Ce sont des plaisanciers et des professionnels d’un club de plongée qui ont donné l’alerte à l’association Oceania et aux autorités mardi matin. Une baleine juvénile – un jeune adulte – à la mâchoire supérieure "fracassée" et présentant de larges plaies nageait avec grande difficulté à proximité du récif entre Papeete et Faa’a. La Direction régionale de l’environnement a rapidement mis en place un plan de suivi du cétacé, en coopération avec le Réseau des Gardiens de l’Océan (RGO). Un vétérinaire envoyé sur place, membre du RGO et de Mata Tohora, a ainsi constaté une "fracture de la mandibule" et "l’arrachage de deux tiers du maxillaire", "laissant la zone exposée jusqu’à l’évent". Des blessures mortelles pour une baleine.

Investigations

La gendarmerie, elle aussi mobilisée rapidement, a lancé des investigations sur l’origine de ces blessures. Pour les connaisseurs qui ont pu observer l’animal, il paraît "évident" que le juvénile a été percuté par un navire. "Un gros navire, qui allait vite", précise un spécialiste, qui, comme beaucoup, pointe dans la direction des navettes Tahiti – Moorea souvent accusées d’entrer trop rapidement dans la passe de Papeete ou de Moorea. Aucun signalement de collision n’a pourtant été effectué ce mardi et aucune responsabilité n’est pour l’instant confirmée.

Requins-tigres

Du côté du Haut-commissariat, c’est plutôt la trajectoire de ce juvénile qui inquiétait. Une réunion de crise a été organisée en début d’après-midi, pour étudier les différents scénarios d’évolution de la situation. Une des craintes : que la baleine blessée, déjà entourée de plusieurs requins-tigres en milieu de journée, finisse sa course dans la passe de Taapuna, où sont organisés ces jours-ci des compétitions de surf, et y attirent d’autres gros requins. Les autorités municipales se tenaient prêtes, mais aucun arrêté d’interdiction de baignade n’a finalement dû être pris par la mairie de Punaauia. La gendarmerie a en revanche demandé dans la journée aux clubs de plongée de la zone de suspendre leurs sorties par mesure de sécurité.

Remorquage

L’animal, qui sondait de moins en moins fréquemment et "montrait des signes clairs de souffrance et de faiblesse" d’après le RDO, est finalement mort noyé. Son cadavre s’est échoué près du récif extérieur de Faa’a, non loin du spot de plongée de la Vallée blanche. Pour éviter un échouage et une contamination de la zone, un remorquage a été organisé par le Haut-commissariat. En l’absence du Aito Nui II, en panne, c’est une vedette de la brigade de la gendarmerie, puis par des navires de la marine qui se sont chargés de cette "opération délicate". Dans le même temps, à terre, une cérémonie culturelle a été organisée par l’association Rohutu Noanoa et Fafaite pour rendre hommage à l’animal décédé.