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    Environnement
  • Anthony Tejero | Crée le 03.02.2024 à 05h05 | Mis à jour le 03.02.2024 à 09h53
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    La Plaine des lacs est une des trois régions du site Ramsar.  Photo Anthony Tejero
    La "zone Ramsar", voilà un nom que bien peu de Calédoniens connaissent. Et pourtant bon nombre d’entre eux l’ont explorée sans le savoir puisqu’il s’agit du territoire du Grand Sud qui comprend le parc provincial de la rivière Bleue, le lac de Yaté ou encore les chutes de la Madeleine. L’inscription de cette région à la convention internationale Ramsar, qui distingue les zones humides les plus exceptionnelles de la planète, fête ses dix ans.

    Qu’est-ce qu’un site classé "Ramsar" ?

    La Convention de Ramsar a pour objectif "la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides […] en vue d’un développement durable dans le monde entier ". Adopté dans la ville iranienne de Ramsar, en 1971, cet accord promeut et distingue ainsi les zones humides d’importance à travers la planète. Sur le Caillou,le Grand Sud est le seul site à bénéficier de ce statut. Et ce, depuis le 2 février 2014.

    Ce site terrestre unique au monde est ainsi reconnu internationalement au même titre que le Mont Saint-Michel, dans l'Hexagone, ou encore le lac Titicaca, au Pérou et en Bolivie, tous deux labellisés "Ramsar".

    Quel est le périmètre de la zone Ramsar du Grand Sud ?

    Ce site s’étend sur 44 000 hectares, entre le Mont-Dore et Yaté. La zone comprend l’intégralité du parc provincial de la rivière Bleue, le lac artificiel de Yaté ainsi que la plaine des lacs, plus au sud, qui regorge de trous d’eau, de dolines et de marais. À ce titre, ce patrimoine naturel "exceptionnel" constitue le plus grand réservoir d’eau douce du pays. La zone des lacs du Grand Sud contribue à hauteur de 20 % des besoins en énergie du pays grâce au barrage hydroélectrique de Yaté.


    Source : province Sud

    En quoi cet écosystème est-il important ?

    Reliées à un vaste réseau de creeks et de nappes souterraines, les différentes zones humides de cette région participent à la régulation des cours d’eau, protégeant ainsi des inondations, de l’érosion et de la sécheresse.

    "Ces écosystèmes sont peu connus du grand public et pourtant ils ont des fonctions essentielles. Ces zones humides sont notamment des éponges qui permettent, en cas de fortes pluies et de crue, de résorber l’eau puis de la rendre petit à petit. C’est aussi un filtre naturel, par les végétaux qui la constituent, qui permet de purifier l’eau, explique Hélène Charpentier, gestionnaire de la zone Ramsar pour la province Sud. Ces zones humides jouent aussi un rôle essentiel pour le réchauffement climatique car ce sont des pièges à carbone très importants."

    Quelle biodiversité abrite-t-elle ?

    La zone Ramsar est réputée pour être la plus originale du pays, en termes de richesse écologique, avec 90 % de formations végétales endémiques, notamment dans les sites de maquis minier. "Les scientifiques disent que c’est une zone extraordinaire au niveau de l’endémisme et du micro-endémisme, qui et très mal connue, parce qu’il s’agit souvent d’une biodiversité complètement discrète, comme des micros escargots. On y trouve par exemple une fougère aquatique, une plante carnivore aquatique, on a l’emblématique bois bouchon, notre fameux galaxia, petit poisson micro-endémique à la plaine des lacs, etc. liste Hélène Charpentier. C’est complètement incroyable et unique."


    La Rivière bleue fait partie intégrante du site Rasmar.  Photo Anthony Tejero

    En témoignent certains chiffres : plus de 1000 espèces végétales et 2000 espèces animales endémiques y sont recensées. À ce titre, ce périmètre abrite 75 % des espèces de poissons endémiques de Nouvelle-Calédonie.

    Que faire dans la zone Ramsar ?

    La zone, particulièrement propice au tourisme vert, est un fantastique terrain de jeu pour tous les amoureux de la nature. Et ce, au-delà des  sites incontournables comme la rivière Bleue. "J’invite vraiment le grand public à aller se balader du côté de la plaine des lacs, qui est souvent moins explorée alors qu’il y a énormément de coins de baignade, des dolines, ces fameux trous d’eau cristallins, pléthore de cascades, recommande Hélène Charpentier. Il y a aussi de nombreux sentiers de randonnée, à commencer par le GR qui traverse la zone, le creek Pernod, tous les sentiers de VTT, etc. Le choix est vaste et infini pour tous les niveaux tant pour des sorties en famille que pour des sorties sportives."

    Pour ceux qui souhaitent explorer la région, un guide sur ces paysages est d'ailleurs téléchargeable sur le site de la province Sud

    Comment évoluent ces zones humides face aux menaces ?

    Le site Ramsar des lacs du Grand Sud a un atout majeur : situé dans une zone quasiment inhabitée, il souffre de peu de pressions humaines. Pour autant plusieurs ombres viennent nuancer ce tableau. À commencer par les feux de forêt, qui ont encore ravagé la région cette saison. "Ces incendies accélèrent l’érosion des sols, ce qui vient créer des pollutions dans les cours d’eau en raison des terres fines qui y ruissellent, rappelle la gestionnaire, pour qui le réchauffement climatique est également "une menace qui pèse sur toute la biodiversité actuelle".

    Quant à la présence de l’usine du Sud, à quelques encablures de la plaine des lacs, qui dégrade la qualité d’eau de certains bassins-versants à proximité du complexe, les effets ne se font pas ressentir dans les bassins-versants du périmètre Ramsar, assure la province Sud. "Ces questions reviennent souvent de la part de la population et lorsque j’ai participé à des réunions, les experts disent que cette zone n’est pas située sur le même relief et sur le même bassin-versant que là où est implantée l’usine. Même si nous restons vigilants sur ce sujet", assure Philippe Blaise, le premier vice-président de la Maison bleue.

    Le programme des animations pour cet anniversaire

    Conférences

    Ces rendez-vous ont tous lieu à l’auditorium du Centre Administratif de la province Sud (CAPS1).

    8 février, à 18 h

    Guide d’interprétation des paysages : en balade, au fil des eaux. Un véritable voyage aux origines de la vie, à la découverte des zones humides du Grand Sud calédonien.

    5 mars, à 18 h

    Conférence C’Nature : Comprendre les continuités de l’eau en Nouvelle-Calédonie pour une gestion de l’eau plus exclusive.

    21 mars, à 18 h

    Le Galaxias, une espèce en péril.

    2 avril, à 18 h

    Conférence C’Nature : la formation des dolines.

    18 avril, à 18 h

    La vie secrète des dolines.

    7 mai, à 18 h

    Conférence C’Nature : État des lieux des connaissances sur les eaux souterraines.

    Expositions

    Deux expositions photos sur les zones humides seront affichées sur différents sites : à l’Hôtel de la province Sud, à la mairie de Nouméa, à la Maison de la biodiversité, au Parc Provincial Zoologique et Forestier et au Parc Provincial de la Rivière Bleue.

    Journée festive

    Le 27 avril, au parc provincial de la Rivière Bleue

    Entrée gratuite, navette, jeu de piste, activités sportives et environnementales, village à l’entrée, nourriture, concerts, présence de prestataires d’activités avec des tarifs préférentiels et exposition Ramsar, concours de pêche au blackbass, etc.

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