- Anthony Tejero | Crée le 23.10.2023 à 17h12 | Mis à jour le 23.10.2023 à 18h23ImprimerLa flamme de la paix a eu comme point de départ l’hôtel de ville de Dumbéa, partenaire de l’événement, ce lundi matin. Photo Anthony TejeroC’est une nouvelle approche pour tenter d’enrayer le fléau des violences faites aux femmes dans le pays. Une flamme de la paix, qui a eu Dumbéa comme point de départ ce lundi, va sillonner la Grande Terre et les îles jusqu’au 25 novembre. À chacune de ses escales, des ateliers seront menés avec des associations pour identifier les problématiques spécifiques aux différents territoires. Un "travail de proximité" pour tenter de libérer davantage encore la parole.
Chaque année, près de 8 300 Calédoniennes sont victimes de violences physiques ou sexuelles, soit un taux sept fois plus élevé qu’en Métropole. Dans le détail, 22 % des femmes ont subi des brutalités physiques et 9 % d’entre elles ont vécu des tentatives de viol ou des viols.
Mais ces chiffres à en donner le vertige, et maintes fois médiatisés, ne s’infléchissent pas. C’est pourquoi le Conseil des femmes du Pacifique de Nouvelle-Calédonie (CFP NC) tente une nouvelle approche en lançant la "flamme de la paix". Matérialisée sous la forme d’une sculpture en métal, cette œuvre d’art va sillonner toute la Grande Terre et les îles, pour "libérer la parole" sur ce fléau qui gangrène l'ensemble de la société.
Le coup d’envoi de ce tour du Caillou a été officiellement donné, ce lundi matin, à Dumbéa, en présence de plusieurs associations qui ont organisé différents ateliers autour de la condition féminine.
Libérer la parole en Brousse et dans les îles
"À chaque étape, il y aura une cérémonie d’accueil, une coutume car nous travaillons en lien avec les aires coutumières, puis des temps de réflexion menés avec différentes associations de femmes pour faire ressortir des messages et identifier les spécificités de ces problématiques propres aux tribus, aux villages et aux villes, résume Méké Cuer, présidente du CFP NC. Cette initiative vise à libérer la parole, notamment en Brousse et sur les îles. Les femmes ont encore peur de se livrer car cela peut parfois bousculer et court-circuiter l’ordre établi, le système coutumier, etc. En Océanie en général, nous réglons nos problèmes à l’intérieur du foyer, du clan, etc. Cette flamme permet donc un travail de proximité pour aller directement à la rencontre des personnes."
La flamme qui représente une femme qui porte le monde, a été créée par l’artiste Nes. Photo Anthony TejeroLa restitution de l’ensemble de ces ateliers et réflexions sera donnée le samedi 25 novembre, jour d’arrivée de la flamme de la paix, à Nouméa, sur la place des Cocotiers.
Communiquer autrement sur les violences
Au cours de cette matinée de lancement, à l’hôtel de ville de Dumbéa, les participantes ont notamment estimé qu’il faut changer la communication autour de ces violences.
"Nous devons davantage axer nos messages sur les violences dans la famille et pas uniquement contre les femmes car les enfants sont aussi les victimes collatérales. Pour certains d’entre eux, la violence devient leur seul moyen de communiquer. Et bien que minoritaires, on a vu ce matin qu’il y a aussi des hommes qui sont battus, explique Alison Mathelon, adjointe au maire et marraine de l’opération. Même si on en parle, on voit que la situation ne s’améliore pas. C’est pourquoi, on veut essayer de changer de logiciel et de mettre l’accent sur le bien-être de l’individu quel qu’il soit. Qu’il puisse s’épanouir dans son foyer et au sein de sa famille."
Une initiative qui intéresse déjà certains de nos voisins : la flamme devrait voyager à Tahiti en 2024 et pourrait également faire escale au Vanuatu.
Bientôt un nouveau foyer pour les mères précoces
À 20 ans, Nila Matagiita est déjà une femme très engagée.Parmi les participantes au lancement de l’opération, Nila Matagiita, membre du conseil des jeunes de Dumbéa, a tenu à participer aux ateliers. Du haut de ses 20 ans, la jeune femme a déjà beaucoup de suite dans les idées et est à l’initiative d’un projet novateur : créer un foyer d’accueil des mères précoces dans la commune.
"J’avais toujours trois à quatre camarades qui tombaient enceintes dans ma classe"
"Le but de cette structure serait d’aider ces jeunes femmes à s’insérer dans la société et dans la vie active pour qu’elles poursuivent leurs études ou du moins pour qu'elles trouvent un travail afin de pouvoir élever correctement leur enfant, précise cette Dumbéenne dont le combat ne doit rien au hasard : Les grossesses précoces sont très récurrentes en Nouvelle-Calédonie. Depuis la fin du collège et jusqu’à mon cursus de BTS, j’avais toujours trois à quatre de mes camarades de ma classe qui tombaient enceintes et stoppaient leurs études. Malheureusement, certaines de ces jeunes se retrouvent sans repères et dévient vers la délinquance, vers les addictions, voire l’abandon de leur enfant. Certaines sont même rejetées par leur famille. L’idée de ce foyer part donc de ce triste constat"
Ce projet, Nila Matagiita y croit dur comme fer. Et la jeune femme devrait pouvoir compter sur l’appui de la mairie, qui semble y être favorable et avec qui elle a déjà eu plusieurs rencontres.
Note
Les dates à retenir :
Mercredi 25 octobre, à la maison de la femme de Boulouparis
Vendredi 27 octobre à la maison de la femme de Païamboué, à Koné.
Samedi 28 octobre, à la mairie de Koumac.
Mardi 31 octobre au centre culturel de Hienghène.
Vendredi 3 novembre, à la maison de la femme de Ponérihouen.
Mardi 5 novembre, à Houaïlou (lieu à définir).
Vendredi 10 novembre, à la case des communautés de Boualri, au Mont-Dore.
Mardi 14 novembre, à Maré (lieu à définir);
Arrivée le samedi 25 novembre à 10 heures sur la place de la Paix de Nouméa.
MERCI DE VOUS IDENTIFIER
Vous devez avoir un compte en ligne sur le site des Nouvelles Calédoniennes pour pouvoir acheter du contenu. Veuillez vous connecter.X
J'AI DÉJA UN COMPTEJE N'AI PAS DE COMPTE- Vous n'avez pas encore de compte ?
- Créer un nouveau compte
Vous avez besoin d'aide ? Vous souhaitez vous abonner, mais vous n'avez pas de carte bancaire ?
Prenez contact directement avec le service abonnement au (+687) 27 09 65 ou en envoyant un e-mail au service abonnement. -
-
DANS LA MÊME RUBRIQUE
-
VOS RÉACTIONS
- Les transports aériensà consulter ici