- AFP | Crée le 16.04.2024 à 14h00 | Mis à jour le 16.04.2024 à 14h00ImprimerEn novembre 2021, des milliers de personnes s’opposant à la politique pro-Pékin du gouvernement avaient incendié plusieurs bâtiments du quartier chinois. Photo Charley PIRINGI / AFPLes électeurs des îles Salomon, courtisées par la Chine et les puissances occidentales, se rendront aux urnes mercredi pour une élection législative observée de près pour son impact attendu sur la situation sécuritaire dans le Pacifique.
L’archipel des Salomon, un des pays les moins développés de la planète, est devenu ces dernières années le théâtre d’une bataille diplomatique intense opposant la Chine à ses rivaux occidentaux. Les îles Salomon sont entrées dans l’orbite chinoise sous la houlette du Premier ministre Manasseh Sogavare, qui a signé un pacte de sécurité, tenu secret, avec Pékin en 2022.
Le dirigeant sortant a promis de renforcer ces liens s’il est réélu mais ses adversaires s’inquiètent de l’influence de Pékin sur l’archipel. "Tout le monde sait que cette élection sera suivie de très près par les États-Unis, la Chine et les autres pays insulaires du Pacifique", souligne Anouk Ride, spécialiste des îles Salomon à l’Université nationale d’Australie (ANU). "On a l’impression que la pression est forte".
Repositionnement
L’ancienne colonie britannique est devenue indépendante en 1978, établissant des relations diplomatiques avec Taïwan, l’un de ses premiers partenaires étrangers. Mais ces relations ont été brusquement rompues en 2019, lorsque M. Sogavare, fraîchement élu, a apporté son soutien à la position de la "Chine unique" prônée par Pékin. Des aides et investissements chinois ont afflué après ce repositionnement. En 2022, les îles Salomon ont signé un pacte de sécurité avec Pékin, prenant au dépourvu leurs anciens partenaires, l’Australie et les États-Unis.
Les alliés occidentaux craignent que ce pacte ne débouche vers une base militaire chinoise permanente dans le Pacifique Sud, qui pourrait changer la donne en matière de sécurité régionale. La Chine a aujourd’hui une présence policière modeste mais visible dans le pays.
Les îles Salomon portent encore les stigmates de la compétition entre puissances. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Japon et les États-Unis se sont sauvagement disputé ces îles, y laissant quantité de bombes non explosées qui font encore des victimes aujourd’hui.
Enlèvements et émeutes
Les élections sont souvent mouvementées aux îles Salomon, un pays qui compte quelque 720 000 habitants. En 2000, le Premier ministre Bart Ulufa’alu a été contraint à la démission après avoir été enlevé par des hommes armés mécontents.
En 2006, des forces internationales de maintien de la paix ont été déployées pour réprimer des violences post-électorales, et le Premier ministre Snyder Rini a été chassé au bout de huit jours seulement.
Avant le scrutin de cette année, l’alcool sera interdit dans les 900 îles et atolls de l’archipel.
Les principaux rivaux de M. Sogavare sont Peter Kenilorea, un ancien juriste des Nations unies considéré comme un membre de l’élite politique de l’archipel et Matthew Wale, un expert-comptable et militant des droits humains. Ils ont tous deux fortement critiqué le pacte de sécurité avec la Chine, ce qui laisse présager un changement de cap s’ils parviennent au pouvoir.
"Maître du désordre"
M. Sogavare a dominé la politique de l’archipel au cours des 20 dernières années, occupant le poste de Premier ministre à quatre reprises depuis 2000. Surnommé le "maître du désordre" par un universitaire étranger, ses détracteurs craignent son autoritarisme croissant.
L’homme de 69 ans, ceinture noire de karaté, a tenté de réprimer toute dissidence ces dernières années en menaçant d’interdire les journalistes étrangers indiscrets, Facebook ou des diplomates en visite.
L’année dernière, sa décision de reporter les élections de sept mois a été largement critiquée. "Il a centralisé et contrôlé le pouvoir d’une manière que les Premiers ministres précédents n’avaient pas fait", selon l’historien Clive Moore, expert des îles Salomon. Mais la mainmise de M. Sogavare sur le pouvoir est loin d’être absolue.
Son ralliement à Pékin en 2019 a en partie alimenté une vague d’émeutes antigouvernementales qui ont ravagé le quartier chinois de la capitale Honiara. Une nouvelle éruption de violence s’est produite en 2021 quand une foule en colère a tenté de prendre d’assaut le Parlement, incendié le quartier chinois et tenté de détruire la maison de M. Sogavare.
Les habitants sont cependant plus préoccupés par la pauvreté et le chômage que par la géopolitique. Le pays affiche un indice de développement humain des Nations unies, juste au-dessus d’Haïti et plus bas que celui de la Birmanie, ravagée par la guerre.
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