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    Nouvelle Calédonie
  • LNC | Crée le 06.10.2024 à 05h00 | Mis à jour le 06.10.2024 à 05h00
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    Arthur Jean Cacot, le fils aîné de Théophile Cacot. Il est né en 1853 mais sa trace est perdue en 1893 en Martinique. Il aurait été marié et père d’une fille. Photo DR
    Théophile Cacot est un jeune homme bien éduqué et diplômé. Fervent républicain, il s’oppose à l’Empire et se voit déporter en 1872 pour son implication dans la Commune de Paris. Relevé de sa peine de déportation sous réserve de résidence obligatoire, il fait partie des rares communards à avoir fait souche en Nouvelle-Calédonie. Dans ce vingtième épisode de notre saga consacrée aux familles issues du bagne, Maryvonne Masson et Marie-Thérèse Cacot-Canet, deux des arrière-petites-filles de Théophile, nous livrent les importantes recherches menées par Jean, Thierry et Claude Cacot sur leur aïeul. D’année en année, l’histoire s’étoffe.

    "Théophile Cacot est né le 24 mai 1830 à Lurcy-Levy dans l’Allier. Orphelin de père, c’est son beau-père, un noble royaliste, qui l’éduque. Il intègre l’école spéciale des Ponts et Chaussés de Moulins, sort major, puis enseigne les mathématiques quelque temps. Mais Théophile fréquente les milieux républicains, il rompt donc avec sa famille.

    Une condamnation en 1852 pour son appartenance à un club va lui fermer les portes des Ponts et Chaussées et l’opposant au régime qu’il est ne pourra jamais faire carrière dans l’administration. Un refus dont il gardera une rancœur. Cette même année, il épouse Jeanne Mélanie Jasset avec qui il aura deux enfants, Arthur et Cécile. Il se reconvertit au travail de géomètre et d’expert agricole, achète un important cabinet dans la Beauce.


    A gauche : Cécile Cacot (1856-1896) est la fille de Théophile Cacot. Elle épouse Victor Cormier le 24 février 1881 à Nouméa et met au monde neuf enfants : Elie, Henri, Jeanne, Rose, Blanche, Edouard, Lucien, Marguerite et Hector qui décède à 4 mois en 1893. A droite : Lucien (1863-1935) est le fils de Théophile Cacot. Il épouse le 19 janvier 1901 Eugénie Schneider. Ils ont six enfants : Théodore Lucien marié à Laurence Mary (père de Marie-Thérèse et de son frère Claude), Noël, Gabrielle, Paul marié à Lucette Parazols (grand-père de Thierry), Georges et Suzanne épouse Jamieson. Photo DR

    Il devient également homme d’affaires et sa situation est à ce moment-là florissante. Théophile est propriétaire de plusieurs terrains, notamment près du bois de Boulogne. Devenu veuf en 1857, il épouse en secondes noces, le 20 septembre 1858, Marie-Jeanne Grenouillet qui donnera naissance à Noël, Lucien, Gustave et Michel. On le dit ruiné, ils partent pour Paris.

    Le 15 novembre 1876, un jugement rectificatif du 3e conseil de guerre déclare que Théophile Cacot et le nommé Jean Pacot sont une seule et même personne.

    Le 20 mars 1871, Théophile, alors père de six enfants, incorpore le 217e bataillon fédéré comme sergent major puis devient lieutenant. Il a en charge le dépôt de remonte de Montrouge et constitue en avril le 9e escadron de cavalerie qu’il commande sous le pseudonyme de capitaine Jean Pacot. Sous cette même fausse identité, il détourne une partie du dépôt de munitions de Montrouge.


    Camp de la Valbonne, 3 août 1915. Deux des fils de Noël Cacot, le troisième enfant de Théophile, partent pour le front, Lucien et Victor Michel, mais on ne sait pas lequel des deux est sur la photo. Noël marié à Catarina Téresa Maffoni a quatre enfants : Gustave, Lucien, Victor Michel marié à Héléna Mialaret et Suzanne épouse Brown. Photo DR

    Il est arrêté en juillet 1872 en Seine-et-Marne. Le 3e conseil de guerre de Versailles condamne Théophile le 9 octobre 1872 à la déportation simple en Nouvelle-Calédonie. À cette époque-là, personne ne sait que Pacot et Cacot sont un seul et même homme. Le capitaine Pacot est lui aussi condamné, par contumace évidemment, le 9 janvier 1873, à la déportation mais en enceinte fortifiée. "

    L’exil forcé puis définitif

    " Théophile embarque à bord du Calvados. Le trois-mâts appareille pour Nouméa le 18 mai 1873 et arrive à l’île Nou le 27 septembre. Quelques jours plus tard, Théophile est envoyé à l’île des Pins où sont affectés les déportés simples. Puis le 9 octobre il part pour Uarai à Moindou où il obtient, avec une soixantaine d’autres communards, une concession.

    Sa famille le rejoint en Nouvelle-Calédonie. Marie-Jeanne Grenouillet et les six enfants débarquent de l’Ocean Queen à Téremba le 26 mai 1876. Le 15 novembre cette même année, un jugement rectificatif du 3e conseil de guerre déclare que Théophile Cacot et le nommé Jean Pacot, sans état civil ni signalement connu, sont une seule et même personne. Théophile obtient une remise entière de sa peine le 7 mai 1877 mais contre l’obligation de résider en Nouvelle-Calédonie. Cette dernière est finalement levée le 15 janvier 1879.


    Michel Cacot (1870 – décédé entre 1931 et 1940). Instituteur, il se marie à Paris à Marie-Louise Duplain, veuve Le Rat, le 19 octobre 1929. Il obtient trois distinctions : officier d’académie en 1909, officier de l’instruction publique en 1921, et officier des palmes académiques. Lors de sa carrière, il passe de la quatrième à la classe exceptionnelle. L’école de Magenta porte son nom. Photo DR

    Théophile reconstruit sa vie dans la colonie. Doté d’une très bonne instruction, il se rend parfois à Téremba pour y dispenser, dans la petite école construite au milieu du pénitencier, quelques cours aux enfants de surveillants et de colons libres de la région. Il acquiert de nombreuses terres et développe d’importantes cultures (30 000 pieds de café) ainsi qu’un élevage de volaille, bien que l’insurrection kanak ait détruit une partie de ses biens. Il finit par quitter la région pour s’établir avec sa famille à Nouméa où l’administration lui confie l’étude des routes dans le 1er arrondissement. Il est notamment à l’origine du tracé de la liaison Païta – Tontouta. Le 17 mai 1882, Théophile décède d’une attaque d’apoplexie sur le chantier de Port-Laguerre. Il est enterré à Païta. "

    La descendance

    " Arthur, l’aîné, né en 1853, est commis de la direction de l’Intérieur à Nouméa ; c’est lui qui déclare le décès de son père. En 1885, il quitte la colonie pour un congé administratif puis il est nommé au Sénégal. En 1893, il est cité dans l’annuaire de l’administration en Martinique. Il aurait eu une fille dont il n’y a aucune trace.

    Cécile est la seconde et dernière enfant du premier mariage de Théophile avec Jeanne Jasset et devient orpheline de mère à 10 mois. Le 24 février 1881, elle épouse Victor Cormier à Nouméa. Victor a été déporté politique à l’île des Pins à 25 ans. Il devient greffier de la justice de paix au tribunal de Nouméa. Cécile met au monde neuf enfants et décède à l’âge de 40 ans le 2 juillet 1896, deux ans après son époux.


    Gustave Arthur (1867-1929, fils de Théophile) et sa femme Victorine Streiff. Ils se sont mariés le 10 février 1902 à Houaïlou. Ils ont trois enfants : Jean, Simone épouse Cayrol (la mère de Maryvonne), et Madeleine épouse Fonbonne. Photo DR

    Près de cent quarante années plus tard, Manuel Cormier, un de ses arrière-petits-fils, gère aujourd’hui le fort Téremba, là où, jeune fille, elle a posé le pied en descendant du bateau. Noël réalise le rêve de son père en entrant aux Ponts et Chaussées. Il travaille d’ailleurs aux côtés de Théophile sur les chantiers de routes. En 1888, il épouse à Nouméa une Italienne, Catarina Téréza Maffoni. Ils ont quatre enfants dont deux fils qui participeront à la Grande Guerre, Victor Michel et Lucien, tous deux embarqués sur le Sontay en avril 1915. L’un s’installe aux Hébrides tandis que l’autre choisit l’Australie.


    Eugénie Cacot, veuve de Lucien, entourée de ses enfants en 1935. De gauche à droite : Paul, Suzanne, Lucien puis Gabrielle et Georges. Photo DR

    Lucien est distributeur, magasinier, puis commis de l’administration pénitentiaire. Nommé à l’île des Pins, il y épouse en 1901 Eugénie Schneider, fille de Théodore Schneider, conducteur de travaux de l’administration pénitentiaire, avec qui il a six enfants. Gustave est l’un des premiers élèves du collège de Nouméa et le premier titulaire d’un titre équivalant au baccalauréat. Il entre chez Ballande comme secrétaire du directeur, puis réussit un concours qui le mène au secrétariat général du gouverneur Victor Liotard. Haut fonctionnaire, il part pour Libreville au Gabon pendant que Victorine Streiff, son épouse, Jean et Simone, ses deux enfants, restent à Houaïlou chez les grands-parents maternels. Ce n’est qu’en 1910 que sa famille rejoint Gustave en France. Ils reviendront à Nouméa tandis que Gustave repart pour le Sénégal avant de rentrer en Nouvelle-Calédonie juste avant la guerre, en 1914.


    A gauche : Jean (1902-1989) et Madeleine (1906-1977), deux des trois enfants de Gustave. Jean a été un des premiers de la famille à faire d’importantes recherches généalogiques. A droite : Madeleine, fille de Gustave, et son époux André Fonbonne. Ils se marient le 17 février 1930 à Houaïlou. Photo DR

    Enfin Michel, l’instituteur, qui a donné son nom à une école à Magenta. Le dernier fils de Théophile s’est marié tardivement à Marie-Louise Duplain, veuve Le Rat, dont feu l’époux était un collègue de Michel. Tous les trois étaient des passionnés de botanique. Michel commence sa carrière en 1889 à Yahoué, puis à Nouméa et à Houaïlou.

    De santé fragile, il demande un congé de convalescence et se rend en France pour y faire des cures. Il se marie à Paris en octobre 1929 puis demande sa retraite en 1931 ; il habitait alors Marseille. "


    Cacot Maryvonne Masson et sa cousine Marie-Thérèse Cacot-Canet, toutes deux arrière-petites-filles de Théophile Cacot, déporté de la Commune. Photo DR

    Note

    Cette série sur les destins de familles issues de la colonisation pénale, tirée du livre Le Bagne en héritage édité par Les Nouvelles calédoniennes, est réalisée en partenariat avec l’Association témoignage d’un passé.

    Cet article est paru dans le journal du 15 avril 2017.

    Une dizaine d’exemplaires de l’ouvrage Le Bagne en héritage, certes un peu abîmés, ainsi que des pages PDF de la parution dans le journal sont disponibles à la vente. Pour plus d’informations, contactez le 23 74 99.

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