- Baptiste Gouret | Crée le 04.12.2024 à 11h50 | Mis à jour le 04.12.2024 à 11h50ImprimerLudovic Boula, sénateur et premier vice-président du Sénat coutumier, entouré de Muneiko Haocas, chargée de la communication de l’institution, et de Maurice Wimian, sénateur de l’aire Paicî-Cèmuhî, a annoncé l’organisation d’une conférence publique sur l’ Photo Baptiste GouretL’institution considère que l’accord de 1998 a permis des avancées significatives dans la promotion de l’identité kanak et que sa prorogation est nécessaire pour appliquer les politiques publiques qu’il comporte. Le Sénat coutumier invite à débattre du sujet à l’occasion d’une conférence prévue le 10 décembre à l’université.
Le président du Sénat coutumier, Mahe Gowe, en avait déjà fait un axe majeur de son discours devant Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher. La prorogation de l’accord de Nouméa, signé en 1998, est la solution privilégiée par les responsables coutumiers pour aborder les discussions sur l’avenir institutionnel. Une ou deux mandatures supplémentaires, soit cinq à dix ans, pourraient, selon eux, assurer "la continuité des efforts visant à promouvoir l’identité kanak", affirme Maurice Wimian, sénateur de l’aire Paicî-Cèmuhî, lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi 4 décembre.
Plus de moyens demandés
Ce nouveau délai serait l’occasion de "mettre en place des politiques publiques importantes que nous n’avons pas réussi à appliquer en quarante ans", poursuit ce dernier, évoquant "la sécurité en tribu, la médecine traditionnelle, l’hygiène…" Surtout, il permettrait de "restructurer la maison", illustre le sénateur Ludovic Boula, premier vice-président de l’institution. En d’autres termes, le Sénat coutumier veut profiter de cette prolongation pour réfléchir à "une nouvelle organisation sociale kanak".
Un projet de loi du pays a déjà été rédigé pour que les autorités coutumières "disposent de davantage de compétences et de moyens pour mettre en œuvre les politiques publiques", reprend Maurice Wimian. Un texte qui s’inscrit dans la volonté de l’institution de devenir, au même titre que le Congrès, une instance décisionnaire. "On nous dit de faire notre travail mais quand on essaie de jouer notre rôle coutumier, on est empêché", regrette Ludovic Boula.
Les représentants coutumiers veulent ainsi participer à l’émergence d’une "nouvelle société calédonienne", jugeant que la crise insurrectionnelle du 13 mai est le symptôme d’une "société malade depuis longtemps" et "pas adaptée au monde kanak". "Il faut qu’on imagine un système fait pour les Calédoniens, sans faire un copié-collé de la France", envisage Ludovic Boula.
"Rassembler les idées"
Un projet de société que le Sénat coutumier veut construire "dans le dialogue". "Il faut faire participer tout le monde : les politiques, les religieux, notre jeunesse…", énumère Maurice Wimian. "On doit débattre de nos idées et en finir avec ce bras de fer entre deux blocs", abonde Ludovic Boula.
Dans cet esprit, le Sénat coutumier organise une conférence publique mardi 10 décembre, à 18 heures, à l’université. S’il sera aussi l’occasion de rappeler l’histoire du pays "pour mieux comprendre ce qu’il s’est passé", ce rendez-vous se veut avant tout un "moment d’échange et d’écoute" afin de "rassembler les idées et les préoccupations" de la population. "Il faut entendre toutes les voix pour s’assurer qu’on ne reproduise pas les mêmes erreurs qui nous ont conduits au 13 mai."
Note
Conférence publique du Sénat coutumier, mardi 10 décembre, dans l’amphi 250, à l’Université de Nouvelle-Calédonie. Gratuit, ouvert à tous.
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