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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 27.09.2024 à 12h23 | Mis à jour le 27.09.2024 à 12h23
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    Le GIE Karuïa a remis ses bus en circulation depuis le 14 septembre, contre l’avis du SMTU. Photo : Archives LNC / NikO VinCent
    Les bus du réseau Tanéo reprendront officiellement du service à partir du mardi 1er octobre dans Nouméa et son agglomération, mais avec un réseau "adapté" de onze lignes, contre trente auparavant. Alors que les dégâts engendrés par les émeutes sont chiffrés à un milliard de francs et que les collectivités qui financent en grande partie ce service sont exsangues, le prix du ticket va bondir, passant de 225 à 500 francs. Explications.

    Un réseau nettement revu à la baisse

    Après 4 mois et demi d’interruption, le réseau Tanéo (qui comprend Carsud et Karuïa) doit reprendre officiellement, ce mardi 1er octobre. Mais ce service a dû "être adapté à la situation", annonce d’emblée Hugues Georgelin, le directeur adjoint du SMTU (Syndicat mixte des transports urbains du Grand Nouméa). Ainsi, seules onze lignes seront de nouveau en service, entre Païta (au niveau des Fraisiers) et Robinson, sans oublier une ligne qui desservira également le Mont-Dore Sud. Avant les émeutes, le réseau en comptait une trentaine.

    "On ne peut pas reprendre le réseau tel qu’il était notamment parce que les flux et besoins en déplacements ont évolué, poursuit Hugues Georgelin. Nous devons prendre en compte que des zones ont particulièrement été touchées par les destructions. Kenu-In par exemple s’est vidée de ses travailleurs et ses clients. Les conséquences des émeutes modifient donc la cartographie des flux."

    Une reprise dictée par la sécurité

    Dans les quartiers les plus sensibles de l’agglomération, le trafic de Tanéo sera largement allégé pour assurer un "service minimum". Ce sera notamment le cas dans les quartiers de Tindu, Kaméré, Rivière-Salée, Montravel ou encore de Saint-Quentin.

    "La desserte sera beaucoup moins fine, c’est-à-dire que les bus n’emprunteront que l’axe principal et ne rentreront plus dans ces quartiers pour des raisons de sécurité, détaille le directeur adjoint du SMTU. Nous nous basons sur les remontées des forces de l’ordre, du haut-commissariat et des communes qui nous alertent d’un risque toujours avéré dans certaines zones où les gens devront davantage marcher pour prendre le bus."

    Pas de Néobus avant au moins 2026

    Les dégâts causés par les émeutes sur l’ensemble du réseau se chiffrent à près d’un milliard de francs, dont 800 millions rien que pour la ligne Néobus où les feux de circulation prioritaire, les systèmes de billetterie et d’affichage ont été en grande partie détruits. "Cette ligne est extrêmement dégradée et à ce jour, nous n’avons pas les 800 millions de francs nécessaires pour la relancer, insiste Hugues Georgelin. Le jour où ce sera le cas, du moins si c’est le cas, il faudra compter au moins un an, voire un an et demi de délai avant une remise en service du Néobus".


    Les dégâts sont estimés à 800 millions de francs rien que sur la ligne du Néobus, "extrêmement dégradée", comme ici à Rivière-Salée. Photo Anthony Tejero

    Des financements et subventions largement revus à la baisse

    Le SMTU est une structure financée à 70 % par les collectivités publiques (mairies du Grand Nouméa et province Sud) ainsi que par la fiscalité (par le biais d’une taxe que chaque conducteur paie lorsqu’il fait le plein). Les 30 % restant sont apportés par les recettes commerciales.

    Sauf que depuis les émeutes, ce modèle est totalement bouleversé, les finances des institutions étant "exsangues". Alors que les collectivités devaient verser 1,8 milliard de francs pour 2024, elles ne se sont engagées qu’à hauteur de 60 % de ce montant, soit un milliard de francs (dont la moitié n’a pas encore été débloquée).

    Par ailleurs, en raison d’une baisse de l’activité et du pouvoir d’achat dans le pays, le SMTU table sur un recul de 30 à 40 % sur la fiscalité, soit un manque à gagner d’environ 700 millions de francs (sur une enveloppe initiale de 2 milliards).

    Sans oublier les recettes commerciales qui devraient, elles, baisser de moitié (soit 800 millions de francs au lieu d’1,6 milliard).

    Le prix du billet passe à 500 francs

    Dans ce contexte de chute vertigineuse de ses financements, le SMTU a décidé d’augmenter nettement le prix du ticket, qui va doubler à partir du 1er octobre.

    Dans le détail, un ticket à 225 francs (pour une zone) ou 300 francs (pour 2 zones ou plus) va passer à un tarif unique de 500 francs. En contrepartie, les détenteurs du pass bénéficieront d’un temps de correspondance gratuite qui passera d’1h30 à 3 heures. Le "ticket secours" passera lui aussi à 500 francs, mais sans temps de correspondance gratuit.

    "On ne le fait pas de gaieté de cœur, mais aujourd’hui, c’est la réalité économique et financière des collectivités. On n’a pas le choix si on veut maintenir un service public a minima et en toute sécurité, assure Hugues Georgelin. Pour l’instant, nous n’avons pas de visibilité et les institutions n’ont plus d’argent. L’usager va donc devoir contribuer davantage, disons à hauteur de 50 % de ce que coûte le service, contre 30 % auparavant."

    Une décision qui n’est pas pour autant gravée dans le marbre. "Le SMTU a la main sur les tarifs, donc en fonction de l’évolution de la situation, d’éventuelles aides que nous n’avons pas aujourd’hui, ce prix pourrait évoluer et de nouveau baisser."

    Une fréquentation en chute libre

    Le SMTU mise sur une fréquentation d’usagers pour les mois à venir de seulement 30 % à 40 % des flux connus avant les émeutes. À titre d’exemple, depuis que les bus Karuïa ont repris du service dans Nouméa, le taux de remplissage n’est que de 20 % par rapport aux chiffres d’avant crise, soit 10 000 validations par jour, contre 50 000 auparavant.

    Quelles conséquences sur les 420 salariés ?

    La réduction de l’exploitation ne sera pas sans conséquences sociales sur l’emploi. Le SMTU indique d’ailleurs qu’une "discussion" est en cours du côté de Carsud avec les organisations syndicales au sujet d’un "éventuel plan social". Thème qui n’aurait pas encore été abordé au sein du GIE Karuïa.

    Un accord "en passe d’être trouvé" avec Karuïa

    Contre l’avis du SMTU, les bus Karuïa ont repris du service sur l’ensemble de leurs lignes, le 14 septembre dernier, ce qui a provoqué un bras de fer entre ce GIE et le syndicat.

    Si le SMTU annonce officiellement son nouveau réseau allégé avec seulement, onze lignes, rien ne garantit encore que Karuïa s’y pliera dès mardi prochain. Alors que Carsud y est favorable, c’est encore incertain pour le GIE. "Nous sommes en passe d’avoir un accord, mais cela prend en effet plus de temps avec Karuïa, concède Hugues Georgelin. Si cet accord n’aboutissait pas et le GIE décidait de maintenir ses 15 lignes sans garantie de rémunération, le risque à court terme c’est l’arrêt de Karuïa et donc la disparition d’un service public pour la population."

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