En contrebas de la salle omnisports, le long de l’avenue d’Auteuil à Dumbéa, le complexe de tennis est indemne, épargné des saccages et des incendies qu’ont vécus d’autres structures sportives de l’agglomération durant les émeutes. Il n’en est pas moins une victime de la crise que traverse le pays depuis le 13 mai. "J’ai perdu environ 60 % de mes jeunes", se désole Richard Pugibet, entraîneur du Tennis club d’Auteuil (TCA). Depuis qu’il a repris les cours, début août, il peine à remplir les cinq terrains du complexe avec les 20 enfants encore licenciés, contre plus de 70 ans avant la crise.

"Question de survie"

Alors, le projet de construction de deux terrains de padel représente une véritable planche de salut pour le club dumbéen. En misant sur ce sport de raquettes en plein essor depuis son arrivée sur le Caillou en 2021, où quatre joueurs s’affrontent sur un terrain de tennis réduit et entouré de plexiglas, l’association sportive espère se sortir de la crise provoquée par la fuite de ses licenciés ces dernières années. "C’est simple : soit on faisait ces terrains de padel, soit on fermait", assène Éric Biamino, secrétaire du TCA.

Une "question de survie" pour le club, qui a bataillé de longs mois afin de trouver les financements au projet. Ce vendredi 27 septembre, les représentants du TCA ont signé un prêt de 8,5 millions de francs avec la Société générale pour financer une partie de la structure, dont le coût total s’élève à 28 millions de francs (14 millions par terrain). Le reste sera financé par l’Agence nationale du sport, qui a octroyé une enveloppe de près de 10 millions au club, et la Fédération française de tennis. Le club financera ce qui manque sur ses fonds propres.

"Le padel prend aujourd’hui beaucoup de place, c’est un sport qui permet de faire vivre les clubs", note Yoann Lecourieux, maire de Dumbéa, "très heureux" d’officialiser la construction des deux premières pistes de padel de la commune. Les travaux devraient débuter dans les prochaines semaines, pour une ouverture des deux terrains en janvier 2025. Les tarifs n’ont pas encore été définitivement fixés, "mais on devrait être un peu moins cher qu’à Nouméa", annonce Éric Biamino. Le TCA travaille également sur un système de réservation à codes pour permettre une autonomie compète des joueurs.

Répondre à une demande grandissante

Avec cette nouvelle structure, qui obligera le club à sacrifier un de ses cinq terrains de tennis, "on veut créer de l’animation et toucher la population des quartiers nord, de Dumbéa, de Païta et du Mont-Dore qui n’ont pas forcément accès aux sports de raquette", explique Éric Biamino.

Les 11 terrains de padel en Nouvelle-Calédonie sont en effet aujourd’hui tous concentrés à Nouméa, en particulier dans les quartiers sud de la capitale. L’Olympique, club situé à Sainte-Marie, a d’ailleurs pour projet d’en construire trois nouveaux, en plus des deux déjà existants. De quoi répondre à une demande grandissante concernant la pratique du padel, et ramener le public dans des clubs de tennis qui se sont largement vidés ces dernières années.