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  • AFP | Crée le 11.08.2024 à 08h20 | Mis à jour le 11.08.2024 à 08h20
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    Les joueurs français ont réussi l’incroyable exploit de garder leur titre olympique. Photo Natalia KOLESNIKOVA / AFP
    Ils étaient entrés dans l’histoire à Tokyo, les voilà dans la légende : les volleyeurs français ont réussi l’immense et rare exploit de conserver leur titre de champions olympiques, en écrasant en finale les Polonais (3-0), samedi.

    Après Tokyo, Paris. Voilà les volleyeurs tricolores doubles champions olympiques. "C’est une émotion encore plus grande, elle est même difficile à expliquer parce que ça n’est jamais arrivé et ça n’arrivera plus jamais. On a fait quelque chose de grand", a réagi Earvin Ngapeth. Ses Bleus se sont imposés 25-19, 25-20, 25-23 au terme d’une démonstration de force, dans une Arena Paris Sud en éruption volcanique.

    Une lave de bonheur a inondé le parquet, dans laquelle les Bleus se sont baignés, enlacés, embrassés, joueurs, staff, remplaçants. "On ne réalise pas, c’est magnifique. Je n’ai pas de mot… c’est indescriptible", a réagi Trévor Clévenot, Quentin Jouffroy n’en revenant pas "d’avoir touché le Graal".

    Seuls les Soviétiques (1964-1968) et les Américains (1984-1988) ont réussi pareil doublé dans l’histoire, à des époques où le volley ne comptait pas autant de nations d’un niveau si élevé.

    Cette monumentale performance boucle une décennie extraordinaire pour la génération Ngapeth, née en deuxième division mondiale au début des années 2010 et qui s’est imposée comme une des plus grandes équipes de l’histoire de ce sport, en raflant d’abord l’Euro-2015, puis quatre Ligues des nations (2015, 2017, 2022, 2024), avant ses deux ruées vers l’or.

    À l’échelle du sport collectif français, les volleyeurs font aussi bien que les handballeurs, qui ont longtemps symbolisé seuls l’excellence tricolore aux Jeux, premiers à réaliser pareil doublé (2008-2012).

    "En conquête"

    À Tokyo, en 2021, leur sacre avait été quelque peu imprévisible et fou après une entame chaotique. À Paris, tout ne fut pas simple, mais leur confiance à bloc et leur maîtrise des émotions malgré les immenses attentes et la pression, portés par une ferveur populaire sans précédent, rend leur odyssée tout aussi impressionnante.

    Auteurs d’une remontée héroïque en quarts pour renverser l’Allemagne, qui a pourtant compté deux sets d’avance, les Français se sont montrés intraitables ensuite pour balayer leurs meilleurs ennemis, les Italiens champions du monde, avant de concasser les Polonais, champions d’Europe en titre, qui visaient eux aussi une deuxième médaille d’or, 48 ans après celle glanée aux Jeux de Montréal en 1976.

    L’état d’esprit qui a animé les Français dans ces Jeux a été résumé par ces mots du central Nicolas Le Goff, avant la finale : "On n’y va pas pour défendre notre titre, on y va pour la conquête d’un nouveau". Et comment ! Ça s’est vu dès l’entame à sens unique, dans le sillage de Jean Patry collant parpaing sur parpaing (17 pts, meilleur artilleur).

    La deuxième manche a été plus disputée, la Pologne menant au score. Mais c’était sans compter sur le coup de chaud d’Antoine Brizard, auteur d’une culottée "quéquette", suivie d’un ace puis de deux contres sur Tomasz Fornal, aussitôt mis dans le formol. Une bascule en deux temps, qui a ensuite vu Trévor Clévenot inscrire les trois derniers points du set, avec un menu trois étoiles (contre, ace, smash des trois mètres).

    La roulette de Ngapeth

    Côté polonais, la star d’origine cubaine Wilfredo Leon a aussi envoyé, notamment au service, mais la réception bleue a été exemplaire, tout comme le bloc (9 contres). Et au service, l’efficacité a été au rendez-vous avec 9 aces dont 4 au seul Quentin Jouffroy, qui en a collé trois presque d’affilé au troisième set.

    Moment auquel Earvin Ngapeth (8 pts) ne pouvait pas ne pas se montrer magique, en réussissant un smash en bras roulé, sa spéciale, suivie d’un sauvetage acrobatique dont il a le secret. Cela n’a pas empêché ensuite la Pologne de sauver quatre balles de match, avec le service canon de Leon.

    Mais il y avait trop de qualités chez ces Bleus irrésistibles pour les empêcher de triompher, eux qui ont aussi grandi sous la houlette d’Andrea Giani.

    Arrivé en mars 2022, le coach a su préserver l’identité du jeu français, qui fait la part belle à la créativité, en distillant sa science tactique très italienne et une certaine discipline, tout en apportant de la sérénité et de la stabilité émotionnelle dans les temps faibles.

    La génération Ngapeth a probablement réussi ce qu’il y a de plus dur en sport de haut niveau, rester au sommet après l’avoir atteint une fois. Où s’arrêtera-t-elle ?

    Après tout, ces champions-là, en grande majorité déjà trentenaires, sont bien capables de produire un sacré blockbuster à Los Angeles en 2028. "Sky is the limit", comme on dit à Hollywood.

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