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    Nouvelle Calédonie
  • Baptiste Gouret | Crée le 21.05.2024 à 16h54 | Mis à jour le 24.05.2024 à 19h41
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    Dans le hall du Médipôle, une zone d’accueil a été installée pour les patients guéris qui ne peuvent pas rentrer chez eux. Photo CHT
    Une semaine après le début des émeutes, l’accès au Médipôle reste très compliqué, dans un quartier où aucun axe n’est encore sécurisé. Les équipes, mobilisées jour et nuit, commencent à fatiguer, et leur renouvellement est difficile à mener.

    Comment assurer l’accès aux soins et aux urgences d’une population quand on se situe au milieu d’une zone de barrages, de pillages et d’affrontements entre militants et forces de l’ordre ? Après sept jours d’émeutes, le Médipôle parvient tant bien que mal à maintenir son activité essentielle dans un quartier, Dumbéa-sur-Mer, durement touché par les violences déclenchées dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai.

    Cette poursuite d’activité, le centre hospitalier la doit en grande partie à l’engagement de son personnel soignant. "Les équipes ont fait preuve d’un dévouement exceptionnel. Celles qui ont pu arriver jusqu’ici ont bravé les barrages. Des équipes arrivent tous les jours. On est très impressionnés par le dévouement, la motivation et le courage de chacun", salue Thierry De Greslan, médecin et président de la commission médicale d’établissement, lors d’une conférence de presse réalisée par téléphone ce mardi 21 mai.

    Des équipes épuisées

    Pas sûr pour autant que cet état d’esprit suffise à faire tenir les équipes. "Elles se fatiguent", alerte Leslie Levant, directeur général du CHT. La relève, prête à 98 % à venir prendre son poste, en est bien souvent empêchée. Malgré la mise en place de navettes maritimes au départ de l’hôpital, le renouvellement des 700 agents présents sur place est très limité par le manque de sécurisation des axes qui entourent le Médipôle. Certains sont également coincés dans des quartiers de Dumbéa, Païta ou du Mont-Dore dont on ne peut pas sortir. "Beaucoup d’agents ont fait plusieurs nuits depuis le début, cinq ou six pour certains. Ça nous inquiète." Malgré tout, "on essaie de trouver des solutions par rapport à cette situation exceptionnelle", poursuit le directeur du CHT. Tout est fait pour que les liens entre les proches et le personnel soient maintenus. Des espaces de détente ont été installés dans l’hôpital, notamment sur les terrasses du toit. "On fait tout pour limiter la tension."

    Côté alimentation, le Médipôle a pu être ravitaillé. Les médicaments sont en stock suffisant, même si les bouteilles d’oxygène pourraient commencer à manquer. Quant aux réserves de sang, elles ont pu être reconstituées par des dons de poches en provenance de Tahiti et de Métropole.

    Reprise d’activité

    En attendant un retour au calme tant espéré, les opérations chirurgicales programmées, les consultations et l’accueil de jour ont été suspendus. "On se concentre sur les urgences", signale Leslie Levant. Le Samu et les pompiers parviennent quasiment toujours à rejoindre le centre hospitalier. "On constate une reprise d’activité, pas seulement sur les blessés mais aussi sur les malades", note Thiery De Greslan, médecin et président de la commission médicale d’établissement. Il n’empêche : "plus de 50 % des patients n’arrivent pas" jusqu’au Médipôle, estime ce dernier.

    D’autres ne parviennent pas à en repartir. Le hall d’entrée a été transformé en zone d’accueil pour des patients qui n’ont plus besoin d’être pris en charge mais qui ne peuvent pas rentrer chez eux. Des lits de camp ont été installés dans ce "faré" et les personnes accueillies sont nourries et ont accès "au minimum pour l’hygiène". La zone accueille environ une cinquantaine de personnes en continu, avec "une vingtaine d’entrées et de sorties par jour".

    Le Médipôle, un "point stratégique à sécuriser"

    Si ces différentes mesures permettent au Médipôle d’assurer un service minimum, la direction de l’hôpital espère voir les axes qui entourent l’établissement rapidement libérés. "On sait qu’une intervention est en cours sur la Savexpress, mais il n’y a pas de visibilité sur la suite, regrette Leslie Levant. On se demande pourquoi hôpital n’est pas une priorité." Lundi lors de la conférence de presse du gouvernement, Isabelle Champmoreau avait qualifié le Médipôle et la clinique Kuindo-Magnin de "prochains points stratégiques à sécuriser".

    En attendant, la direction du CHT se projette déjà sur l’après. Il a déjà été décidé que, lorsque la circulation sera rétablie et sécurisée autour de l’établissement, "on rouvrira en priorité les chimiothérapies, car les patients ont du retard dans leur traitement", indique Thierry De Greslan. Ces derniers devront toutefois attendre d’être contactés par l’hôpital pour s’y rendre afin d’éviter tout risque de saturation des services.

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