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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 09.12.2024 à 12h38 | Mis à jour le 09.12.2024 à 12h43
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    Les passagers sont moins nombreux à destination de l’île des Pins que des Loyauté. Photo Anthony Tejero
    Vieux de 17 ans, le Betico 2 est en bout de course, enchaînant les pannes qui l’immobilisent et plombent l’activité de la compagnie, déjà touchée de plein fouet par la crise liée aux exactions. Cette situation vient de contraindre la Sudîles à augmenter ses tarifs à partir du 1er janvier prochain. Dans ce contexte, "pour ne pas aller droit dans le mur", la direction souhaite relancer son projet de renouvellement de bateau porté depuis 2021, puis finalement balayé d’un revers de main par le président de la province des îles, dont la démission pourrait changer la donne.

    "On attend avec impatience la nouvelle stratégie sur le transport maritime qui sera portée par le futur exécutif de la province des Îles". La direction de la Sudîles, société qui exploite le Betico 2, compte bien tirer parti de la chute de Jacques Lalié de son siège de chef des Loyauté (qui envisageait de changer de prestataire), pour relancer son projet de renouvellement de navire "car il y a désormais urgence".

    Ce bateau vieillissant, mis en service en 2009, enchaîne les pannes. Des avaries qui l’ont encore contraint à rester à quai pendant plus de trois semaines, avant une reprise des rotations espérée par les équipes, "qui font leur maximum" dans le courant de la semaine. Un coup dur pour les équipes mais aussi pour les îliens, d’autant plus que le nombre de vols opérés par Aircal est actuellement réduit (la compagnie desservant désormais le Vanuatu et louant l’un de ses avions à Air Tahiti).

    "Plus un bateau prend de l’âge, plus il coûte cher"

    Sauf que ces pannes à répétition, qui plombent de plus en plus l’activité de l’entreprise, n’ont rien de bien surprenant, de l’aveu même d’Édouard Castaing. "Un bateau, c’est comme une voiture, plus il prend de l’âge, plus il engendre des frais de réparation et de maintenance. Cela coûte cher et c’est ce qui nous inquiète", résume le directeur général de la Sudîles, qui plaide pour un renouvellement de ce navire depuis belle lurette. Dès 2021, la société détenue à 100 % par la Sodil (le bras armé de la province des Loyauté en proie à des difficultés financières), avait effectué en interne des démarches à l’issue desquelles un appel d’offres avait retenu la construction d’un nouveau bateau pour un montant total de 21 millions d’euros (soit 2,5 milliards de francs).


    Édouard Castaing, directeur général de la Sudîles (à gauche) est venu constater l’avancée des travaux de réparation, la semaine dernière. Pour autant, les équipes sont encore à pied d’œuvre, ce lundi, pour venir à bout des réparations. Photo Anthony Tejero

    "On avait présenté le projet à la Sodil, alors présidée par Jacques Lalié, ainsi qu’au cabinet de Gilbert Tyuienon (le membre du gouvernement en charge des transports) et on avait compris qu’on avait leur feu vert", rappelle Édouard Castaing qui, quelques mois plus tard, découvre dans les médias, le changement radical de position du président de la province des Îles. Nous avons appris en direct l’annonce de Jacques Lalié de vouloir donner tout le marché à la Compagnie maritime des îles. Cela a marqué le début de la guerre des nerfs avec nos salariés et même certains élus de la province, qui étaient de notre côté." Car cette décision est synonyme de licenciement pour les 57 employés de la Sudîles, qui ont alors enchaîné les débrayages et mouvements de protestation.

    Le projet concurrent de Havannah 2 en "stand-by"

    La société privée CMI, portait alors le projet du Havannah 2, un ferry alliant fret et transport de passagers. Une offre "beaucoup plus lente et qui pose des problèmes en termes de logistique et de volume de passagers transportés", juge l’équipe du Betico.

    Sauf que de l’eau a coulé sous les ponts depuis et cette ambition est désormais "suspendue", comme le confirme la direction de la CMI, qui a le monopole du transport de fret maritime depuis la faillite des deux sociétés concurrentes (Transweb et la Stiles) : "Nous devons nous concentrer pleinement sur la desserte du fret en priorité et c’est pourquoi nous avons fait l’acquisition d’un deuxième bateau qui sera dédié au transport de marchandise et qui arrivera courant 2025. Le Havannah 2, lui, est en stand-by. Avec les émeutes, on ne peut pas faire un tel investissement en tant que privé sans positionnement clair des institutions."

    "On a perdu deux ans "

    En d’autres termes, pour la direction de la Sudîles, "on a perdu 2 ans car si on avait mené notre projet jusqu’au bout ; le Betico 3 aurait pu être mis en service début 2025." Or, entre la baisse de la fréquentation depuis les émeutes, la suspension des subventions et les retards de paiement des institutions (province des Îles en tête), ces coûts de plus en plus élevés engendrés par les pannes, la compagnie vient de prendre une décision drastique : augmenter ses tarifs au 1er janvier. Et ce, "pour assurer la survie de l’entreprise et la continuité de la desserte maritime des îles".

    Objectif : "retrouver l’équilibre financier nécessaire à la continuité d’exploitation". Mais pour ce faire, la direction insiste : "Il est impératif de renouveler notre bateau, dont certains matériels sont devenus obsolètes, avec une technologie vieille de vingt ans. Sinon, on va droit dans le mur, alerte Édouard Castaing, qui résume ainsi la situation. Aujourd’hui, on n’a pas de Betico 3, pas de Havannah 2 et aucune perspective pour le transport maritime. Il faut une reprise des discussions avec la province des Îles et le gouvernement afin de trouver une solution pérenne qui permettra de coordonner le transport aérien et maritime". Un sujet notamment abordé par le PS2R (plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction) actuellement porté par l’exécutif.

    Des réparations et des exactions qui coûtent cher


    La semaine dernière, le groupe électrogène se secours, a dû être remplacé par les équipes, sur le quai Ferry. Un équipement "provisoire" en location a ainsi été installé.

    Les émeutes qui ont éclaté dans le pays ne sont pas sans conséquences sur les comptes de la Sudîles, qui estime avoir perdu 30 % de son chiffre d’affaires entre mai et octobre, par rapport à la même période en 2023, soit un manque à gagner de près de 130 millions de francs.

    Si la fréquentation redevient correcte, si ce n’est bonne (du moins quand le navire parvient à effectuer ses rotations) vers Lifou et Maré, la destination de l’île des Pins, davantage empruntée par les touristes, est nettement plus poussive, même si la direction espère changer la donne avec les fêtes de fin d’année et les grandes vacances.

    Sur le volet des pannes, les deux dernières avaries survenues en novembre (qui concernent une pièce des moteurs et le groupe électrogène de secours à devoir remplacer), le montant des réparations et le préjudice pour la compagnie est estimée à environ 10 millions de francs.

    À noter que si la Sudîles plaidait pour un renouvellement rapide du navire, d’ici début 2025, c’était également pour économiser des frais importants liés à la révision quinquennale (des quinze ans), qui sans feu vert pour l’acquisition du Betico 3, a dû être menée intégralement en 2023, représentant un montant de 200 millions de francs. Et encore, ces coûts de carénage ont été réduits depuis qu’ils sont opérés localement à Nouville, et non plus à Brisbane, en Australie (le seul aller-retour représentait 15 millions de francs en carburant).

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