fbpx
    Nouvelle Calédonie
  • Aurélia Dumté | Crée le 27.07.2024 à 05h00 | Mis à jour le 27.07.2024 à 05h00
    Imprimer
    Dimanche devant l’église de l’Espérance aux Portes-de-Fer, les paroissiens proposeront des gaufres après la messe de 10h30. Photo Aurélia Dumté
    Les églises et les lieux de culte sont la cible depuis quelques semaines d’exactions. Un changement d’axe qui choque les Calédoniens. Les paroissiens sont évidemment attristés par les incendies des églises de Vao, de Saint-Louis, ou du presbytère de Thio, mais leur foi est intacte et leur espoir n’en est que décuplé.

    La messe commence à l’église de l’Immaculée de La Conception en ce vendredi matin. Le père Steeve débute son prêche par un appel à la prière "pour tous. Prions aussi pour les émeutiers." A la sortie, les croyants affirment "qu’il ne faut pas avoir peur" selon Marie-Pierre, "il ne faut pas généraliser, la majorité des gens veulent la paix", confirme Véronique.

    Si cette église n’a pas subi de dégradations, les membres des chorales s’organisent pour surveiller la bâtisse. Les récentes exactions sur des lieux saints ont provoqué un choc chez les croyants, comme sur la population en général. Voir le clocher de l’église de la Mission de Saint-Louis ou de celui de l’île des Pins partir en fumée ne laisse pas indifférent.

    Que cette colère n’atteigne pas notre église intérieure


    Dimanche 21 juillet, l’église Saint Jean-Baptiste à la Vallée-des-Colons a organisé une journée pour la paix afin de soutenir les édifices religieux qui ont été détruits. Photo Aurélia Dumté

    L’église de l’Espérance, à Portes-de-Fer, a elle aussi été victime d’exactions au début des violences, mais les riverains ont protégé la bâtisse. Jeudi 25 juillet, c’est la pagode, salle de prières, du temple bouddhiste qui a été incendiée. Autant de lieux de culte attaqués. Autant d’incompréhension. "Je ne comprends pas. Saint-Louis, c’est tout un pan de l’histoire qui a été détruit. Et pour Les Petites Filles de Marie, c’est horrible, j’en ai les armes aux yeux, commence cette paroissienne de l’église Saint Jean-Baptiste. L’église est sacrée, mais la plus belle des églises, c’est notre cœur. Et mon espoir, c’est que cette colère n’atteigne pas notre église intérieure."

    À la sortie de la messe à La Conception, Vassa, paroissien, confirme : "nous sommes très inquiets, c’est certain. Mais ce ne sont que des murs. La parole reste." Son épouse estime qu'"une solidarité est née, ce qui nous permet de revenir à l’essentiel, s’occuper des autres, manger ensemble".

    Les exactions se sont délocalisées vers les lieux saints

    La solidarité, c’est également la forme que prend la foi des paroissiens de l’église de l’Espérance, à Portes-de-Fer. Au tout début des violences, des émeutiers pénètrent dans la bâtisse, entassent les bancs et tentent de l’incendier. Mais les riverains se mobilisent, et l’église est sauvée. "Certes les exactions se sont délocalisées vers les lieux saints, mais un bâtiment, c’est un bâtiment, estime Simon-Pierre Selui, président de l’association Comité marche pour Notre-Dame de Téné. Sa fondation, ce sont les pratiquants. Bien sûr que nous sommes très sensibles à la destruction des églises, on peut se demander ce que nous avons manqué, quelle éducation religieuse avons-nous apporté à notre jeunesse ?"

    À l’issue de ce premier acte de vandalisme, les paroissiens se sont organisés pour protéger leur église. Au bout d’un mois, la surveillance s’est arrêtée et le Comité ainsi que le groupe de jeunes croyants du quartier ont participé à une chaîne de solidarité pour distribuer des denrées alimentaires. "C’est cette solidarité qui nous a permis de préserver notre église, c’était donnant-donnant avec les jeunes du quartier", estime Abraham, un paroissien militant.

    La foi ne fait pas de différence de couleurs

    Selon ce jeune militant indépendantiste et catholique, actif dans son église, "il y a une association entre l’église et la colonisation, pour certains jeunes la croix c’est la France. Ils ont donc brûlé un symbole." Un symbole de la colonisation pour certains, mais une foi qui accueille aujourd’hui majoritairement des croyants kanak et océaniens. "Attention à ne pas accoler du racisme à la foi chrétienne", prévient Simon-Pierre Selui. "En effet, car tout n’est pas noir et blanc, renchérit Abraham, et la foi apporte les couleurs." Le président du Comité continue : "La foi ne fait pas de différence de couleur, elle ne prend pas de parti pris, la foi c’est donner abondamment."

    C’est également l’idée de Jean-Paul-Marie, étudiant et coresponsable d’un groupe de prière. "Il est plus que temps de réagir et de remettre notre Seigneur Jésus à sa place légitime, c’est-à-dire en nous, qui sommes ses églises. Il est plus que temps de s’occuper des plus démunis et de la relève de demain, car nous l’avons délaissée notre jeunesse. Nous avons délaissé nos valeurs et notre force en Dieu pour des idéaux contraires à la paix pour tous."

    Des rendez-vous pour la paix

    Les croyants s’organisent donc pour se relever, avancer dans leurs "œuvres de miséricordes", soit l’entraide, la solidarité et la prière. Chaque jour, à l’église de l’Immaculée à La Conception, à 15 heures, est organisé un chapelet de prières pour la paix.

    Dimanche 28 juillet, après la messe de 10h30, les paroissiens de l’église de l’Espérance proposeront des gaufres, pour le plaisir de partager. Un marché solidaire sera organisé le 7 septembre… Des projets pour remonter le moral, unir les croyants et les habitants autour d’un même objectif : la paix.


    A l’église de l’Immaculée à La Conception, des chapelets de prière ont lieu tous les jours à 15 heures. Photo Aurélia Dumté

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS