraits de discours politiques, Philippe Michel, Philippe Dunoyer, Philippe Gomès, Annie Qaeze expliquent dans le détail leur profond désaccord sur l’autonomisation des provinces. Que ce soit le mot hyperprovincialisation, partition, ou autonomisation, car l’idée n’est pas nouvelle, c’est pour Calédonie ensemble "un projet d’apartheid", "l’acte de décès officiel du destin commun et du vivre en ensemble". Les mots sont directs.
Le groupe commence par rappeler les sorties notables de la présidente de la province Sud qui tracent "une trajectoire inepte et mortifère pour le pays", selon Philippe Michel et qui se terminent par cette phrase : "le projet d’une Nouvelle-Calédonie institutionnellement unie et fondée sur un vivre ensemble des uns avec des autres est révolu". Philippe Dunoyer insiste sur des "termes d’une violence inouïe. C’est terrible d’entendre en 2024 que l’espoir, c’est de vivre côte à côte. Visiblement, il n’y a pas de métisses !"
Une impossibilité constitutionnelle et politique
Calédonie ensemble se pose "complètement contre la perspective annoncée par Sonia Backès." Dans une démonstration point par point, Philippe Gomès explique pourquoi donner davantage de pouvoir aux provinces en divisant le pays est impossible à concrétiser. D’abord pour des raisons purement constitutionnelles : "c’est même précisé dans l’accord de Nouméa : une partie de la Nouvelle-Calédonie ne pourra accéder seule à la pleine souveraineté." Politiquement ensuite, en opposant le discours de la présidente de la province Sud à ceux d’Emmanuel Macron ou encore de Nicolas Sarkozy, ce dernier déclarant en août 2011 à Païta : "si on raisonne en termes de partition, alors on veut la mort du territoire. À mes yeux, vous formez un ensemble indivisible que rien ne devra séparer."
Acte I de la partition
Puis Calédonie ensemble démontre que l’idée d’autonomisation n’est pas viable humainement et culturellement. "La moitié des Kanak du pays vivent en province Sud. Donc on en fait quoi des Kanak qui vivent dans le sud ? On les renvoie dans les tribus ? C’est l’acte un de la partition qui a été votée par l’assemblée de la province Sud : dix ans en province Sud pour obtenir une bourse. Il y a 21 500 enfants boursiers ! L’aide médicale, c’est la même chose, dans le Nord et dans les îles, il n’y a pas de ticket modérateur, c’est gratuit". Philippe Gomès continue : "À part dans les quartiers Sud, qui sont une enclave, tous les quartiers de Dumbéa, Païta, ou encore du Mont-Dore sont des zones hypermétissées, parce que les populations calédoniennes n’ont pas vécu côte à côte."
Un salut obligatoirement collectif
La démonstration se termine par des exemples de séparation de territoires dans le monde. Exemples qui ce sont tous terminés par des échecs. "Des idéologies politiques qui sont au bout de la nasse et qui finissent par imaginer qu’ils vont s’en sortir seuls en découpant le pays". Comme en Afrique du Sud, avec le régime de l’apartheid, de 1951 à 1991 et les bantoustans. Pareil aux Nouvelles Hébrides, ex-Vanuatu, avec le parti politique Nagriamel, mouvement de Jimmy Steevens, déclara unilatéralement l’indépendance de la "République de Vemerana" à Santo. Ou encore l’exemple des Comores, divisées après une consultation d’autodétermination à l’issue de laquelle Mayotte a été déclarée française. "Ce sont toujours les mêmes histoires, certains croient qu’ils écrivent sur une page blanche. Il n’y a pas de page blanche dans l’histoire du monde, tout a déjà été écrit plus ou moins bien, avec des ratures, rappelle Philippe Gomès. Il faut vraiment ne pas avoir la moindre profondeur de champ historique et intellectuelle pour considérer que ça peut être une solution pour notre pays. Il n’y a aucune porte de sortie pour notre pays si on construit deux petites Kanaky et une petite France. Le salut de notre peuple, dans son histoire compliquée, sera obligatoirement collectif ou ne sera pas."
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