fbpx
    Société
  • Baptiste Gouret | Crée le 25.01.2024 à 16h02 | Mis à jour le 25.01.2024 à 16h08
    Imprimer
    Yvette Danguigny a créé le collectif "Cris et pleurs de femmes" après le meurtre de Lucie Fatauli-Porempoa, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier à Bourail. Elle organise une marche en sa mémoire samedi. Photo Baptiste Gouret
    Impliquée de longue date dans le combat contre les violences faites aux femmes, Yvette Danguigny a perdu sa nièce, le 22 mai 2023, victime d’un féminicide. Après le meurtre de Lucie Fatauli-Porempoa, tuée par son conjoint dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, elle a décidé de créer un collectif, "Cris et pleurs de femmes" et d’organiser une marche en sa mémoire, samedi 27 janvier.

    Yvette Danguigny n’aurait jamais songé être, à 62 ans, davantage concernée par les violences faites aux femmes que quand elle en était victime, bien plus jeune. Pourtant, depuis le 22 mai 2023, le sujet ne la quitte plus, ni sa colère. Ce jour-là, sa nièce, Diana Danguigny, est tuée par un homme qu’elle connaît et héberge régulièrement quand il "descend à Nouméa pour vendre le crabe et le poisson". Il l’emmène de force en direction de Ouégoa et "la tue sur la route" avant de "rouler toute la journée avec son corps dans la voiture".

    Après un mois et demi de sidération et de souffrance, Yvette trouve la force d’organiser une marche en mémoire de Diana, à Ouégoa, le 3 juillet. "Je ne voulais pas que ça reste un banal fait divers." L’évènement réunit une centaine de personnes venues dénoncer les violences faites aux femmes. Six mois plus tard, c’est pour Lucie Fatauli-Porempoa qu’elle tente désormais de mobiliser. La jeune femme de 29 ans, mère de trois enfants, a été tuée à Bourail dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Son conjoint, dont le corps a été retrouvé sans vie quelques jours plus tard, est le principal suspect.

    Un "relâchement politique"

    Après ce nouveau drame, Yvette Danguigny a créé un collectif, nommé "Cris et pleurs de femmes", et prépare une nouvelle marche, cette fois en mémoire de Lucie, samedi 27 janvier à Nouméa. Le cortège partira de l’hôtel de la province Sud, dès 10 heures, pour rejoindre la place de la Paix. Un appel à mobiliser qu’elle compte systématiser à chaque nouveau féminicide. "Les femmes meurent et personne ne réagit. Mais se taire, c’est être complice."

    Elle en veut notamment aux responsables politiques et au "relâchement" dont ils font preuve face à ce phénomène. Au nom du collectif, elle a envoyé une lettre ouverte à tous les groupes politiques pour les convier à la marche de samedi et leur rappeler l’urgence de la situation, alors que cent actes de violences conjugales ont déjà été relevés depuis le 1er janvier. "Pendant ce temps au gouvernement, on a fait disparaître le portefeuille de la condition féminine", s’indigne Yvette Danguigny.

    Si l’ambition est bien d’interpeller les pouvoirs publics, la mobilisation prendra surtout la forme d’un soutien aux familles des victimes. "Le soutien des gens dans cette épreuve est le plus grand des réconforts", assure Yvette Danguigny, qui se veut toutefois lucide : "On ne sera jamais guéris." Ni résignés.

    Le fléau des violences faites aux femmes en Nouvelle-Calédonie, Yvette l’aborde depuis longtemps. En tant que collaboratrice du groupe UC-FLNKS et Nationalistes et Éveil océanien au Congrès, dont elle est chargée de la commission famille, mais surtout comme présidente de l’association "La natte kanak, lien de destins croisés".

    Depuis 2016, elle fait du tressage, savoir-faire ancestral, un outil d’émancipation et de libération de la parole des femmes kanak. Une pratique qui lui permet aussi de déceler les traces de violences. "J’ai constaté que les femmes victimes de violences n’arrivaient pas à tresser. Il faut une forme de paix intérieure et de sérénité pour y parvenir."

    Samedi, ce sera la colère et l’indignation qui devraient agiter les manifestants, sous les portraits géants des femmes tuées ces dernières années en Nouvelle-Calédonie. Au milieu de ces drames, "on va aller chercher de l’humanité".

    MERCI DE VOUS IDENTIFIER
    X

    Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.

    J'AI DÉJA UN COMPTE
    Saisissez votre nom d'utilisateur pour LNC.nc | Les Nouvelles Calédoniennes
    Saisissez le mot de passe correspondant à votre nom d'utilisateur.
    JE N'AI PAS DE COMPTE

    Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
    Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement.
  • DANS LA MÊME RUBRIQUE
  • VOS RÉACTIONS