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    Grand Nouméa
  • Baptiste Gouret | Crée le 13.11.2024 à 12h42 | Mis à jour le 13.11.2024 à 13h16
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    Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet se sont rendus au Vallon-Dore pour rencontrer des habitants, longtemps coupés du reste du pays. Photo Baptiste Gouret
    Les deux parlementaires ont emprunté une navette maritime pour se rendre dans la partie sud d’une commune coupée en deux depuis le mois de mai en raison des violences à Saint-Louis. Ils ont été accueillis par des habitants accablés par la situation, malgré la récente réouverture de la RP1 en journée.

    Un homme s’emporte lorsque les policiers ferment la grille d’accès à la salle de communauté du Vallon-Dore. "C’est ça, rencontrer les habitants ?", s’agace-t-il, en voyant la délégation parlementaire pénétrer dans la salle pour une réunion à huis clos. La scène de colère durera plusieurs minutes. Elle est l’expression "d’un véritable syndrome post-traumatique", pense Hélène Scolan, habitante du Vallon-Dore depuis 42 ans.

    Comme une partie de ses voisins, elle est venue témoigner auprès de Yaël Braun-Pivet et de Gérard Larcher du "traumatisme" vécu par les résidents de la partie sud du Mont-Dore ces six derniers mois.


    Hélène Scolan a témoigné du "traumatisme" qu’elle et de nombreux habitants de la partie du sud du Mont-Dore ont vécu ces six derniers mois. Photo Baptiste Gouret

    Les deux présidents des chambres parlementaires ont passé une partie de l’après-midi au Vallon-Dore, aux côtés du maire et de responsables politiques calédoniens, pour se faire une idée du quotidien bouleversé de ces habitants, victimes de la fermeture de la RP1 consécutive aux violences à Saint-Louis. "Ce n’est pas un hasard si nous sommes là", a affirmé Gérard Larcher, après une rencontre avec des collectifs d’habitants.

    "La situation n’est pas du tout réglée"

    Le président du Sénat et la présidente de l’Assemblée nationale voulaient faire de cette séquence une démonstration de leur désir d’entendre les Calédoniens, et pas seulement leurs représentants. "On ne souhaite pas que notre déplacement soit uniquement placé sous le signe des institutions et des échanges politiques, on voulait aussi faire du terrain", a insisté Yaël Braun-Pivet, à bord du Mary D, navette maritime qui a emmené la délégation parlementaire de Moselle jusqu’au Vallon-Dore. Un trajet d’une demi-heure qui a été l’occasion de premiers échanges avec les Mondoriens. "On espère maintenant être écoutés, témoigne Jeanne, après une longue discussion avec la présidente de l’Assemblée nationale. Au moins, ils auront vu la situation, ils auront pris le bateau avec nous pour voir ce que ça fait d’aller travailler ou de rentrer chez soi en bateau", dit la cheffe d’entreprise, qui utilise les navettes maritimes plusieurs fois par semaine depuis leur mise en place, en mai.


    Les deux parlementaires ont emprunté une navette maritime pour rejoindre le Vallon-Dore. Photo Baptiste Gouret

    Une alternative à la route, fermée pendant plusieurs mois par les verrous de la gendarmerie, qui a toutefois rouvert progressivement à la circulation ces dernières semaines et peut désormais être prise entre 6 heures et 18 heures. Il n’empêche : "la situation n’est pas du tout réglée", tient à souligner Hélène Scolan. "Les gens sont bloqués le matin, il y a encore des caillassages. J’en ai assez qu’on dise que la route est sécurisée, ce n’est pas vrai", s’est agacée l’ancienne infirmière, avant de proposer à Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher d'emprunter la RP1 à bord de son pick-up plutôt qu’en véhicule blindé. Raté : le duo parlementaire finira bel et bien par monter à bord d’un centaure pour rejoindre la gendarmerie de Saint-Michel, après un crochet à l’Ave-Maria, à Saint-Louis.

    "Le Mont-Dore est enfin pris en compte"

    Ce déplacement inédit représentait aussi, pour les habitants, une nouvelle chance de plaider en faveur d’un axe de contournement, le cheval de bataille d’une partie d’entre eux depuis de nombreuses années. "On leur a demandé du concret. Et le concret, c’est notre voie de désenclavement", a relaté Florent Perrin, président de l’association Citoyen mondorien, après une rencontre avec les deux parlementaires à la salle des communautés du Vallon-Dore. Un projet de viaduc qui pourrait bientôt être "porté au plus haut sommet de l’État", croit savoir Florent Perrin. "On a compris depuis longtemps qu’il fallait qu’on travaille sur cet axe", a renchéri Eddie Lecourieux, maire du Mont-Dore, qui garantit d’en faire le "sujet principal" de sa fin de mandat. "Aujourd’hui, je ne vois que l’État qui peut s’engager à pouvoir garantir cela au Mont-Dore […] On souffrirait beaucoup de ne pas avoir un retour positif sur cet axe."


    En fin de journée, les deux présidents des chambres parlementaires sont arrivés à la gendarmerie de Saint-Michel après avoir emprunté la RP1 à bord d’un centaure de la gendarmerie. Photo Baptiste Gouret

    "Nous avons rencontré les citoyens qui ont vécu des choses très douloureuses, s’est exprimée Yaël Braun-Pivet au terme du déplacement. Nous avons entendu leurs émotions et nous voyons combien il est important que la République soit présente, qu’elle soit à l’écoute." L’objectif semble avoir été atteint, à entendre les réactions qui ont suivi la visite. "Après 40 ans, le Mont-Dore est enfin pris en compte", s’est félicité Florent Perrin. "On s’est sentis comme des citoyens de seconde zone ces derniers mois, ils sont venus nous donner de la force", a constaté Eddie Lecourieux.

    Dans un communiqué publié au lendemain de la visite, le groupe Générations Mont-Dore a salué la volonté des deux présidents de "comprendre concrètement les difficultés quotidiennes auxquelles font face les Mondoriens". Tous attendent désormais que ces engagements se traduisent par "des actes forts pour le rétablissement d’une sécurité durable".

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