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    Nouvelle Calédonie
  • Propos recueillis par Anthony Tejero | Crée le 11.11.2024 à 17h05 | Mis à jour le 11.11.2024 à 17h05
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    À 44 ans, Isabelle Marlier est notamment connue pour ses casquettes de pompier volontaire et de responsable déléguée régionale des jeunes sapeurs-pompiers. Photo Anthony Tejero
    Investie de longue date dans le milieu sportif, notamment dans le karaté, mais aussi dans de nombreuses associations, dont l’UPC (Union des pompiers calédoniens) et la Croix-Rouge, l’adjudant Isabelle Marlier a reçu, ce lundi 11 novembre, l’ordre national du Mérite. La reconnaissance de vingt ans de carrière en tant que soldat du feu volontaire mais surtout d’une vie largement mise "au service des autres". Une distinction qui intervient dans une période où le bénévolat a été mis à mal par les exactions. Rencontre.

    Vous venez d’être décorée de l’ordre national du Mérite, qu’est-ce que cela représente ?

    Cela fait forcément plaisir car cela met en avant les différents engagements que j’ai tant au niveau sportif et associatif qu’au niveau des sapeurs-pompiers, dont j’entame, ce mois-ci, ma vingtième année de carrière en tant que volontaire.

    Pouvez-vous rappeler l’évolution de votre carrière au sein des pompiers ?

    J’ai été pendant 15 ans pompier volontaire au Mont-Dore, puis j’ai suivi mon mari qui est devenu chef de centre à Boulouparis. Aujourd’hui, je suis sapeur-pompier à Païta, au 18 de Nouméa, c’est-à-dire au centre d’appels de Normandie, et je suis également formatrice à la Sécurité civile.

    Cette médaille revêt quelle importance pour vous ?

    La particularité de cette médaille, c’est que je la reçois au titre de mes différents engagements civils. C’est déjà une reconnaissance du parcours individuel, mais aussi d’un engagement collectif, parce que si j’y suis arrivée, ce n’est pas toute seule. Derrière, il y a de la famille, il y a des amis, il y a des collègues, ainsi qu’un investissement qui est quotidien. Cela demande beaucoup de temps, d’engagement et de disponibilité. Cette décoration, c’est la reconnaissance de tout ça. Et personnellement, je vais surtout la prendre comme un encouragement à continuer, parce que je n’ai que 44 ans et j’ai encore des choses à faire.

    Désormais, les femmes ont toute leur place au sein des corps des sapeurs-pompiers et donc on n’a plus besoin de se battre au sens premier du terme pour accéder à ces postes.

    Justement dans cette période particulière que connaît le pays depuis les exactions, que vous apporte cet investissement et peut-il être un exemple pour d’autres Calédoniens ?

    Le contexte actuel fait que les gens sont un peu découragés ou peut-être ont moins le temps et moins les moyens d’être bénévoles. Être bénévole ne rapporte rien financièrement, à part la satisfaction personnelle. Mais ça coûte énormément, ça prend énormément de temps sur la famille, sur le travail, etc. Ça demande une volonté, une motivation. Or après les événements du 13 mai, on est beaucoup à l’avoir perdue. On a eu des doutes. Aujourd’hui, certains n’ont plus les moyens ou le luxe d’être bénévoles et de passer du temps à s’impliquer pour les autres.

    On a pris des coups depuis le 13 mai, du coup, est-ce qu’on a encore envie de faire pour les autres ou est-ce qu’on a envie de faire pour soi maintenant ? Pour ma part, cette médaille est importante parce qu’elle va m’encourager à continuer, à montrer l’exemple. J’espère que ça va montrer aux gens que la reconnaissance existe et qu’elle se fait sans qu’on ait besoin de la demander.


    Le contrôleur général Frédéric Marchi-Lacci, à la tête de la Sécurité civile, est heureux que cette médaille, adressée à une sapeur pompier, honore par la même occasion "l'ensemble de la profession dans le pays".  Photo Anthony Tejero

    Le fait d’être une femme dans un milieu qui a pendant longtemps été dominé par les hommes, est-ce aussi un message que vous souhaitez véhiculer auprès des jeunes femmes et des Calédonie (ne) s en général ?

    Il y a encore dix ans, oui, c’est un message que je me forçais à véhiculer parce que c’était important. Aujourd’hui, chez les sapeurs-pompiers, on n’a plus vraiment besoin d’autant le véhiculer, mais il faut l’entretenir. Désormais, les femmes ont toute leur place au sein des corps des sapeurs-pompiers et donc on n’a plus besoin de se battre au sens premier du terme pour accéder à ces postes. Par contre, défendre l’image des femmes, défendre le rôle de la femme au sein de la grande famille des sapeurs-pompiers, oui, bien sûr, ça reste encore un message nécessaire à faire passer.

    Par les temps qui courent, c’est compliqué de motiver les jeunes et de leur donner envie.

    À 44 ans, quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?

    C’est compliqué. En tant que patenté et bénévole, je n’ai pas de travail fixe, je me donne à fond pour tout le monde et j’essaie, à côté, de travailler comme je peux. Du coup, mes ambitions, ce serait déjà de réussir à me poser avec un travail qui me permette d’avoir une certaine routine financière et un certain équilibre financier.

    Mais de l’autre côté, j’ai la chance d’être bien entourée, de pouvoir vivre de mes passions. Donc mes seules ambitions, c’est de continuer à faire ce que je fais et surtout de continuer à transmettre aux jeunes, notamment en tant que responsable déléguée régionale des jeunes sapeurs-pompiers. Par les temps qui courent, c’est compliqué de motiver les jeunes et de leur donner envie. Avec ce qu’on a vécu, c’est compliqué d’avoir encore envie d’être au service des autres.

    Justement, est-il important que cette médaille soit, à travers vous, adressée à l’ensemble des sapeurs-pompiers qui sont soumis à bien des difficultés et violences depuis le 13 mai ?

    Oui, j’ai tenu à ce que cette cérémonie soit axée sous le prisme du sapeur-pompier. J’aurais pu demander à d’autres organismes dans le sport, sachant que j’ai 39 ans de karaté à mon actif, ou d’autres institutions qui me reconnaissent tout autant, mais je pense que le mettre sous l’étoile du sapeur-pompier est important, effectivement, par rapport au contexte, par rapport à ce qu’on a vécu et surtout par rapport aux valeurs qu’on véhicule et qu’on transmet à nos jeunes.

    Qui sont ?

    L’honneur, le respect, la discipline, le cœur, toutes ces valeurs qu’on tient à transmettre et qui sont très recherchées mais difficiles à défendre parce qu’il faut y croire, déjà.

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