Des dispensaires qui fonctionnent en mode dégradé, des fermetures de lits en série, des services d’urgence qui limitent leurs déplacements… Depuis plusieurs mois, la province Nord fait face à une situation sanitaire critique, le résultat d’une désertification médicale qui s’aggrave. Le 11 septembre, des habitants et des professionnels de santé de la province Nord ont fondé le collectif "Sos du Nord – Santé en péril" afin d’alerter les autorités sur ce "constat alarmant". "Notre province, qui compte près de 50 000 habitants, fait face aujourd’hui à une désertification médicale aggravée, mettant en péril l’accès aux soins de base. Les crises successives et l’exode des professionnels de santé n’ont fait qu’aggraver une situation déjà précaire. Si cette situation perdure, elle entraînera des conséquences graves, non seulement pour la santé publique des habitants du Nord, mais aussi pour le maintien des professionnels de santé dans la région."

Le personnel épuisé

Le collectif pointe notamment des distances devenues trop grandes depuis la fermeture de certains dispensaires et des rendez-vous médicaux nécessitant parfois des mois d’attente, entraînant "une perte de chance" pour les patients en province Nord. "De nombreux habitants sont contraints de se déplacer pour des urgences, sans certitude de trouver une assistance rapide. Les patients témoignent de leur crainte en cas de crises cardiaques, épileptiques, asthmatiques ou allergiques", déplore le collectif, dénonçant un "déséquilibre flagrant Nord/Sud en termes d’offre de soins".

La situation a des conséquences également sur le personnel, touché par l'"épuisement", la "surcharge de travail" et "l’insécurité croissante"… Les membres du collectif appellent à "une réponse d’urgence" des pouvoirs publics et listent une série de mesures : l’amélioration de l’accès aux soins pour les 50 000 habitants de la province Nord, le recrutement de soignants par une aide à l’installation, la mise en place d’une équipe de gestion dédiée, une meilleure communication sur le réseau de soins existant en province Nord et enfin davantage de soutien des soignants déjà implantés. Une pétition, qui avait déjà reçu plus de 3 500 signatures fin novembre, a été transmise aux différents représentants politiques calédoniens.

Le collectif veut désormais intensifier le mouvement et organise une triple mobilisation, mercredi 11 décembre, devant les centres hospitaliers de Koné, de Koumac et de Poindimié. "Cette mobilisation sera silencieuse, signe de deuil face à l’effondrement de l’offre de soins", souligne le collectif, suggérant aux participants de venir vêtus de noir, avec banderoles et pancartes.