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    Nouvelle Calédonie
  • Cécile Rubichon | Crée le 15.03.2023 à 17h20 | Mis à jour le 19.09.2023 à 15h42
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    La version papier des Nouvelles calédoniennes a cessé de paraître le 30 décembre. La dernière édition numérique est celle du 16 mars.  Photo Nicolas Petit
    Une immense tristesse. C'est ce que ressentent de nombreux Calédoniens alors que le seul quotidien du Caillou cesse de paraître ce 16 mars. "Peu importe son opinion sur Les Nouvelles calédoniennes", résume un lecteur. "Ça fait mal", réagit un autre. À tout un territoire. Témoignages de lecteurs. 

    " T'as vu l'article dans le journal ? "

    Manuella. "C'est un bout de nos vies qui s'en va. LNC, c'était ma grand-mère faisant les mots croisés, lisant les avis de naissance ou de décès en faisant la généalogie de chacun, regardant les marées pour la pêche ou à quelle heure passait la série. LNC, c'était mon grand-père interpellant l'ami qui passait ‘‘T'as vu l'article dans le journal ?'', commentant l'Affreux Jojo, lisant les annonces légales… Leurs enfants et petits-enfants avaient pris leur plis. C'était ainsi que chacun prenait des nouvelles des autres, une époque où l'usage du téléphone était restreint, où Internet n'existait pas. " Elle a ressorti sa première découpe d'article. " C'était en décembre 1988, avec ma classe nous avions été invités par Monsieur Mitterand pour représenter la diversité et le vivre ensemble dans une période mouvementée du pays. " Elle était désormais abonnée numérique " après avoir reçu le journal à domicile des années, la petite sortie du matin, par tous les temps ! Un grand merci à tou.te.s ! "

    "Cause de micro-disputes"

    Béatrice Jacquin, 22 ans, Nouméa. " Depuis petite votre journal est omniprésent dans ma vie. Acheté au magasin chinois d'à côté, je me rappelle comment on le mettait : enroulé autour des trois baguettes de pain. Mon père ne supportait pas ça : ça a été la cause de bien des micro-disputes. Mais là où je pense qu'il va le plus manquer à la population calédonienne c'est pour les résultats des diplômes.  A chaque fois que mes frères et sœurs et moi avons passé le brevet, le bac ou le BTS, il fallait absolument acheter le journal pour vérifier les résultats, espérant très fort y voir inscrits nos noms. Dans mes boîtes de souvenir, il y a ces pages de ce précieux journal, qui resteront toujours bien conservées, physiquement et dans nos mémoires. Merci pour tout. "

     

    " Quelle joie de sortir de notre isolement "

    Isabelle Payat. " Vivant à Canala, je me souviens que pendant le long blocage de la commune en 1988, il arrivait parfois que d'anciens journaux arrivent à traverser la Chaîne ! Quelle joie de pouvoir sortir de notre isolement grâce aux Nouvelles calédoniennes puisque, sans électricité, le seul moyen de rester informé était de guetter les informations radio dans sa voiture... Correspondante de cette commune depuis très longtemps, je regretterai de ne plus participer à créer du lien entre les communes de Brousse et le reste du pays. Montrer qu'au-delà des faits divers, il y a aussi des habitants, des associations et des collectivités dynamiques qui méritent qu'on les mette en valeur. C'est en tout cas l'état d'esprit qui m'a animée pendant toutes ces années. La disparition de cet unique quotidien, aimé, adulé ou critiqué, peu importe, est dramatique pour la société calédonienne. "

     

    "Comme un trophée"

    Rozanna, 26 ans, Nouméa. " Les Nouvelles calédoniennes ce sont, pour moi, ces petits bouts de journal que je découpais étant plus jeune, pour garder les preuves, pour se souvenir, comme un trophée. ‘ ‘On me voit sur la photo dans les Nouvelles calédoniennes ! '' ou ‘‘ Voilà une amie qui fait la une ! '' Quelle fierté quand ça se produisait.

    Accrochés sur le frigo pendant un moment, conservés dans un album photo ou une petite boîte, je gardais ces articles découpés comme des reliques. Ce papier cendré aux feuilles légères était le nôtre. Il portait les messages de tous les Calédoniens : leurs réussites, leurs défaites, leurs faits divers, leurs petites annonces, leurs coups de gueule… C'était le visage de tout un pays. J'espère qu'un jour, un autre média renaîtra de ces cendres. "

     

    " Les nouvelles du pays "

    Kareen, 47 ans, Nouméa. " Les Nouvelles calédoniennes nous ont toujours accompagnés dans tous les événements : rentrée scolaire des enfants, photos de classe, événements sportifs comme le jubilé de Karembeu, événements politiques… Quand on revenait de voyage, c'était la première chose qu'on demandait en montant dans l'avion : les nouvelles du pays…  

    Merci ! "

     

    " Je n'ai jamais mis les pieds sur votre belle île "

    Anne Recht. " C'est avec les larmes aux yeux que j'apprends que le dernier numéro est à paraître. Une page se tourne. Je n'ai jamais mis les pieds sur votre belle île mais j'ai lu avec assiduité - ainsi que mes parents - votre journal pendant sept ans. Mon frère (Marc Baltzer) y a été journaliste. Comme il a aimé cette île et ses habitants. Quelles belles rencontres il y a faites. L'équipe du journal est restée dans son cœur et le nôtre. J'aimais pouvoir découvrir une partie du monde que je ne connais pas à travers ses actualités, ses faits divers et ses nouvelles insolites. J'aimais que le journal ose aussi parfois des informations dérangeantes, mette le doigt sur des aspects moins sympas. Car c'est ainsi que l'on progresse. "

    " Le journal papier c'est le souvenir de mon père le lisant. "

     

    " La Nouvelle-Calédonie sera moins belle sans Les Nouvelles calédoniennes. "

    Patrick Chan, 56 ans, Nouméa.

     

    "Du mode couleurs au noir et blanc"

    Janice

    " Nous aussi, le crew Bal de La Bodega, on est super tristes et tellement déçus. Vous gâtiez, chaque jour, chaque week-end, tous les professionnels du spectacle, du cinéma, de la musique, de la nuit, du jour, en publiant, dans vos pages, et gratuitement, toutes les dates, les visuels, nos photos afin de convier vos lecteurs à venir s'amuser avec nous. Et ce, sans parler des énormes pages de portraits, bios, articles sur les petits artisans, les intermittents du spectacle, les restaurateurs, les poètes, les artistes et tout ce qui a trait aux loisirs globalement. Tout ça, c'est fini….. Un peu comme si la vie passait du mode couleurs au noir et blanc sans prévenir… Plus de publications relatant l'actualité, et c'est un pays qui avance à l'aveugle… Apprendre, savoir, c'est réfléchir, débattre et avoir la possibilité de choisir son chemin de pensée sans passer par la violence de l'ignorance. Mine de rien, mine de crayon, on adorait tous vous lire et vous partager. "

     

    " À ceux qui nous détestent ''

    Alfa Gopoea. " ‘‘ À ceux qui nous détestent '' : ce titre que vous avez publié en 2021 m'a vraiment fait réfléchir sur le quotidien de journaliste. On vous a blâmés pour votre façon de couvrir l'actualité et pourtant vous êtes quotidiennement suivis par des milliers de personnes à travers tout le pays ! C'est triste de ne pas se sentir à la hauteur ou pire, d'être critiqué alors qu'on fait de son mieux ! Pour ma part, vous avez géré ! Et rien que pour cela on ne vous oubliera jamais ! "

    "C'est comme si on nous disait que le bâtiment des archives de Nouvelle-Calédonie avait été incendié… "

    Chris.

     

    "J'ai grandi un peu avec Les Nouvelles, avec ses gros titres"

    Sam Lavasele, 20 ans. " C'est une bien triste nouvelle. J'ai grandi un peu avec Les Nouvelles, avec ses gros titres, du plus burlesque au plus polémique, placardés devant les enseignes commerciales. Mais c'est aussi dans ses lignes, en période estivale, quand on aimait célébrer le nom des bacheliers qu'on connaissait, ou bien quand on s'interpellait après avoir reconnu une tête familière dans le journal, enfin plusieurs souvenirs avec ce quotidien. Et c'est même le seul quotidien du territoire qui va disparaître. En démocratie, je pense qu'il est dangereux lorsque la pluralité de l'information n'est plus garantie. J'espère qu'il y aura d'autres qui reprendront ou qu'une solution soit trouvée. "

    "Un moment inoubliable"

    Koula. " Le meilleur moment de LNC dans ma vie, c'était en 1999. J'ai attendu impatiemment avec mon père l'ouverture d'une station pour acheter le journal et regarder les résultats du bac. Je savais que je l'avais mais la fierté de mon père de voir mon nom dans le journal l'a fait pleurer de joie. Vingt-quatre ans après, ça reste un moment inoubliable. "

     

    "A la Une"

    Albert, 50 ans. "Son meilleur souvenir des Nouvelles ? Il avait 15 ans, un remorqueur s'était échoué à l'île aux Canards. " J'étais content de voir les journalistes approcher avec le petit canot en alu pour photographier le remorqueur, qui est passé à la Une et en première page. C'est un bon souvenir malgré la galère. "

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