- Anthony Tejero | Crée le 06.01.2024 à 05h00 | Mis à jour le 06.01.2024 à 05h00ImprimerEn 2017, Edwige Blancher a racheté la propriété Néouty, à l’abandon, située à l’entrée de la vallée de La Tchamba. Un lieu dont elle rêvait avec son mari depuis longtemps. Photo Anthony TejeroAprès vingt-cinq années passées dans les salles de classe de Poindimié et de Ponérihouen, Edwige Blancher a radicalement changé de vie. Avec son mari, cette Calédonienne est devenue propriétaire de Néouty découvertes, une vaste propriété de la Tchamba, qu’elle a transformée en gîte et en ferme pédagogique. Un site unique sur la côte Est qui attire une foule de visiteurs.
En bordure de creek, à l’ombre d’un bois noir centenaire ou en lisière de forêt humide… Partout où le regard se pose, la vallée fourmille de vie. Par centaines, poules, paons, canards, dindons et cochons se sont emparés des lieux, sous le regard attendri de leur "maman".
À 53 ans, Edwige Blancher s’est lancée un nouveau défi en devenant l’heureuse gérante de Néouty découvertes, une vaste propriété de la Tchamba qu’elle a transformée en gîte et en ferme pédagogique. Pourtant, rien ne la prédestinait à travailler avec les bêtes.
Née à Bourail, Edwige découvre la côte Est à l’âge de 19 ans, lorsqu’elle s’installe chez son compagnon, à Tiakan. "Je n’avais jamais dépassé Houaïlou, d’où est originaire ma maman, jusqu’à ce que je rencontre celui qui deviendra mon mari. Quand j’ai épousé l’homme, j’ai également épousé sa région."
Des bancs de l’école au travail de fermière
Mais les opportunités professionnelles sont rares dans le secteur. "Par hasard", la jeune femme embrasse une carrière d’institutrice. Plus qu’un métier, "une vocation" qui la conduit à enseigner dans les écoles de Ponérihouen et de Poindimié pendant 25 ans.
Puis un jour de 2017, alors que l’heure de la retraite est sur le point de sonner, Edwige découvre que la propriété Néouty est à vendre. Ce coin de paradis à l’abandon, qui la faisait rêver avec son mari depuis de très longues années, sera bientôt le leur. Un changement de vie radical pour cette Calédonienne.
Un sanctuaire pour les bêtes abandonnées
"Tout mon entourage a été surpris de cette reconversion. Mon univers, c’était les livres et les enfants, pas le travail manuel dans une ferme, se souvient la retraitée, qui s’est découvert une nouvelle passion dévorante. Au début, mon souhait, c’était juste d’avoir un gîte. Je ne voulais pas d’animaux, sauf que mon mari m’a amené deux cochons, six poules et six paons. Très vite, je suis tombée gaga. Ils sont devenus mes bébés. J’ai alors décidé de faire de ce lieu un refuge et un sanctuaire qui accueille les bêtes abandonnées."
Un creek traverse la propriété permettant aux visiteurs de se rafraîchir. Photo Anthony TejeroSi bien que ses 400 hectares de terres verdoyantes abritent désormais plus de 500 bêtes en liberté, dont près de 200 cochons et porcelets. Ce concept, inédit sur la côte Est, attire un public de plus en plus large.
"Cela marche de mieux en mieux, en particulier les week-ends et les vacances où je suis victime de mon succès. Il faut réserver à l’avance, avertit la gérante qui ne s’attendait pas à un tel engouement. Jamais je n’aurais cru que la ferme plairait autant aux gens, y compris aux habitants du coin et ceux des tribus. Ils sont autant émerveillés que les touristes de passage. Cela m’étonne toujours de voir que le lieu plaît autant aux enfants qu’aux adultes. Pour moi, c’est le signe que les gens ont un réel besoin de se déconnecter. "
2 000 visiteurs en un an
Randonnées pédestres, balades en 4x4, table d’hôte, gîte, camping… En deux ans, Néouty découvertes est devenu bien plus qu’une simple ferme pédagogique. Et la formule porte ses fruits : l’an passé, près de 2 000 visiteurs ont arpenté la propriété.
De quoi dynamiser le tourisme dans la commune. "Auparavant, Ponérihouen n’était pas un lieu où l’on faisait une halte. Mais grâce au grand camping de Tiakan, aux accueils en tribu et à ma ferme, la commune commence enfin à s’ouvrir aux visiteurs", estime Edwige, qui a à cœur de " valoriser" et de "transmettre son amour" pour ce territoire. "Les gens ne soupçonnent pas qu’il y a des paysages aussi verdoyants en dehors de ceux du littoral. Ponérihouen a bien des facettes et il y en a pour tous les goûts entre la vie sur le bord de mer, sur une propriété ou en milieu tribal."
Pour Edwige : "Dans un contexte où tout augmente et où la vie est dure, partager ces petits plaisirs avec tous m’apporte du bien-être. Ici, on ne fait pas de politique. Le vivre ensemble, c’est notre quotidien." Photo Anthony TejeroUn rôle "d’ambassadrice de la région" que cette amoureuse des bêtes endosse volontiers. Et qu’elle compte bien garder encore de longues années. Du moins, si les finances le permettent.
"Dès le jour où on a posé nos valises, on n’est plus jamais repartis d’ici. Pourtant, auparavant, on avait une super maison à Poindimié avec vue sur mer, ce qui était mon rêve. Jamais je n’aurais cru pouvoir m’en détacher si facilement. Mais racheter cette ferme est un lourd investissement, glisse Edwige, chez qui l’inquiétude reste palpable. Notre ambition désormais est de parvenir à finir de payer cette propriété car c’est une situation assez stressante. Le contexte économique est morose, et sur la côte Est, il n’y a pas de travail, peu de perspectives d’avenir. C’est assez incertain, mais on y croit. On veut arriver au bout de ce pari fou."
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Plus de 500 bêtes, dont près de 200 cochons et porcelets, vivent en liberté sur les 400 hectares de la propriété Néouty. Photo Anthony TejeroMERCI DE VOUS IDENTIFIER
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