- Sophie MAKRIS / AFP | Crée le 17.12.2023 à 09h00 | Mis à jour le 17.12.2023 à 09h02ImprimerLe 29 octobre 2020, l’Allemand Sebastian Steudtner a battu le record du monde de la plus grosse vague jamais surfée, à Praia do Norte, à Nazaré. Photo Jorge LEAL / AFPÊtre recordman de la plus grosse vague jamais surfée n’a pas assouvi la quête de l’Allemand Sebastian Steudtner. Plus hauts et plus puissants, d’autres murs d’eau attendent ce sportif atypique qui s’est mis en tête de les dompter grâce à la science.
29 octobre 2020. Une date inoubliable pour l’Allemand Sebastian Steudtner. Ce jour-là, le surfeur blond est une frêle virgule noire dévalant un mur de 26,21 mètres de haut témoigne une vidéo. Cette folle course avec les éléments l’a rendu célèbre, faisant de lui l’homme ayant surfé la plus grosse vague jamais mesurée.
Trois ans plus tard, c’est sur le même spot portugais de Nazaré, mecque du "big wave surfing" que l’Allemand de 38 ans, né en Bavière, loin de la mer, espère battre de nouveaux records.
La saison des vagues géantes vient de commencer sur ce bout de côte battu par les dépressions hivernales qui attire tous les ans les meilleurs spécialistes de la discipline.
Sebastian Steudtner s’y prépare depuis des mois, avec, à ses côtés, des partenaires davantage habitués au macadam qu’aux rivages : le constructeur de bolides Porsche et le fabricant de composants automobiles Schaeffler.
"Force absolue"
Le raisonnement du sportif est simple. "Avec la vague du record du monde, j’ai vu que j’avais rapidement atteint la limite de vitesse de ma planche", a-t-il expliqué à l’AFP lors d’une rencontre à Munich, dans sa région d’origine.
"Avec Porsche, nous nous sommes demandé comment rendre la planche à la fois plus rapide et plus stable".
La question de la vitesse est déterminante pour cette pratique extrême du surf "parce que plus la vague est grosse, plus je dois créer de la vitesse pour en sortir", détaille le sportif. Pour en sortir vivant, devrait-il préciser, car ces monstres d’eau ne pardonnent pas la moindre faiblesse.
Le surfeur allemand Sebastian Steudtner se tourne vers la science et la technologie pour atteindre de nouveaux sommets. Photo Christof STACHE / AFPLors du record de 2020, "je descends la vague à 80 km/h et je me concentre à 100 % sur elle, de sorte que je ne pense ni au passé, ni au présent, ni au futur, […] je n’ai pas le temps de penser 'Ouah cette vague est magnifique'", se remémore-t-il.
"La puissance de la vague, c’est une force absolue, comme d’avoir plusieurs immeubles qui te poussent", raconte-t-il.
Augmenter sa vitesse, c’est avoir la possibilité de se mesurer à des vagues encore plus grandes. Et la technologie peut y contribuer.
De la Bavière à Hawaï
Avec les ingénieurs de Porsche, une nouvelle planche a été mise au point : le nez, la queue et les bords ont été adaptés pour optimiser l’hydrodynamique. Un revêtement réduisant les frictions a été mis au point par Schaeffler.
Des simulations en soufflerie, comme si le surfeur dévalait un des monstres de Nazaré, lui ont permis d’adapter sa position.
"Nous avons pu réduire de 20 % la résistance à l’air en agissant sur la planche et la posture de Sebastian, ce qui rend la planche plus rapide et plus stable à haute vitesse", explique Markus Schmelz, chef de projet chez Porsche Engineering.
La nouvelle planche, jaune et noire, désormais livrée, reste à trouver LA vague.
"Je peux l’attendre pendant trois mois et en quelques jours, devoir donner le meilleur de moi-même", explique Sebastian Steudtner qui s’entraîne quotidiennement, sur l’eau ou en salle.
Comme lui, un petit cercle de surfeurs de l’extrême traquent "les jours de gros" à Nazaré durant l’hiver. Parmi eux beaucoup de Brésiliens, d’Américains, quelques Français et cet Allemand né plus près des Alpes que de l’océan.
"J’ai pris beaucoup de décision dans ma vie que personne n’a compris sur le moment", raconte-t-il.
Comme celle de quitter la Bavière et sa famille, à 16 ans, pour aller apprendre le surf découvert dans les magazines. A Hawaï, il travaille sur des chantiers pendant plusieurs années tout en se formant sur les vagues locales.
La reconnaissance et les sponsors venus, c’est désormais une équipe d’une trentaine de personnes, dont des médecins militaires, qui l’accompagnent dans son aventure, dont il a déjà fixé le prochain cap : "comprendre le voyage des vagues dans l’océan".
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